Source Le Télégramme de Brest. Pratique d’hier (Tome VI ): Défense passive en Finistère (1939-1945), Roland Bohn et Joël Le Bras, édité à compte d’auteur.
Après la fin de la bataille de Brest, le 18 septembre 1944, les rues du centre-ville brestois sont remplies de gravats. Parmi les rares bâtiments encore debout, on trouve, rue de Siam, l’ancien immeuble du magasin Monoprix. À l’automne 1944, il est intégré au réseau de cuisines d’entraide des Auxiliaires de la défense passive (ADP) pour nourrir les réfugiés et travailleurs brestois.
La survie des populations civiles
Au 54, rue de Siam,
l’immeuble Monoprix a vaillamment résisté aux incendies, mais seuls le
rez-de-chaussée et une partie du premier étage subsistent. « Il y avait
des gravats absolument partout », se souvient Jeanne Romeur. En
octobre 1945, la jeune fille de 15 ans étudie en seconde au lycée de
l’Harteloire. Elle se rend chaque midi à la 10e Cuisine d’entraide. Dans
la mémoire de la nonagénaire, « ce n’était pas de la bonne cuisine, mais
je me souviens des pâtes à la sauce tomate et du ragoût. C’était tout à fait
convenable ».
Les plats arrivent sur
la table grâce à l’investissement des Auxiliaires de la défense passive (ADP).
Ils mènent plusieurs types d’actions pour protéger les populations civiles,
notamment les cuisines ADP, rapidement renommées cuisines d’entraide. Les
cuisines ADP fonctionnent selon un système de tickets, échangés contre des
denrées.
« Les Restos du cœur de l’époque »
Le chroniqueur Joël Le
Bras, lui-même réfugié en Sarthe (72) avec sa mère pendant la guerre, a très
bien connu Mathilde Montfort-Menez, qui
a travaillé à la cuisine d’entraide du Monoprix. « Elle accueillait des
sinistrés qui venaient constater l’état de leur logement, mais aussi les
premiers ouvriers de la démolition », raconte-il. « Les ADP peuvent
être considérés comme les Restos du cœur de l’époque ». Selon l’historien
Olivier Polard, la 10e Cuisine d’entraide a aussi « sans doute servi aux 600
soldats allemands chargés de déblayer la ville ».
C’est un changement total de fonction pour le bâtiment qui accueillait auparavant un magasin inauguré en grande pompe en 1934. En mai 1944, les vendeuses organisent un spectacle place de la Liberté afin de collecter des fonds pour les réfugiés. Jusqu’à l’été 1944, le Monoprix ouvre ses portes à une clientèle issue de la classe moyenne. « La guerre est une parenthèse d’une dizaine d’années dans une période très joyeuse », rappelle Olivier Polard. « Ce genre de magasins incarne la modernité, d’où un engouement certain à l’époque ». Sa structure en béton armé l’a en partie protégé de la destruction.
Après les
bombardements, en septembre 1944, le décor est tout autre. Une décision de
la nouvelle municipalité prive les ADP d’une fourniture régulière en eau, qu’on
doit aller chercher au puits. Sans gaz et sans électricité, la cuisine est
installée « de bric et de broc », d’après Joël Le Bras. « Les
ADP reçoivent des subsides mais pas suffisamment. Ils se débrouillent pour se
ravitailler en dehors de la ville, à leurs risques et périls ». Vers 1946,
la cuisine ADP sera ensuite déplacée loin du centre-ville, place
Aristide-Briand, près de l’actuelle place Albert Ier. Le Monoprix sera ensuite
détruit pour construire l’actuel alignement de bâtiments de la rue de Siam. À
partir de 1946, les Brestois devront se rendre aux baraques de la cité
commerciale pour faire leurs achats chez Monoprix.
L’un des plus grands abris brestois de la Seconde Guerre
mondiale se trouve sous l’Ehpad Delcourt-Ponchelet, à Saint-Marc. Il cachait un
hôpital, sous les bombes, durant le siège de Brest.
En ce début septembre 1944, des obus atteignent souvent l’hôpital Delcourt-Ponchelet, dans le quartier de Keruscun à Brest. Les combats font rage, le siège a commencé le 7 août. « Les obus venaient de l’Île Longue », note dans son livre « Le siège de Brest », le Dr Max Lafferre, responsable de la section marine de l’hôpital Ponchelet.
Un abri accessible par 119 marches
Personnels et patients
descendent dans l’abri, qui n’est pourtant pas tout à fait terminé. Sa
construction a commencé en 1943 à l’initiative du directeur des travaux
maritimes Jean Estrade. Ce boyau creusé dans la roche aboutit rue Pierre-Sémard
(rue du Gaz à l’époque) en passant sous la rue François-Rivière. Le personnel
doit souvent faire la navette entre le souterrain et les bâtiments à la
surface, des allers-retours épuisants puisqu’il faut gravir les 119 marches.
Durant tout le siège, les ambulances arrivent par la rue Pierre-Sémard pour déposer les nombreux blessés. Les brancards traversent alors la partie abri,
où la population est venue chercher un refuge avant de tenter de fuir la ville dans les premiers jours du siège. Sur une photo prise le 17 septembre 1944, veille de la capitulation allemande, par un photographe de l’US Army, on voit les lits en bois superposés sur lesquels les réfugiés s’entassent.
Un hospice et un orphelinat jusqu’en 1941
L’établissement, qui
était au début de la guerre un hospice de vieillards adossé à un orphelinat,
s’était transformé en hôpital dès l’année 1941, du fait de la destruction par
les bombardements, en janvier et avril, des hospices civils, situés rue
Traverse. L’ensemble de Delcourt-Ponchelet est alors composé de deux grands
pavillons à deux étages reliés par un passage couvert et une chapelle. Seuls la
chapelle et l’abri subsistent des anciens bâtiments détruits, avant la
construction en 1989 de l’Ehpad actuel.
« L’entrée de l’abri est intégrée dans l’enceinte de l’Ehpad Delcourt-Ponchelet. Derrière la porte, un escalier de 39 marches commence la descente avant de faire un coude sur la droite et de plonger encore plus bas vers l’hôpital souterrain. On a la même impression de profondeur que dans l’abri Sadi Carnot», témoigne Sylvain Perchirin, responsable d’atelier au CHRU de Brest.
Une source coule dans l’abri
Toute la descente est bétonnée et reste en bon état, seuls les équipements électriques d’époque et les mains courantes d’escalier, complètement rouillés, témoignent du temps passé.
Arrivé au niveau de l’abri qui s’étire sur une centaine de mètres, on trouve un hôpital, trois salles principales, ainsi qu’un petit renfoncement qui avait été aménagé en chapelle, explique le Dr Max Lafferre, qui précise qu’une source coulait abondamment. « La construction de l’abri avait été retardée du fait de la pénurie de matériaux et des décisions des Allemands qui s’étaient emparés de la pompe d’épuisement des eaux, arrêtant les travaux ». Pas de carrelage pour la salle d’opération, le wagon qui le transportait ayant été détruit par un bombardement. Aujourd’hui, la source est toujours là, on la voit couler par les regards ouverts dans la canalisation qui avait été aménagée en 1943.
Trois bébés, âgés de 78 ans ou presque
Le plafond de la première pièce aménagée est couvert de fines stalactites, c’était la salle des blessés hommes. La cellule suivante était la salle d’opération. Il faut avoir un peu d’imagination pour concevoir qu’un scialytique y était installé et que des opérations chirurgicales ont pu s’y dérouler. Un intrigant renfoncement en forme de pentagone abouti sur la roche à nu. La pièce suivante accueillait les femmes blessées, des opérations y ont aussi été réalisées au tout début du siège.
Au total, le Dr Max Lafferre estime que 260 blessés (population locale, Allemands et même Américains) ont été soignés à Ponchelet durant le siège. Il s’agissait de « blessés graves, plaies au thorax et à l’abdomen, grands fracas ou arrachements des membres, ce qui explique la mortalité, plus de 20 % des patients succombèrent. Certains firent de la gangrène gazeuse. L’atmosphère humide et chaude des salles, l’encombrement, le confinement de l’air étaient de désastreuses conditions », détaille le médecin. Jusqu’à trois tables d’opération ont pu fonctionner en même temps, « mais il n’y eut jamais une affluence telle que le personnel fut débordé », assure le médecin qui ajoute une note plus souriante, il y eut aussi dans l’abri trois naissances. Cette histoire singulière a-t-elle été transmise à ces bébés qui ont aujourd’hui 78 ans ou presque ?
En 1954, Jean Dréo passe le concours de l’École des travaux publics de Toulouse. « Coup de pot formidable » il est reçu. Né en 1924, ce Brestois s’était engagé à la Libération dans le Marine nationale. Mais des ennuis de santé l’ont forcé à changer de voie. En sortant de l’École des travaux publics, il n’a que l’embarras du choix. « On était garanti de trouver du boulot.» En France ou à l’étranger. Jean Dréo a même une proposition pour partir en Égypte participer aux travaux préparatoires du barrage d’Assouan. II préfère retourner dans le Finistère. « II y avait énormément de besoins en raison de la reconstruction de Brest. »
La ville est un vaste
chantier. Depuis la fin de la guerre, le secteur du
bâtiment prospère. Un nombre important d’entreprises
s’est créé pour satisfaire la demande. En 1955, Jean Dréo est embauché comme conducteur de travaux
par l’entreprise Le Gall. Elle compte 150 salariés venus de tout le
département. Elle a déjà à son actif de nombreux chantiers,
dont celui du phare de l’île de Sein. Elle attaque la construction des H L M
de Kérangoff à Brest. « C’était des Lopofa,
des logements populaires familiaux, se souvient Jean Dréo. On en a fait les deux tiers. J’avais la direction complète de l’opération. Le chantier a duré deux ans. Il occupait 40 gars en permanence. »
Le
procédé choisi pour construire ces bâtiments de quatre étages innove. « Nous avons été parmi les premiers dans le Finistère à
recourir aux poutres en béton précontraint pour réaliser les planchers. Le procédé a été imposé par l’architecte. Il permettait de gagner du temps sur l’étaiement et le
ferraillage. D’où un net avantage en prix de revient. » Le travail ne manque pas. Ce qui n’empêche pas les entreprises de rivaliser
pour emporter les marchés. Elles investissent dans le matériel pour abaisser
leurs coûts de revient. Encore peu nombreuses au début de la décennie,
les grues à tour se multiplient. L’époque ne connaît pas les trente – cinq heures. « L’horaire de travail hebdomadaire était en
théorie de 48 heures pour les ouvriers. En réalité, ils en faisaient 52 ou 53. Et nous, les cadres, on montait à 60 heures par semaine. » Jean Dréo se souvient d’une
visite de Maurice Piquemal, « le grand, ponte
de la reconstruction », sur le chantier de Kérangoff. « Il n’était pas méchant, mais il
piquait de sacrées engueulades ! C’était la terreur des fonctionnaires de
l’Équipement. » C’est qu’il y a des délais à tenir. Les demandes de relogement sont nombreuses. En 1958, le secteur du bâtiment emploie 8 000 personnes à
Brest. La reconstruction touche alors à sa fin, ce qui
entraîne un ralentissement de l’activité. « La concurrence est devenue rude », note Jean Dréo. Il reste quand même de l’ouvrage ailleurs dans
le département. Ainsi, dans les années 1960, Jean Dréo travaille sur le chantier du lycée
de Douarnenez, puis sur celui de la ZUP de Kermoysan,
à Quimper.
Une fois achevée la reconstruction de Brest a parfois été critiquée. On a parlé d’une ville en béton ». L’erreur, répond Jean Dréo. « La plupart des immeubles ont été construits en maçonnerie tout ce qu’il y a de classique. » Lui, ce qu’il préfère retenir de cette époque, c’est une ambiance. « C’était un travail super-épanouissant, très valorisant. On avait l’impression de faire quelque chose de constructif. »
JosephCamus, peintre de
Brest, qui se trouvait à Rennes quand les allemands y entrèrent; ne sachant
comment manifester sa fureur il cracha sur l’un d’eux et fut condamné à 1 an de
prison; c’est ainsi que commencèrent ses aventures de Parachutiste dans les
Français libres. Avec Armand Rekassa, (journaliste) N’guyemba, Jean Uranga,
Pêcheur de St Jean de Luz, Michel Petit, (boucher à Hirson, Antoine Cantinelli,
le clairon du bataillon, Gil-Kar.
Continua son
périple avec ses compagnons, en
Indochine. Quitte Brest année 1955 avec
d’autres Brestois pour travailler en région parisienne. C’était un des
habitants des baraques du Bouguen. Son épouse, le rejoint avec ses deux filles,
et son garçon. Laissant dans leur baraque tout leurs affaires, Photos, meubles,
etc. Une nouvelle aventure commence dans
la région parisienne.
Le Général De Gaulle, l’appel à la Résistance, à défendre nos valeurs et notre pays, la Libération. J’aimerais dire qu’il y a tous celles et ceux qui défendent ou ont défendu notre pays et ses intérêts au prix de leurs vies. Pour vivre dans La Paix aujourd’hui. Merci. Respect. Ayons une pensée pour ces Femmes ou Hommes qui sont tombées… Une véritable vocation, un engagement sans faille, une preuve d’amour pour sa patrie, des gens qui finalement ont, un cœur d’amour qui bat. Car on ne vient pas en aide, drapeau français, à tant de gens, si les sentiments ne les animent pas.
SERVICE DANS LA RÉSISTANCE ET
LES F. F. I.
F. F. I.
RÉSISTANCE INDIVIDUELLE DU 12 août 1944 au décès 10 septembre 1944
Exposé de l’activité : tué en patrouille commander à Val Ar Groas
Argol en Crozon (Finistère)
RÉSISTANCE ORGANISÉE
Cie Surcouf Bon du 12 août 1944 au 10 septembre
1944.
RESPONSABLE Capitaine Le Gall Henri Pleyben-Finistère.
Second Maitre, fourrier dans la marine de l’état engagé à sa sortie des mousses
à 17 ans, blessé grièvement étant embarqué sur le bison, qui a coulé recueilli
par les Anglais de retour en France après guérison en service à la, D.P. à
Brest,
Qu’il quitté volontairement le 14 août 1944, va s’engager dans les F. F. I à Pleyben (Finistère) 12 Août 1944. À participé aux opérations militaires sur la presqu’île de Crozon au cours des quelles il a été tué le 10 septembre 1944, devant Tal-Ar-Groas, ou il se trouvait en patrouille.
Forces Françaises
Combattantes intérieures
ARRONDISSEMENT. FFCI. DE Brest
À Monsieur le Commandant du Bureau Militaires,
Service des affaires F F C I. À Quimper
En réponse à votre lettre n° 26 14/ F F I
en date du 20 Août 1947 ; j’ai l’honneur de vous adresser
ci-joint, le dossier d’homologation de grade FFI De
:
Monsieur LAGADEC Julien
Yves, né le 26 juin 1916 à Brest, Second -Maître fourrier dont sa famille est
domiciliée 110 Rue Robespierre à Brest.
Il est entré dans la Résistance le 12 août 1944
au Bataillon LE GALL Henri “Lagardère” Compagnie
Surcouf ; et a participé aux opérations sur la presqu’ile de Crozon où il a été tué le 10 septembre 1944, en
patrouille devant TAL- AR- GROAS EN Crozon (Finistère)
Brest le 30 septembre 1947
Le Lieutenant Colonel FAUCHER, ex chef
des FFCI de l’arrondissement de Brest.
3
Les Allemands laissent
partout des camions et des cadavres.
Principaux combats :
A/Nord –Finistère : le PONTHOU (Bataillon GILLOUX)
PLOUIGNEAU (Cie du
Lieutenant PERRIER)
B / Centre Finistère : LANDELEAU (Cie SURCOUF)
CHATEAUNEUF – Du – FAOU (Cie RAYDUE) Et NORMANDIE
PONT – TRIFFIN (BATAILLON
DE CARHAIX).
C/ Sud – Finistère : ROSPORDEN – BANNALEC (Bataillon FFI et ROSPORDEN).
QUIMPER – (Cie Cartouche
et BAYEUX).
Les Allemands s’étant repliés dans la
région de BREST, CROZON ET AUDIERNE ET CONCARNEAU. Les F.F.I. sont utilisés pour les contenir. Avec des
effectifs très faibles et sans arme lourde, du 8 août au 20 septembre 1944, les
unités se relèveront tous les 10 jours environ. Le Bataillon “NORMANDIE”
reçoit au début, au début de septembre, 2 canons de 105. Cette unité
s’empare du MENEZ – HOM qui défend la presqu’ile de CROZON et pousse jusqu’à TELGRUC où un
bombardement américain fait de nombreuses victimes. Elle obtient une
citation collective par le Colonel EON. Les
Américains ayant pris la direction des opérations, les unités F.F.I. sont renvoyées sur leurs lieux de
formation. Dans la région de CONCARNEAU le Cne Le
CLEACH participe à la reddition de la place-forte.
Créé, le 16 novembre 1940, par le général de Gaulle, l’ordre prestigieux de la Libération, a récompensé, seulement ( !) 1038 personnes, auxquelles s’ajoutent 5 communes (Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux en Vercors, île de Sein), et 18 unités combattantes (dont 3 de la Marine nationale : sous-marin Rubis, corvette Aconit, 1er régiment de fusiliers marins), pour leur courageux engagement exemplaire en vue de s’opposer aux forces ennemies nazies.
L’oubli des femmes
Six femmes, seulement, en font partie, alors que 20 à 30% de femmes étaient dans les rangs de la Résistance. Le fait que l’ordre de la Libération ait été clos rapidement peut expliquer des oublis. Beaucoup d’historiens regrettent l’absence de beaucoup de ces femmes qui se sont sacrifiées pour une France libre ; par exemple, sur le plan local, celui de la Brestoise Alice Coudol (1923 – 1944), créatrice dès 1940 d’un réseau de résistante, abattue le 30 novembre 1944 par la gestapo, après son internement à la prison de Pforzheim (Allemagne).
Ouverte de tout temps sur le monde, grâce à son grand port militaire et commercial, elle est riche d’une histoire tourmentée et passionnante. De son passé ne subsiste que des témoignages forts, de Brestois, et Brestoises, qui méritent d’êtres racontés. Ils ont marqués notre ville, par diverses actions, au cours de leurs présences à Brest. Voici quelques témoignages.
Monsieur Nicolas Marie Coat
Le Grand Père, sa fiche se trouve au mémorial du Marin de La pointe St Mathieu
Nicolas, marie Coat naît le 11 décembre 1883 à Bourg Blanc (Finistère) de Yves Coat, cantonnier et de Marie-Renée Prigent, son épouse, cultivatrice.
Il épouse Jeanne Bégaud le 18 octobre à Bohars (Finistère), dont il aura deux fils, Jean-Yves en 1910 et Ernest en 1912.
Après avoir été commis aux greffes dans le civil, il s’engage
dans la marine nationale le 9 avril 1902 pour une durée initiale de cinq ans.
Il embarque successivement à bord du “ Saint Louis” affecté à la flotte
des torpilleurs de l’océan en 1908, puis rejoint le “Suffren” en 1911.
Après un passage sur le “Téméraire”, il embarque à bord de l’aviso-torpilleur “Cassini” en tant que maître fourrier et disparait en mer lors de la perte de son bâtiment, torpillé par un sous marin Allemand le 28 février 1917 au large des bouches de Bonifacio (Corse)
( Il saute sur une mine marine du sous-marin allemand UC 35. Il sombre par 41°19’474 N et 09°19’174 E, entraînant avec lui son capitaine et 106 membres d’équipage.)
Il était Maître fourrier. Son unité: Cassini, Il est porté disparu. Il a été décoré:
Médaille Militaire: Croix de Guerre 14-18 avec étoile(s)
Son décès est inscrit à la commune de Bohars.
Document portant la mention MPLF: Mémoire des hommes
Le naufrage du Cassini donna lieu à plusieurs interprétations, selon que l’on se réfère au Journal Officiel, aux témoignages des survivants ou bien aux coupures de journaux politiques de l’époque. La « Revue politique et parlementaire » relatait les événements comme suit : « Le contre-torpilleur Cassini, affecté au service des patrouilles de la Méditerranée, a été torpillé par un sous-marin ennemi le 28 février à une heure du matin. Une soute ayant fait explosion, le bâtiment a coulé en moins de deux minutes. Le commandant, 6 officiers et 100 sous-officiers et marins ont péri ; 2 officiers et 32 sous-officiers et marins ont été sauvés.
Il résulte des témoignages formels des survivants que, pendant qu’ils essayaient dans la nuit de gagner à la nage les radeaux qui flottaient, ils ont entendu une voix crier : ” Approchez camarades ! ” Un instant après, ils ont aperçu la masse sombre du sous-marin ennemi qui a tiré sur eux plusieurs coups de fusil ou de mitrailleuse et un obus; celui-ci a touché un des radeaux. Je cite sans commentaires cet acte de sauvagerie.» (Revue politique et parlementaire 1917, Tome 91, p. 136).
Cassini
Contre-torpilleur : il
a coulé le 28 février 1917
Circonstances :
Le Contre-torpilleur, Cassini construit au havre en 1894,
transformé en mouilleur de mines en 1913 a été torpillé dans le sud de la Corse
par un sous-marin allemand. Une plaque à la mémoire des marins du Cassini a été
érigée près de Bonifacio : “ Le contre torpilleur Cassini torpillé vers
1H15 du matin, le 28 février 1917, coule après avoir été coupé en deux par l’explosion
de la soute à munitions. Des rescapés sont achevés au canon et au fusil par les
Allemands”.
Le Commandant Lacaze périt avec son navire selon la sublime mais cruelle tradition marine “française”. On dénombre 107 morts et 34 survivants.
Aux halles St Louis avant la guerre, La Grand-mère maternelle est derrière son Banc (Son étal) de commerçante en coiffe. La première à droite.
Une autre photo, est prise devant un café tenu aussi avant et pendant la
guerre (39 – 45). A Recouvrance… !
Sa maman est présente, elle doit avoir 16/17 ans (née en 1910) « L’Apéritif » nom du café, était situé
rue Du Quartier Maître Bondon, rue détruite dans les années 70/80, pour
construire des immeubles.
Les Grands – Parents Maternels sont présents, ainsi que une ou deux sœurs de sa mère (fillettes en bas,) Sa mère n’est pas encore née (1910), sa Grand –Mère est à droite du marin. Son mari se trouve au dessus d d’elle (an niveau de l’imposte).
Egalement une photo (en demi-plan) +la même en pied. Du
mariage de ses parents 19/07/1930.
La généalogie, maternelle et paternelle se trouve au dessus des photos
Les photos :
Mon papa tenant ma sœur ainée dans ses bras accompagné de sa mère. Photo prise à Brest lieu à situer (il y a une épicerie derrière eux sur la photo ?)
Ma
mère est décédée en septembre 2010…à 99 ans
Détectée en 1948 au Maroc (Mon père avait été détaché de
l’arsenal de Brest à l’atelier de la marine à Casablanca en 1946 à 1960)
porteuse d’une forme mortelle de tuberculose, elle fut rapatriée au sanatorium
de Sallanches/Chamonix.
Elles étaient 5 femmes porteuses de cette forme sévère (et
mortelle) de tuberculose.
Toutes les 5 se sont portées volontaires pour servir de
« Cobaye » pour un nouveau traitement la « Streptomycine
« .puissant antibiotique
Sur les 5 il y a eu deux guérisons, dont ma mère….. !
Belle leçon de vie…. !
Photos
Mes parents en maillot de bain (J’ignore ou est prise la photo… Peut être à Morgat.. ???Avant guerre.
Objet : remerciements Par votre professionnalisme, à une époque (1946). Où tout était à faire. C’est Grâce à vous, à votre courage. Vous manquiez de l’essentiel. La Sécurité Sociale, une grande maison au service de vos concitoyens, doit aujourd’hui vous remercier. Soyez fier de votre travail. Merci à votre équipe.
Les
auteurs :
Jacques
Fustec, titulaire de maîtrise en
Histoire, contrôleur au centre de Landivisiau.
Gérard
Brélivet, chargé de communication.
Jean-Pierre
Robelet, directeur de la C.P.A.M du Nord-Finistère.
Ce
travail n’aurait pas vu le jour sans :
L’étude
universitaire de Jacques Fustec sur l’histoire de la caisse primaire de 1993.
Le
concours des différents témoins de la création de l’entreprise et de sa
croissance.
Qu’ils
soient remerciés pour leur patience et leurs précieux souvenirs.
A
l’heure où l’avenir semble incertain et sujet de discussions, notre passé
s’avère certain, fixé. Ce que nous avons
là en commun nous rassemble.
Aussi,
que chacun puisse connaître les origines et les évolutions de notre entreprise
relève non seulement de la bonne information mais aussi de la propriété
partagée.
L’histoire
locale, ses personnages, les particularismes et les événements de terrain
rendent plus denses et plus passionnants les liens entre notre présent et notre
passé.
A
travers les contraintes et les difficultés, les souvenirs agréables ou
sensibles, une réalité estompée par le temps, oubliée ou un passé grandi,
sublimé, nous avons fait vivre pendant 50 années notre idéal de solidarité…
…
contre vents et marées…
Jean- Pierre Robelet
Directeur
Retour vers le futur
Juin 1995, boulevard de l’Europe à Brest, des voitures, des
encombrements. Notre conductrice va à son travail, rue de Savoie, dans le
quartier de Bellevue, au siège, de la C.P.A.M du Nord-Finistère. Carte d’accès,
sécurité oblige. Badge, horaires variables exigent.
Elle sait qu’elle incarne toujours la sécu, on dit l’assurance
maladie aujourd’hui.
Elle sait aussi que cette année débutent les travaux de
rénovation du siège.
Son chemin sera parcouru de gravats pour au moins dix huit
mois.
Les gravats, parlons en ! Ses collègues plus anciennes
lui ont décrit avec moult détails les travaux, les déménagements. Bref, tout ce
qui a façonné l’histoire brestoise de la caisse et ceux qui l’ont vécue.
Ceux qui ont connu l’époque héroïque des baraques de l’après –
guerre en 1945, l’époque des horaires stricts, du trop froid l’hiver, du trop
chaud l’été.
Ceux qui ont connu les sanitaires au fond du jardin. Ceux qui
ont pratiqué la “ débrouille ” comme un art de vivre. Ceux qui, en 1952, ont eu
l’impression de “rentrer dans un palais ” lors de l’emménagement au Square
Marc Sangnier à Brest. Ceux qui enfin en 1970, se sont installés rue de Savoie
à Bellevue.
Dans quelques années notre conductrice pourra à son tour “
dire l’histoire ” celle qui débute en 1955 et quelle va vivre de l’intérieur.
SI LES RICAINS…
A la fin de l’année 1945, celle qui avance dans la boue avec
ses galoches aux pieds, parmi les décombres, supportant l’absence d’éclairage
ainsi que le crachin, ne sait pas encore quelle incarne le futur de la Sécurité
Sociale.
Elle est sur le chemin du travail, chemin envahi de gravats
et rares sont les maisons intactes tant les bombardements ont été efficaces.
En effet, du 19 juin 1940, date de l’entrée des Allemands à
Brest, au 18 septembre 1944, date de la reddition de l’occupant, Brest a été la
cible des raids alliés.
Au total, il faudra 15 ans pour reconstruire la cité.
En attendant, les Américains sont là. Ils fournissent, c’est
bien connu, chewing-gum, Marlboro et bas nylon mais aussi des baraques en bois
préfabriquées et peintes en noir.
T’AS PAS UNE BARAQUE ?
Ces baraques, on se
les arrache tant le logement est évidemment un problème majeur. La distribution
profite d’abord aux particuliers mais les administrations et les services
publics réussissent à se faire entendre.
Cela ne dure pas, preuve en est la réponse de la mairie de
Brest à un courrier de la caisse de
Sécurité Sociale le 23 mai 1947.
“Il n’est plus possible de prévoir la construction de
baraques à usage de bureaux, tous les crédits étant réservés à l’édification de
logements”.
Le 7 septembre 1947, il faut même l’intervention du directeur
auprès de la mairie et de la sous-préfecture,
pour qu’un contrôleur, venu de l’Aber-Wrach avec sa famille, puisse être
domicilié à Brest.
C’est pourtant, dans une de ces baraques, installées porte
Fautras à l’Harteloire sur la zone des anciens “ glacis” que se rend “ le futur
de la Sécurité Sociale”.
ON FAIT AVEC !
Elle se soucie de l’horaire, car au moindre retard, les sanctions
peuvent tomber.
La journée sera longue, 9 heures d’amplitude : de 7h45 à
18h30 avec 1h45 pour manger le midi.
Mais, elle sait qu’elle a de la chance car, pour l’époque, le
travail à la Sécu est bien rémunéré. Même si le travail ne manque pas, il
profite malgré tout aux hommes qui sont embauchés pour leurs atouts physiques, nécessaires
à la reconstruction de la ville.
Elle a été recrutée par la Sécurité Sociale, à la recherche
de main d’œuvre. Et c’est souvent par relation ou envoi d’une candidature.
Parfois même, après un examen qui comprend une dictée et du calcul.
Les conditions de travail dans les baraques sont difficiles,
comme partout ailleurs. Il suffit donc de s’organiser en conséquence.
Et l’organisation, pour le moment à Brest, consiste à utiliser au mieux, la baraque en bois de la Sécurité Sociale.
UNE BARAQUE ? PUIS DEUX ? ET PUIS TROIS…
La caisse s’étend et travaille avec les moyens du bord car le
provisoire va durer longtemps.
Un véritable village se crée. Il comptera jusqu’à 7 baraques
en 1952. Des baraques d’une longueur de 7 mètres. Il y fait très froid l’hiver
et trop chaud l’été. Les poêles à bois et à charbon, en forme de cœur, munis de
tuyaux et plus tard, les radiateurs à gaz, ne suffisent pas à réchauffer l’atmosphère.
C’est l’époque où Madame Blanchet-Magon, épouse du directeur, vient servir la
soupe chaude en matinée.
Mais c’est aussi l’époque dangereuse où une explosion propulse
le tuyau à l’extérieur de la baraque.
Une table est occupée par plusieurs personnes et les bureaux
sont très proches les uns des autres. Conséquence directe : les employés
sont à portée de main du chef. Pas besoin de se serrer pour résister au froid,
tout semble prévu.
AIDE-TOI…
Les planchers en bois ne sont pas solides, ni parfaitement
joints. Ils ne résistent pas aux lourds classeurs qui sont vidés chaque fois qu’il
faut caler ou relever le plancher.
“Les filles s’arrachaient les omoplates à manipuler cela”,
selon les témoins de l’époque.
La lumière est nécessaire toute la journée car la luminosité
n’est pas suffisante.
Naturellement, les sanitaires sont à l’extérieur. Ceux de la
gare ont d’ailleurs été utilisés un temps.
On ne peut s’empêcher de penser à la phrase d’un sergent S.S.
rapportée par Olivier Jestin, ancien de la défense passive.
“Brest égale Cassino. Il ne restera pas aux Américains, un
seul mur debout pour pisser”.
Les baraques sont seulement posées sur un terre-plein aplani
par des engins.
La boue est omniprésente et lorsque survient une tempête, les
tôles qui servent de toit s’envolent et laissent les archives entassées en
soupente à l’air libre et à la pluie.
C’est l’époque héroïque où l’on obtient tout… de soi-même.
Chacun est vêtu d’une blouse, blanche pour les femmes, grise
pour les hommes, payée sur ses propres deniers. Il en aura besoin pour la
recherche des archives ou des dossiers, sur des étagères d’abord, puis dans les
classeurs en bois lourds à déplacer.
Le tri se fait parfois par terre, faute de place.
LES PIONNIERS
Dans un premier temps, on écrit avec un porte-plume trempé
dans l’encrier. Le Bic sera pour plus tard. Il n’y a pas de machine à écrire et
quand elles font leur apparition, elles sont déjà vieilles et usagées.
En l’absence de téléphone, un poste militaire récupéré est
installé à la comptabilité. Le fil passait dans la soupente et en voulant le réparer,
Monsieur L’Emeillat (fondé de pouvoir de l’agent-comptable) monte à l’étage,
traverse le plancher peu fiable et reste pendu à un madrier au dessus des
bureaux. C’est bien sûr le moment que choisissent le directeur et les
administrateurs pour visiter les services. Les imprimés sont conçus par les
chefs et réalisés par un ancien employé installé à son compte dans le quartier
de Saint- Martin.
Quand à la formation, elle est assurée par le voisin de
table. La culture est orale, le guide du guichetier et la nomenclature des
actes professionnels feront leur apparition plus tard.
Ces conditions difficiles de travail ne manquent pas d’alerter
Monsieur Floch, président du conseil d’administration, qui pense que cela peut
favoriser l’absentéisme du personnel.
Aussi c’est sans regret qu’n 1952, la caisse de Sécurité Sociale déménage vers le Square Marc Sangnier.
SI VERSALLES M’ETAIT CONTÉ
Du 17 au 26 octobre 1952, en partie à pied, chacun prend ses
affaires et descend les 300 mètres qui séparent les baraques du nouveau lieu de
travail, situé rue Jean Macé, en face de l’actuelle église Saint-Louis.
Ce bâtiment de trois étages, long de 100 mètres, provoque des
réactions mitigées.
“Un grand bâtiment rectangulaire, gris, aux lignes sobres,
mais un peu caserne”.
C’est l’époque des sarcasmes et du “Sing Sing” brestois. Le
changement apparaît total, chacun peut disposer d’une table ; armoires en
fer, machines à écrire, machines à calculer apparaissent. Le confort est
apprécié… à l’intérieur, car vu du dehors, les journalistes et l’opinion
publique s’en tiennent à un vocabulaire plus désobligeant. Nous sommes passés
des baraques à … la prison. Et que dire du “trou à rats”, nom de baptême donné
plus tard au centre de Morlaix !
En Novembre 1952 dans le “télégramme”, on peut lire :
“Tout de même… un bâtiment grand comme ça pour de la paperasserie et tant de
logements qui restent à construire”.
Monsieur Fabre, secrétaire général, quand à lui, “a
l’impression de rentrer dans un palais et d’être considéré”. Les goûts et les
couleurs !
Extraits du “Chat rieur”, nouvelle série – n°-1 Mars 1953.
OFFRE D’EMPLOIS
On demande messieurs 35 à 40 ans, études secondaires,
énergiques, dynamiques, dégagés de tout service militaire, pour ouvrir les
portes de la Sécurité Sociale.
Grand avenir si costauds.
Toujours…
LE
SIÈGE DE BREST
37 sièges à la mairie, et pas un en ville pour poser ses
fesses, c’est un comble, remarquait mon ami Roger Le Gall, en quête d’un chalet, (1°) bécosse la crise du logement et les besoins de l’heure.
En ville, derrière la
S.A.T.O.S., tu as le confort, c’est à cinq minutes, et je lui indiquai la route
à suivre. 1° (Bécosse sanitaires). Peux pas, qu’il me dit, je suis raide. Je ne
comprenais pas. Il me l’expliqua.
Tout se paye dans la vie même ce désir et pour le satisfaire
il s’en coûte dix balles. Je restai
sceptique. Viens avec moi, tu jugeras par toi-même et tu paieras ma place.
J’y allai ; donnai un billet de 5.000 et pendant que la préposée allait faire la monnaie, je visitai l’établissement, Rien à dire, c’est comme un Palais des Mille et une Nuits, trop beau pour nous les prolétaires et, mélancolique, je pensai à tous les économiquement faibles qui n’avaient pas 10 francs, pour visiter une telle merveille, La deuxième merveille de Brest, après le bâtiment de la Sécurité Sociale.
BELLEVUE, LE BIEN NOMMÉ
Le “palais” devient vite étriqué. En 1962, il est même
envisagé de construire un étage supplémentaire mais les contraintes techniques
y font obstacle.
L’idée d’une extension fait son chemin. Mademoiselle Mignot,
cadre et militante C.F.T.C. propose la création d’un centre “Brest-Nord” à la Z.U.P.
de Bellevue et en 1964, c’est Monsieur Prévosto, le président du conseil d’administration
qui provoque le transfert des services généraux et de la direction dans les locaux
du Télégramme, place Wilson.
Finalement les travaux commencent en janvier 1969 et se terminent
en décembre 1970. L’inauguration des 12 niveaux a lieu le 3 avril 1971. Un seul
reproche : “L’éloignement du centre ville”.
DES BARAQUES À l’IMMEUBLE DE GRANDE HAUTEUR
“Qui n’avance pas,
recule” dit le proverbe.
En 1995 débute le grand
chantier de rénovation de l’immeuble du siège qui va durer 18 mois… si tout va
bien.
En tout cas, à l’image
des civilisations, l’Assurance Maladie est née comme une réaction à des contraintes
extérieures, comme une réponse à un défi de tous les jours.
1930
Loi sur les Assurances
Sociales
LES ANCÊTRES :
Les Quatre Caisses
existantes avant la guerre étaient d’inspirations différentes.
. Catholique
pour la Caisse de l’Union Finistérienne (22 000 adhérents).
. Patronale pour la Caisse Primaire interprofessionnelle du Finistère
(12 000 adhérents).
. Syndicat (CGT) pour la caisse Primaire “Le Travail” (8 000 adhérents).
. La Caisse Départementale recueillait enfin le reste des adhérents (164 000)
puisque la liberté de choix était prévue par la loi de 1930.
1941
Rapport du Conseil
National de la Résistance et Rapport Laroque.
1945
4 et 19 octobre 1945 : Ordonnance créant le régime général de Sécurité Sociale
5 avril 1946 : Installation
du Conseil d’Administration de la caisse de Sécurité Sociale du Nord-Finistère.
Le 5 avril 1946 à 14h30, Monsieur Chatillon, Directeur Régional des Assurances Sociales installe le Conseil d’Administration de la Caisse de Sécurité Sociale du Finistère Nord. Un Président est nommé : il s’agit de Monsieur Wasselet (CGT). Le Directeur, Monsieur Blanchet-Magon sera désigné le 17 Juin.
En application de l’ordonnance du 4 octobre 1945, La Caisse est née. Elle se dote de statuts que la tutelle approuve par arrêté ministériel du 6 juillet 1946 : la Caisse a désormais un état civil : Caisse Primaire de Sécurité Sociale du Nord Finistère (n°29B).
1946
13 juillet 1946 :
Partage du Finistère entre les caisses de Quimper et de Brest.
Les frontières à
déterminer entre Brest et Quimper
Le partage entre les
deux Caisses du Finistère se fera le 13 juillets 1946 à l’occasion de la
réunion des bureaux des Conseils d’Administration des deux Caisses. Comment
répartir les 206000 adhérents que comptaient la Caisse Départementale (164000),
l’Union Finistérienne Mutualiste (22000), la Caisse Primaire
Interprofessionnelle du Finistère (12000), les caisses Primaires de travail
(8000) ?
A partir du 7 juillet
1946, chaque Caisse prend en charge les assurés relevant de sa circonscription
mais à l’époque le rattachement se fait selon le lieu de travail (et non le
lieu de résidence) selon l’article 4 de l’ordonnance du 4 octobre 1945.
Les deux Caisses
harmonisèrent à cette occasion leurs positions et les tarifs applicables (12F
par jour en lit de médecine, 250f pour le “forfait pharmaceutique en
maternité”).
Tout irait bien dans le
meilleur des mondes si, dès le 20 août 1946, le Conseil d’Administration de la
Caisse de Brest ne rectifiait pas les bases du partage global du patrimoine et
des adhérents fixé initialement à 50% chacun, pour se transformer en 52,5% pour
le Nord et 47,5% pour le Sud.
Question d’importance
puisque les dotations financières venant de la DRASS sont attribuées selon le
nombre d’adhérents et dans un premier temps en 1946 selon le pourcentage
discuté plus haut…
La réponse de Quimper ne tarde pas : elle propose à Monsieur Laroque, Directeur Général de la Sécurité Sociale en visite à Quimper le 13 août 1946 de rattacher la presqu’île de Crozon à la circonscription du Sud-Finistère… Brest s’en tient à la répartition fixée par l’arrêté ministériel du 16 janvier 1946.
1947
1948
28 juillet 1947 :
Explosion de Liberty à Brest Création des sections Mutualistes
6 Février 1947 :
Ouverture du centre de Morlaix
Qualifié de “trou à rats”
24 avril 1947 : Election des administrateurs.
FIAT LUX
Laser, B.O.M., I.R.I.S., Automac, P.M.F., SESAM, G.P.E.C.,
S.D.R.H.,… Derrière ces quelques sigles se cachent des organisations, de la réflexion
et de l’abnégation. A entendre les anciens, peut-on aller jusqu’à comparer le
travail dans des organismes sociaux à un sacerdoce ? Car Dieu sait qu’il
en a fallu du courage pour reconstituer les fichiers détruits par les
bombardements tout en continuant à payer les dossiers et ensuite pour passer
des classeurs en bois aux micros ordinateurs.
En effet, ce n’est qu’en 1950 que le conseil d’administration
décide qu’il est temps de réagir. Des moyens en personnel sont apportés. Des
audits parisiens sont déclenchés, ce qui ne plaît pas à tout le monde. Malgré
cette mobilisation, la débrouille reste encore le meilleur moyen de s’en
sortir.
Il faudra attendre 1965 et Monsieur Tranvouez (nouveau
directeur), pour commencer à sentir un léger frémissement d’organisation. Après
tout va aller très vite avec de nouveaux moyens de paiement, comme le mandat
Colbert. Et surtout la révolution informatique arrive en force ; c’est d’abord
le lecteur optique puis LASER et les échanges magnétiques. Aujourd’hui, c’est
le P.M.F., le fameux poste multifonctions, celui qui liquide plus vite que son
ombre. Et demain SESAM-VITALE, les serveurs vocaux, les bornes interactives. Au
bout du compte, nous avons traversé des tempêtes, les pires, celles du sang du
siège de Brest, et les plus calmes, celles de la nécessaire adaptation aux
nouvelles techniques.
Churchill avait promis du sang, de la sueur, et des larmes,
sort applicable à toute entreprise humaine. Il ne sautait en être autrement
pour la C.P.A.M. de Brest, surgie de la nuit du chaos.
AU BORD DE LA CRISE DE NERFS
Lorsque Monsieur Tranvouez est nommé directeur, onze
circulaires paraissent le lendemain. Nous sommes en 1965 et l’organisation de
la caisse va désormais se voir.
Jusque là, la reconstitution des dossiers, l’harmonisation,
le classement des fiches provenant des caisses anciennes a été la préoccupation
constante.
Il faut dire que les bombardements n’ont pas épargné les
fichiers. Mademoiselle Le Scour (ancienne responsable de la division technique)
se souvient : “trois jours après la reddition de Brest, nous sommes venus
à pied de Pont-de-Buis. Et là, j’étais allée voir entre tous les débris,
comment était le bureau. J’ai aperçu des dossiers qui étaient très bien mais
aussi un Américain qui volait une machine à écrire”. Alors que faire des
fichiers de formats différents, ficelés par paquets, sans intercalaires pour
signaler chaque sortie ? Les pertes sont constantes, les recherches
longues, fastidieuses mais elles doivent aboutir. Madame Le Roux (cadre au
Centre-ville) précise “c’était un boulot de Titans” sur lequel on pouvait
passer des journées entières.
Chacun se souvient de la mésaventure d’un administrateur de Saint-Pol-de-Léon
qui envoi un dossier à la caisse.
Constatant qu’au bout d’un certain temps, il n’est toujours
pas remboursé, il dépose une réclamation.
Aucune trace de son dossier ! La machine de guerre se
met alors en branle. “Vous ne partirez pas tant que le dossier n’aura pas été
retrouvé”. Les crises de nerfs sont évitées mais c’est de justesse. Tout le
monde est convoqué à la Direction et les lettres d’avertissement ne manquent
pas de suivre.
L’épisode est rapporté par Madame Le Roux et Monsieur Rubin (inspecteur accidents du travail) : quelques jours plus tard, l’administrateur retrouve le dossier dans sa poche.
LES DIX MERCENAIRES
A la suite d’une visite de trois organisateurs conseils de la
F.N.O.S.S., ancêtre de l’union Nationale des Caisses de la Sécurité Sociale, il
est décidé au conseil d’administration du 17 mars 1950 de mettre de l’ordre
dans les fichiers.
On ne recule devant aucun sacrifice. Dix temporaires sont
engagés pendant plusieurs mois en deux équipes de nuit, car le jour les fiches
ne sont pas disponibles. Le travail avance, mais de façon empirique. “Il faut
se mettre d’accord sur la façon de faire” précise Madame Le Roux. Mais les
organisateurs conseils venus d’ailleurs sont loin de faire l’unanimité. Le
personnel de la caisse ne les apprécie guère.
C’est l’époque où Monsieur Cyprien soutient une démonstration
d’efficacité grâce à l’évocation du milieu marin. Un véritable chef d’œuvre à
citer dans les grandes écoles. “Ce qu’un bateau peut transporter en sept jours
aux Etats-Unis, sept bateaux peuvent le faire en un jour”.
L’organisation n’est pas visible, on pilote à vue et on pare
au plus pressé. Les tentatives sont dérisoires ou tournées en dérision. Le
système D fait loi, mais tient plus des délires d’un “géotrouvetout” que de l’analyse
fonctionnelle.
C’est le cas de la création d’un système de transmission des
dossiers avec machine tournée à la main du guichet vers la caisse. L’expérience
est si concluante que le “machin” est abandonné sine die.
Malgré tous ces efforts, le retard est constant et nécessite des heures supplémentaires, fréquemment le samedi matin. La pression des assurés est forte, d’autant plus forte que le paiement au guichet est immédiat, tandis que le règlement par mandat est long. Cela peut aller jusqu’à trois mois. De ce fait, l’affluence au guichet est importante, “jusqu’à 800 personnes en raison d’une épidémie de grippe” se souvient mademoiselle Le Scour.
ANCIENS MÉTIERS-NOUS HIER
Le déménagement au Square, en 1952, apporte sans
doute une meilleure répartition des personnes dans des locaux plus spacieux.
Quatre machines “Burroughs” firent leur entrée en
1957 pour établir les décomptes. Les métiers sont très hiérarchisés. Il faut
être mécanographe avant d’être liquidateur.
C’est l’époque des “fichistes”. Sortir des fiches
et les reclasser tous les soirs, telle est leur fonction.
C’est l’époque des “francs-tireurs” du guichet,
constitués de petites équipes, d’un contrôleur et de dactylos. Sans oublier les
caissiers qui peuvent effectuer jusqu’à six cents paiements dans une journée et
les “chèques postaux”, nom donné à ceux qui effectuent les paiements différés.
A l’heure du référentiel des emplois et du réseau
internet, on ne peut s’empêcher de ressentir un brin de nostalgie. Pensez au
veilleur de nuit, non chargé de rondes au coefficient 100 et au veilleur de
nuit chargé de rondes au coefficient 115+5. Quelle est la différence en dehors
des rondes, selon vous ? Simple et logique, le deuxième doit “ faire
preuve éventuellement d’une certaine initiative”.
Citons aussi le garçon de courses cycliste, le
surveillant aux portes et l’huissier. Ne vous trompez pas, le premier est
chargé de la surveillance des entrées et des sorties, le deuxième est en
uniforme ou en habit et son rôle consiste à recevoir le public et à l’orienter
“avec tact et discrétion”.
Pensez aussi à l’extractrice débutante qui sort
et classe les cartes perforées, au lecteur sur fiches Kardex, chargé de
l’examen de la fiche familiale, à l’étampeuse qui utilise des machines
électriques grand rendement au crachoiriste, préposé au service et nettoyage
des crachoirs et surtout à la mécanographe débutante sur grosse machine.
Mais tout se précipite, les missions évoluent,
puisque L’U. R.S.S.A.F. est crée en 1960 et se voit attribuer du personnel issu
du service comptabilité de la caisse.
LE MANDAT COLBERT
L’expérience débute le 1er Octobre
1965. Le mandat Colbert améliore les délais de paiement et par voie de
conséquence fait baisser la fréquentation à l’accueil.
Le matériel nécessaire est acheté, machine à établir
les mandats, machine à gaufrer, machine à coller les enveloppes, et les moyens
à la liquidation sont regroupés et concentrés.
Le succès est rapide et plus tard, on assistera
au paiement par chèque ou par virement bancaire. Une convention est d’ailleurs
signée en mai 1976 avec le crédit Mutuel de Bretagne.
ELLE ARRIVE ? ELLE EST LA…
En 1976, l’informatique envahit la caisse grâce à
la lecture optique relayée par le CETELIC (Centre
de Traitement informatique) de Bretagne pour le paiement.
Le premier paiement a lieu le 21 octobre 1976.
Cela permet une décentralisation des moyens et des centres. Mais avant 1976 et
dès 1971 les projets vont bon train. Le projet initial prévoit quarante
ordinateurs répartis sur tout le territoire puis trente cinq seulement, puis
vingt six. La caisse de Brest a longtemps cru à l’implantation d’un CETELIC en
son sein. Des dépenses et des travaux préliminaires ont d’ailleurs été engagés…
pour rien.
Au bout du compte, un seul ordinateur est
installé à Rennes au CETELIC de Bretagne.
Depuis 1976 et jusqu’en 1985, date d’implantation de système LASER, “liquidation assistée sur équipement réparti”, l’agent technique remplit de petites cases à l’aide de chiffres standardisés. Aujourd’hui encore, certains en gardent un mauvais souvenir, en raison de la fatigue visuelle et de l’intérêt du travail… à la baisse.
ET ELLE FAIT PEUR, L’INFORMATIQUE
Cette évolution n’a pas manqué de provoquer des
craintes pour l’emploi, malgré l’embauche de personnel pour la constitution de
fichiers informatiques. On cite volontiers la phrase : “l’informatique,
oui, mais pas au service du chômage”.
Des réticences apparaissent au sein même du
conseil d’administration, comme en 1974 où on parle de “déshumanisation” de la
Sécurité Sociale, en installant des “monstres” un peu partout.
Cette évolution varie dans le temps selon les
services, la liquidation reste longtemps la seule concernée. Le bureau d’organisation
et méthodes (B.O.M) joue également un rôle important dans cette évolution de la
lecture optique vers LASER, puis dans les liaisons magnétiques des années 80,
avec Feu-Vert et la carte multi – services.
Cela ne va pas s’arrêter car le projet SESAM-VITALE
sera, on le suppose, prêt pour les générations futures.
L’ÉVEIL DES CADRES
En parallèle à l’organisation et à l’informatique,
l’évolution du rôle des cadres est importante. Leur travail axé sur la
surveillance, parfois dans une cage de verre, sur la discipline, sur les
horaires, s’accroît avec l’application progressive de textes de plus en plus
nombreux. La mise en place de moyens techniques
évolués, la productivité, le rendement ou encore les “soldes” de dossiers sont
pour longtemps des préoccupations quotidiennes accompagnées de demandes
pressantes de personnel, de temporaires et d’heures supplémentaires. Il est
même envisagé de rappeler les réservistes, pardon ! les retraités.
Enfin, un personnel de plus en plus nombreux les contraint à devenir des meneurs d’hommes et … de femmes.
1949.21 février 1949 : Reconnaissance de la
dualité Caisse d’Allocations Familiales et Caisse de Sécurité Sociale.
1950. 1er juin 1950 : Premier véritable concours de
recrutement (réservé aux hommes).
1952. 27 octobre 1952 :
installation de la Caisse au Square Marc Sangnier. Inauguration le 22 mars
1953.
1954. Février 1954 : Appel de l’Abbé Pierre en faveur des sans abri.
1960. 12 mai 1960 : Création des URSSAF. Pouvoirs
propres du Directeur par rapport au Conseil d’Administration.
7 septembre 1960 : Visite à Brest du Général de Gaulle. (Photo Archives municipales).
1962. 19 mars 1962 : Fin de la guerre d’Algérie.
1962
19 mars 1962 : Fin de la guerre d’Algérie.
1964. Diffusion par la FNOSS du 1er Cours de Technicien.
20 mai 1964 : La durée hebdomadaire du
travail passe de 45 heures à 43h45.
20 juin 1964 : Tabarly remporte la Transatlantique.
1965. Février : Mécanisation et utilisation du
paiement différé (Mandat Colbert le 1er octobre).
Février : Élection du Président de la
République au suffrage universel.
Aménagement de l’île Longue par la par la Marine
Nationale.
1967. Août 1967 : Le régime général de la
Sécurité Sociale est réorganisé en trois branches gérées par des Caisses
Nationales.
13 avril 1967 : La marée noire du Torrey Canyon.
1968. Création du service médical de l’Assurance
Maladie.
Mars : La caisse de Sécurité Sociale devient
la Caisse Primaire d’Assurance Maladie du Nord –Finistère.
Mai 1968 : Révolte des étudiants.
UNE CAISSE SOUS INFLUENCE
Ce n’est pas le titre d’un film mais la réalité
de 50 ans de présence féminine à la C.P.A.M. du Nord-Finistère.
De sa création en 1946, à aujourd’hui, la Sécu n’a
jamais vraiment attiré les hommes, qui après – guerre préféraient l’Arsenal
militaire.
Faut-il y voir, a contrario, une prédilection des
femmes pour le social ? Rien ne permet de l’affirmer, mais les faits sont
là : des femmes, encore des femmes toujours des femmes, et si peu d’hommes
recrutés.
Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Il fut même fixé des quotas et des examens d’entrée furent réservés aux hommes.
Rien n’y fit ! Aujourd’hui 77 % des agents sont des femmes. Une seule exception
à ce tableau, la Direction qui depuis 1946, demeure exclusivement masculine.
Alors influence des femmes, c’est certain, mais
seulement autour du pouvoir.
Cela ne les a cependant pas empêchées de laisser
une empreinte essentielle qui fait que la C.P.A.M. de Brest est ce qu’elle est
aujourd’hui.
Et dans les couloirs, flotte toujours ce fameux
parfum de femmes cher à Dino Risi.
Hommage leur est rendu, ce n’est que justice.
UNE CAISSE SOUS INFLUENCE
Ce n’est pas le titre d’un film mais la réalité
de 50 ans de présence féminine à la C.P.A.M. du Nord-Finistère.
De sa création en 1946, à aujourd’hui, la Sécu n’a
jamais vraiment attiré les hommes, qui après – guerre préféraient l’Arsenal
militaire.
Faut-il y voir, a contrario, une prédilection des
femmes pour le social ? Rien ne permet de l’affirmer, mais les faits sont
là : des femmes, encore des femmes toujours des femmes, et si peu d’hommes
recrutés.
Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Il fut même fixé des quotas et des examens d’entrée furent réservés aux hommes.
Rien n’y fit ! Aujourd’hui 77 % des agents sont des femmes. Une seule exception
à ce tableau, la Direction qui depuis 1946, demeure exclusivement masculine.
Alors influence des femmes, c’est certain, mais
seulement autour du pouvoir.
Cela ne les a cependant pas empêchées de laisser
une empreinte essentielle qui fait que la C.P.A.M. de Brest est ce qu’elle est
aujourd’hui.
Et dans les couloirs, flotte toujours ce fameux
parfum de femmes cher à Dino Risi.
Hommage leur est
rendu, ce n’est que justice.
UNE PRÉSENCE FÉMININE BIEN MARQUÉE
Depuis le 6 juillet 1946 et jusqu’à aujourd’hui,
la C.P.A.M. du Nord –Finistère a toujours montré un visage féminin, héritière
en cela, des organismes indépendants de la période des assurances sociales.
Entrée en 1929 à la caisse interprofessionnelle,
Mademoiselle Le Scour en est le témoin. Elle, qui se souvient n’avoir eu sous
ses ordres que des femmes, et ce jusqu’au début des années 50.
Néanmoins, même si aujourd’hui, la forte féminisation
de la Sécurité Sociale, atteint des sommets, 77 % à Brest, ce n’est pas un phénomène récent.
Cela reste une constante de l’histoire locale d’après-guerre.
LA RECONSTRUCTION,
UNE AFFAIRE D’HOMMES
Brest meurtrie, Brest détruite, mais… Brest
libérée. Le 18 septembre 1944, lors de sa libération, la ville n’est plus qu’un
champ de ruines.
Les hommes tous les hommes participent à la reconstruction.
C’est probablement une des raisons de leur désaffection pour la Sécu. Et
pourtant, les salaires sont considérés comme attractifs, dans le cadre d’une
convention collective en avance sur son époque.
Mais sans doute, préféraient-ils aussi les “postes
d’Etat” offerts par l’Arsenal militaire.
A LA RECHERCHE DE L’ÉQUILIBRE
Pour faire face à ce “péril féminin”, les grands
moyens sont mis en œuvre en 1950 et 1951, par le conseil d’administration et
ce, malgré les protestations de ceux qui y voient une discrimination sexiste.
Il est décidé de réserver l’entrée à la C.P.A.M. de Brest, aux hommes seuls.
Quand on sait que pour certains concours, la liste des admissibles restes valables pendant plusieurs années, il est facile d’imaginer l’importance de ce choix. En effet, en 1956, sont recrutés des hommes qui ont passé le concours en juin 1951, et en 1970, ceux qui se sont présentés en 1963 !
Mais les résultats sont au rendez-vous. En 1956
est enregistré le plus fort taux de présence masculine, de toute l’histoire de
la C.P.A.M. : 47%.
UNE FEMME CONTRE LES FEMMES
Mais, pour ceux qui pensent que l’équilibre d’une
balance est à 50/50, cela ne suffit pas. En mai 1951, Mademoiselle L…,
administrateur, propose des mesures plus radicales.
“Est-il possible d’envisager ou de prévoir en cas
de mariage et à condition que le salaire du mari soit suffisant, l’obligation
pour les femmes de quitter leur emploi”.
Cette proposition rencontre un écho si favorable
auprès des élus qu’un vœu officiel est immédiatement adressé à la F.N.O.S.S.
Le but de l’opération : lever l’ultime
obstacle que représente la convention collective, en demandant une modification.
Mais la manœuvre échoue et le taux de
féminisation remonte inexorablement, passant de 70% en 1960 à 75% dans les
années 90.
LA FEMME EST L’AVENIR DE L’HOMME
Alors pourquoi cet acharnement à contrecarrer les
phénomènes naturels d’attirance des femmes pour le social ? Le directeur
de l’époque y répond, en avançant : “ Le souci d’assumer la bonne gestion
et la bonne marche de la caisse”. L’argumentation est imparable quand il précise
que “pourcentage d’absentéisme… est de 5,54% pour le personnel masculin et de
13,42% pour le personnel pour le
personnel féminin”.
C’était dans les années 50 !
La maternité et son cortège de congés font peur
aux gestionnaires. Il devient d’ailleurs délicat d’annoncer à sa hiérarchie, un
futur heureux événement “Vous, à votre
âge !” Et Mademoiselle Le Scour de préciser : “Au 1er juillet 1946, elles avaient le même âge ;
il y avait beaucoup de mariages et après c’étaient les naissances, Jusqu’à dix naissances en même temps”. Les accords de
juin 1968, qui créent les 12 jours pour congés “enfants malades” compliquent
encore plus la situation.
Enfin, à partir de janvier 1977, c’est le développement du temps partiel, qui bénéficie surtout aux femmes, mères de famille.
UNE NOTABLE EXEPTION
Les femmes occupent toutes les fonctions, sauf
celles de direction. En 50 ans d’histoire, l’âme féminine ne réussit pas à
envahir la liste des dirigeants, faute de candidates.
Cela n’empêche pas les personnalités affirmées de
peser lourdement sur les destinées de la C.P.A.M. Parmi celle-ci, Mademoiselle
Mignot “Une maîtresse femme”, militante C.F.T.C : “tu vas faire comme ça”
disait-elle au président de l’époque, et Mademoiselle Le Scour, personnage clé
de la fusion, qui dirige la division technique “L’infanterie” selon le mot de
Monsieur Blanchet-Magon, Jusqu’en 1972.
Incontestablement, à cause ou grâce à ces obstacles qui marquent l’évolution d’une société, l’histoire de la C.P.A.M., c’est une histoire de femmes.
LES PRÉSIDENTS DE LA C.P.A.M DU NORD-FINISTÈRE
5 avril 1946 : M. Wasselet (C.G.T.)
23 août 1948 : M. Plougoulm (C.F.T.C.)
8 juin 1950 : M Floch (C.F.T.C.)
29 novembre 1955 : M. Quentric (C.F.T.C.)
9 novembre 1967 : M. Prevosto (Employeurs)
19 octobre 1983 M. Perrot (C.G.C.)
Avril 1991 : M. LE Bail C.F.D.T.)
1969
1er janvier 1969 : la durée hebdomadaire du
travail passe à 41h15.
2 février 1969 : Le Général de Gaulle
annonce le désenclavement de la Bretagne.
1970
15 décembre 1970 : Installation de la Caisse à Bellevue, inaugurée le 3 avril 1971.
1971
Février 1971 : Première convention nationale avec les médecins
1972 : Les
retraites complémentaires sont désormais obligatoires.
1974 : Nouvelle classification du personnel.
28 février 1974 : Expérimentation de l’horaire
variable (généralisé le 10 juin 1974).
1975 : Adhésion à l’Union Régionale pour la
formation et le perfectionnement.
L’avortement devient légal.
1976 : Implantation du Cetelic à Rennes.
Mai 1976 : Paiements par virements bancaires.
4 mai 1976 :
Classification des Cadres.
21 octobre 1976 : information :
premiers paiement par système de lecture optique.
1977 : Janvier 1977 : Introduction du
temps partiel.
1978 : Classification des Agents de
Maîtrise.
Création de l’assurance personnelle.
LES DIRECTEURS DE LA C.P.A.M DU NORD FINISTÈRE
17 Août 1946 : M. Blanchet-Magon
1er juin 1965 : M. Tranvouez
7 avril 1975 : M. Le Loupp
14 mars 1983 : M. Goldie.
1er novembre 1988 : M. Perennes
1er mai 1990 : M.Robelet
DRÔLE D’ENDROIT POUR LES RENCONTRES
Avec Numeris, Internet, les téléphones
cellulaires et le fax portable se développent les technologies du futur. Alors
si vous évoquez avec les plus jeunes, les guichets avec paiement en espèces,
vous risquez d’être regardé comme un vélociraptor échappé de Jurassic Park. Et
pourtant la communication avec les assurés sociaux est née de là, les yeux dans
les yeux. Avec il est vrai, ses files d’attente, ses cris, parfois ses insultes
mais aussi ses remerciements et même ses petits cadeaux. L’accueil “à l’ancienne”
c’est ce qui fait la différence entre un kig-a-Farz et une carotte râpée façon
nouvelle cuisine. L’accueil, c’est l’Agora, celle de l’antiquité grecque. Ou
plutôt qu’agora, une cour des miracles, une cour où l’on rencontre des
clochards, des personnages hauts en couleur, parmi les assurés, mais aussi
parmi le personnel de la caisse. Cette promiscuité ne doit pas faire oublier l’exigence
bien comprise du service à rendre et les qualités humaines et techniques des
spécialistes de l’accueil. Ceux là ont tout vu, tout connu, une expérience
professionnelle en accéléré, difficile mais gratifiante.
Et puis, les orientations changent. L’accueil devient itinérant, d’abord avec un véhicule puis fixe dans les mairies. Avec cette formule éclatante “un pas de plus pour nous ! des pas en moins pour vous !” 1983, connait la décentralisation à Morlaix, Landivisiau, Landerneau et Lesneven. En 1985 LASER débarque avec un système dit de “banalisation” des dossiers. Cela ne dure pas, les années 1990 connaissent le retour en force de la personnalisation avec la gestion par portefeuille d’assurés. Un retour aux valeurs. Les professionnels de santé sont également concernés et la caisse va plus loin en créant les délégués auprès des professions de santé. Au fil du temps, d’inexistants, les rapports avec ces professionnels sont devenus tendus avec l’apparition des conventions et donnent l’image d’une guerre de position, une image présente encore aujourd’hui.
LA COUR DES MIRACLES
Notre premier interlocuteur est la cohue, le
grand nombre dans sa diversité et son impatience. La durée de l’attente était
telle, deux heures et plus en 1955, que l’accueil devenait installation y
compris par les clochards. “L’été, il y avait des puces, on marchait dans les
puces” raconte Monsieur Bernicot, (cadre des services techniques) qui ajoute
“il y avait même des clochards, ils séchaient leurs serviettes sur les radiateurs”.
L’attente, la queue au guichet, légende de la
Sécu, est réelle. Et pourtant, le rendement est fort honorable. “On était assez
rapide, 120 décomptes par jour” rappelle Madame Le roux, guichetière à l’époque.
Monsieur Rubin n’est pas en reste quand il annonce “600 paiements par jour
quand j’étais caissier”.
Mais, rien n’y fait, les protestations fusent, la
violence parfois éclate dans la fureur et le bruit. L’ambiance est électrique.
Des personnages hauts en couleur, surgissent de la mémoire et rythment la vie à
l’accueil.
TROIS PERSONNAGES EN QUÊTE D’AUTEUR
“La terreur du polygone”, un homme, un vrai, un
tatoué, ancien de la Légion Etrangère, a pour fâcheuse habitude de venir crier
à l’accueil, car on refuse de le rembourser. La raison en est simple, il ne
possède aucun papier d’identité. Le souvenir de ses passages répétés a marqué
Mademoiselle Le Scour qui un jour voit arriver l’épouse de la “terreur”, venant chercher son homme.
Et puis “ l’assuré et la guillotine”, autre
personnage en colère qui passe la tête par l’ouverture du guichet, sans doute
pour mieux vitupérer. Il tambourine
du poing sur le comptoir, tant et si bien que le système de fermeture, “la
guillotine”, se met en branle et lui coince la tête… Enfin “l’horloge et l’assuré”,
un homme de la caisse, guichetier de son état, précis, méticuleux, ayant le
sens de la répartie et du service public. Il n’a qu’un seul défaut, au regard
des assurés, il “remonte” fréquemment le mécanisme de sa montre, une Lip, sur
le comptoir. Cela ne manque pas d’excéder les clients à qui il réplique du tac
au tac, en montrant le panonceau “ renseignements”, “je suis là pour vous
renseigner, et si vous me demandez l’heure, comment je fais ? ” Imparable,
n’est t’il pas ?
AU SERVICE DE LA CLIENTÈLE
Mais cette fois encore, ce serait oublier que les
“clients”, puisqu’à l’époque, les agents les nomment ainsi, choisissent leur
interlocuteur au guichet. A ce propos, d’une dizaine de guichets et deux
caisses à l’époque des baraques, nous sommes passés, au square Marc Sangnier, à
vingt guichets, trois caisses puis quatre.
Vous connaissez la suite, le paiement au guichet
a été supprimé même si dans les hautes sphères des décideurs de l’Assurance
Maladie, l’idée d’un retour fait son chemin, précarité oblige. Ces clients sont
donc choyés, Madame Le Roux utilise le vocable “client attitré”.
“ Les bouquins pharmaceutiques étaient compulsés,
il n’y avait pas de vignettes pharmaceutiques à l’époque”. Monsieur L’Emeillat
se souvient aussi d’une petite dame, perdue dans la foule du hall d’accueil,
avec à la main son médicament sur lequel est collée la vignette, disposition
toute récente.
Les clients ont le temps, alors ils se racontent leur vie pendant que leur décompte s’établit. Et l’on assiste à cette scène, où une assurée raconte son malheur à l’accueil. Son mari est décédé, ce qui n’empêche pas l’employée, débordée, prise par son travail de lui répondre “ ce n’est pas grave madame…”.
LE SENS DU CONTACT
Et pour certains, il faut bien essayer de passer plus vite, d’obtenir que le dossier reste au-dessus de la pile à traiter par le contrôleur.
D’autres, pincent leurs enfants afin que les pleurs leurs permettent d’avancer dans la file d’attente.
Tous les matins, c’est l’assaut. Les gens sont agglutinés aux grilles et c’est la ruée dès l’ouverture des portes.
Malgré tout, pour beaucoup, cette période demeure heureuse. A écouter Madame Le Roux, on se surprend à rêver. “ C’était ma période préférée, pourtant c’était usant. Malgré le rendement, il y avait une solidarité énorme entre les employés. Les gens avaient besoin de dire, de parler”.
Et aujourd’hui encore, Madame Le Roux est reconnue
dans la rue par ces habitués du guichet.
HAUT LES FLINGUES
Les choses évoluent grâce au téléphone, au mandat
Colbert et au virement. Mais il ne faut pas oublier que le paiement au guichet
n’est pas de tout repos.
L’insécurité est ressentie lors du transport des
liquidités par les caissiers, jusqu’à la Trésorerie Générale. Les valises
comportent un système sonore de bagues antivol qui se déclenche si le convoyeur
lâche la poignée.
Le problème est jugé si important que les
caissiers détiennent un revolver 6.35. L’agent comptable quand à lui, possède
un 7.65.
Et alors on se retrouve dans un polar de série B.
Des séances de tir s’organisent sous le contrôle de la police et dans les
sous-sols de la caisse. Les réserves du concierge sont souvent prises pour
cibles, mais la maladresse prévaut. Les rois de la gâchette ne sont pas légion.
Un jour, un employé abat une petite bouteille. Justice lui soit rendue, il
avoue : “c’était par inadvertance”.
Ce haut fait d’armes reste cependant gravé dans les annales de la caisse.
HORS DE NOS MURS
Puis la décentralisation prend son envol. Elle s’est
d’abord exprimée par la création des bureaux de Morlaix et de Landerneau, puis par la nomination de correspondants
locaux et de correspondants d’entreprise. Ceux-ci servent à la fois à la
transmission des dossiers mais aussi au paiement des prestations.
Cette expérience a une fin pour les premiers le 1er
janvier 1966, à l’exception insulaire d’Ouessant.
Les correspondants d’entreprise, quand à
eux, poursuivent leur activité jusqu’en 1990. Mais la décentralisation s’exprime
aussi par la circulation d’un véhicule aménagé, dans la région morlaisienne
puis à Brest.
Une tournée inaugurale a lieu en novembre 1965,
dans une splendide camionnette, une Citroën 11 CV. Un programme détaillé
précise les heures d’arrêt du véhicule en chaque point des environs de Morlaix.
Cela ne dure qu’un an jusqu’à la fin de
1966. Une simple Renault fourgonnette circule alors à Brest.
Par la suite, les permanences deviennent fixes, d’abord
dans l’arrondissement de Morlaix, puis à Brest et dans le canton de Crozon.
LE SERVICE RENDU A L’ASSURÉ
Un objectif : éviter l’anonymat dans le règlement des dossiers et la dématérialisation des relations avec nos clients ou nos assurés. La densité de ce réseau sera un sujet de discussion régulier en fonction des moyens financiers disponibles, des effectifs nécessaires et des besoins de la population. Les effectifs sont toujours insuffisants, la pénurie est quasi endémique. Il est même envisagé en 1963 de rappeler les retraités. C’est l’économie de guerre.
Pour les “clients”, c’est le souci d’humanisation qui prime. C’est un objectif national Lancé en 1963 par le ministre du travail, Monsieur Grandval, qui vise à parfaire l’accueil des usagers et à accélérer la liquidation des dossiers.
LES GRANDS TRAVAUX
La caisse s’installe à Bellevue en 1971, tout en
conservant les locaux du Square Marc Sangnier dont elle est propriétaire.
Aujourd’hui encore dans l’esprit des
Brestois, la Sécu c’est au centre ville. Il faut dire que les services des
relations avec les assurés y fonctionnent à plein et que s’y greffent le
service médical et le service social.
Dès 1983 et jusqu’en 1986, la caisse investit
dans la pierre et fait le pari de rapprochement avec les usagers. Morlaix,
Landivisiau, Landerneau et Lesneven naissent à leur tour avec le même objectif,
améliorer la qualité du service rendu en privilégiant le rapprochement du
personnel de la caisse et des assurés
sociaux. Viennent plus tard, les tentatives de relations avec les professionnels
de santé.
LE MUR DES LAMENTATIONS
Les relations avec les professionnels de santé se vivent de façons plus épidermiques. Beaucoup d’agents ont une conscience aigüe des dérapages ou des abus et surtout de l’impuissance de la caisse à agir en ce domaine. Toute bonne volonté, toute velléité, sombrait systématiquement dans le recul, de peur d’avoir des ennuis et dans le but de conserver de bonnes relations à tout prix au niveau de la direction ou du conseil d’administration.
Les retraités gardent au fond d’eux-mêmes ce sentiment confus d’être incompris. C’est “le camouflage de la vérité sur la sécu”, “personne n’ose dire” et “la sécu n’est pas assez défendue”, Ces mots résonnent aujourd’hui dans le vif de l’actualité. Ils ont au moins le mérite de clamer haut et fort une appartenance aux mêmes valeurs de solidarité et de montrer l’attachement du personnel à une institution souvent ballottée mais qui ne coule pas. Mademoiselle Le Scour qui est passée à travers ces orages se souvient “chaque fois que l’on avait dit quelque chose de travers, on était appelé à la direction, car les médecins venaient réclamer”.
OPÉRATION MAINS-PROPRES
La caisse connaît des difficultés à se faire
respecter. Elle s’adresse souvent à un mur en demandant à l’Ordre des médecins
d’intervenir ou à un directeur d’hôpital qui ne veut pas se mettre à dos le
corps médical. Monsieur Bernicot, fort de ses responsabilités syndicales, fait
état de son découragement après les actions menées sans résultats auprès du
corps médical.
Et pourtant chacun connaît des affaires qui ont
marqué la vie de la caisse mais la longueur de la procédure ternit l’efficacité
des moyens engagés. A partir de plusieurs exemples, s’instaure une véritable
croyance entretenue bien sûr par les tarifs choisis et prélevés par les
professionnels de santé et toute affaire qui ne connaît pas de sanctions.
Monsieur Fabre, secrétaire général, témoigne de cet état d’esprit en narrant une affaire qui lui a “donné chaud”. J’ai défendu le dossier malgré des pressions et j’ai remporté l’affaire, j’étais content quoi ! Tout le monde en parlait dans la maison ”. Au bout du compte, le professionnel de santé a été condamné à un an de suspension au motif d’exercice contraire à la probité et à l’honneur professionnel.
UN PRÊTÉ POUR UN RENDU
Le développement en 1989 de la fonction maîtrise des dépenses a été accueilli avec scepticisme ou incrédulité. La conviction est désormais enracinée : mieux vaut agir seuls et vivement qu’attendre la bonne volonté de nos partenaires. Et de regretter le temps des conventions individuelles pour les médecins… puisqu’après tout, nous leur servons un revenu et même le paiement de leurs cotisations. Ils nous le rendent bien, l’exemple qui suit est symbolique, Lors de la parution des décrets du 12 mai 1960, les médecins du Finistère décident de faire grève administrative pour protester entre autres motifs contre les nouveaux tarifs imposés. Et l’on peut lire dans la presse locale des 25 et 26 Mai 1960, une déclaration fracassante du syndicat des médecins du Finistère :
“Quand les employés des caisses de Sécurité
sociale font grève, les guichets sont fermés. Les assurés sociaux attendent
leurs remboursements et les centrales syndicales ne versent pas de larmes sur
le sort des malades privés de ressources… Si l’action n’aboutit pas, il restera
au gouvernement une dernière solution :
La médecine nationalisée, fonctionnarisée, réglementaire, gratuite et
obligatoire avec les quarante heures, les heures supplémentaires, les congés
payés, la retraite… le marché noir ! Le pays aura la médecine qu’il
mérite”.
35 ans, plus tard, toutes les solutions ont-elles été explorées ?
1981 : Actions de dépistage bucco-dentaire.
1er novembre 1981 : la durée hebdomadaire du
travail passe à 39H.
1982 : 14 août 1982 : Loi dite Auroux sur l’expression
des salariés.
1983 : Budget global du C.H.U.
1er septembre 1983 : Centre de paiement à Morlaix.
1er novembre 1983 : Centre de paiement à Landivisiau.
1985 : 1er Avril 1985 : Centre de paiement à Landerneau.
1985 : Démarrage de Laser. 21 juillet 1985 : Hinault gagne le Tour de France pour la cinquième fois
1er juillet 1985 : Premières liaisons magnétiques avec les professionnels de santé Télématique interne et externe.
1er avril 1986 : Centre de paiement à Lesneven
1987 : 17 octobre 1987 : Un ouragan dévaste la Bretagne.
1988 : Action de dépistage des cancers colo – rectaux.
1989 : Création d’une cellule de gestion des risques
(C.G.R) qui a pris le relais de la C.A.G.I (Cellule d’Analyse de Gestion et d’Information)
créée en 1979.
1992 : Brest 92 rassemblement de vieux gréements.
1993 : Nouvelle Classification pour le personnel.
Novembre : Création de l’antenne contre l’exclusion sociale à Brest.
1994 : Installation des premiers P.M.F (Postes Multi – Fonctions).
Crise de la pêche en Bretagne.
LE CONSEIL D’ADMINISTRATION FAIT DE LA RÉSISTANCE
Dès 1946, la tutelle fait remarquer
un nombre trop élevé d’agents de direction. Encore faut – t’il choisir ceux qui
doivent abandonner leur poste. C’est long et douloureux et cela alourdit le
climat des discussions au sein du conseil d’administration pendant plusieurs
années.
Après avoir d’abord refusé d’obtempérer,
le conseil d’administration lors de sa séance du 14 février 1949 accepte le
principe d’une réduction de 5 à 3 membres de l’équipe de direction. Ce qui doit
arriver, arrive. Lors du conseil d’administration
du 11 octobre 1950 Monsieur Edern, directeur adjoint et Monsieur Bechen, sous
directeur sont licenciés. Mais cette décision est contestée avec succès par les
intéressés et au bout du compte, le conseil d’administration de l’époque voit
son mandat expirer sans avoir conclu l’affaire.
Et c’est au nouveau conseil d’administration de procéder aux licenciements après que le
directeur ait été incité à se positionner sur le
nom des partants.
Toute cette affaire est qualifiée de“ triste”, non sans arrière pensée politique ou syndicale. Aussi étonnant que cela paraisse, elle a eu peu d’impact sur le personnel. Elle a par contre marqué certains agents de direction de l’époque. Cet épisode révèle les divergences au sein du conseil, mais il montre surtout les difficultés d’organisation à la naissance de la caisse et l’indépendance de l’organisme vis – à – vis de la tutelle, puisque la caisse fonctionne pendant quatre ans avec cinq membres de direction, en tout illégalité. Le pouvoir est jalousement gardé. Pas pour longtemps car l’assaut est proche.
LA FORTERESSE
ASSIEGÉE
La création des
sections mutualistes et le transfert à leur profit de milliers d’assurés, fait
resurgir aussi beaucoup d’amertume et la
“bagarre” est terrible. La Sécurité Sociale, conquête ouvrière, devient pour
les délégués du personnel, en particulier, une forteresse assiégée. Après la
faillite du régime unique, le régime général perd de sa substance. “On nous
mange notre pain blanc” disait Mlle Quelen (cadre des prestations). Et Monsieur
Bernicot de renchérir : “La loi du 22 mai 1946 n’a jamais été appliquée.
Nous les syndicalistes, on était des militants de la Sécurité Sociale et du
régime général”. Même son de cloche chez le personnel pour qui la création des
mutuelles, c’est une “partie du boulot qui part”. La M.G.E.N. ouvre la brèche
en juin 1951, malgré la résistance farouche du conseil d’administration. En dépit des avis de la D.R.A.S.S. et des
arrêtés ministériels annulant ses décisions, le conseil d’administration refuse
la création d’une section locale de l’enseignement. Le 26 juin 1951, Monsieur
Denis, responsable de la MG.E.N. Affirme
que “la caisse primaire du Nord-Finistère était la seule caisse en France qui
n’ait pas accepté l’institution d’une section locale de l’Éducation National”. Finalement le bureau du conseil
d’administration donne son accord. La mutuelle Marine va suivre, et c’est peut
être 10% des assurés sociaux qui sont transférés. Les dossiers portent un cachet
daté du 16 décembre, date du départ, “le sceau de l’infamie” selon Monsieur
Bernicot.
LE VER EST DANS LE FRUIT
De pouvoir jalousement gardé, nous allons vers un pouvoir difficilement partagés. La longueur des débats au conseil d’administration relatifs au sort des agents, les interventions syndicales concernant les personnes, l’organisation à mettre en place, aboutissent à un encombrement de l’ordre du jour du conseil. L’importance des effectifs et la taille de l’entreprise elle-même, mettent un terme aux principes du bon sens qui président à la gestion des affaires en 1950. Arrive alors le fameux décret du 12 mai 1960 qui confie au directeur le pouvoir de gérer seul le personnel et l’organisation interne. C’est un énorme changement et ce que la démocratie y perd, l’efficacité de la gestion le gagne avant même la mise en place de l’informatique. La stratégie syndicale doit également s’adapter au changement d’interlocuteur et le personnel s’éloigne des administrateurs pour se tourner “à découvert” vers la direction au travers du comité d’entreprise ou des délégués du personnel. Le mouvement de l’idéal social vers les nécessités de la gestion, rejaillit également sur la tutelle renforcée vis-à-vis des conseils d’administration puis des directions. Celle-ci se relâche en s’orientant vers le contrôle a posteriori plutôt qu’a priori et finalement se déplace aujourd’hui des D.R.A.S.S. vers la Caisse Nationale d’Assurance Maladie en matière budgétaire notamment. Mais les crises et les étapes n’ont pas concerné que le conseil d’administration et les directions ou la tutelle.
“NON AUX HEURES SUP”
La première cause des heurts est le retard dans
les règlements et par conséquent l’obligation
du recours aux heures supplémentaires. Travailler 45 heures par semaine
suffit, le travail obligatoire le samedi est mal vécu et donne lieu à des
réactions nerveuses, à des cris, à des faces à face tendus et même à des refus
clairs.
En septembre 1962, en raison d’un solde de
dossiers important, la direction veut imposer des heures supplémentaires, deux
samedis de rang. Le personnel, soutenu par les organisations syndicales refuse
massivement d’obtempérer puis est convoqué individuellement devant l“ aréopage
de la direction” se souvient Monsieur Rubin.
La scène qui a fortement marqué les esprits est à
peu près celle-ci. L’agent se tient debout, les mains derrière le dos, face aux
membres de la direction. Monsieur Blanchet – Magnon entame le dialogue. “
Monsieur x, vous avez refusé de faire des heures supplémentaires, pouvez- vous
m’expliquer pourquoi ?” . Réponse de l’agent : “par solidarité avec l’ensemble
du personnel”. Sentence du directeur “ ceci constitue un manquement à la
discipline et je vous en avertis. Tout est bien qui finit bien et tous les
avertissements sont ensuite supprimés à Noël de la même Année”. Mais le recours
aux heures supplémentaires perdurera
avec il est vrai des aménagements en particulier le paiement des dossiers
effectués…chez soi… parfois avec l’aide familiale…
Les gens partent avec une valise pleine de fiches individuelles des assurés et de dossier. “Un gars travaillait en famille… Les enfants préparaient le décompte.
DIALOGUE DE SOURDS
Le mécontentement s’est exprimé aussi au travers
de la productivité et du rendement limité, contenu par chacun, par des grèves
ou des mouvements d’arrêt de travail. Ceux-ci reviennent fréquemment dans l’histoire
de la caisse (que les sujets de mécontentements soient nationaux ou locaux,
généraux ou corporatistes) à tel point que Brest Devient un clignotant, un indicateur de tendance sur le plan social
pour la tutelle parisienne. Jusqu’à ce
qu’en 1990, ce clignotant reste éteint malgré l’ampleur du mouvement national
constaté.
En 1973, 82, 88 pour les effectifs, en 1976 pour
les congés, en 1989 et 1990 pour les contrôleurs : Grèves et débrayages se
succèdent et la plate-forme revendicative s’élargit à la réduction du temps de
travail, aux promotions, à la formation.
Cela dénote le plus souvent une hiérarchie forte et un manque d’information de part et d’autres.
Les années 1970 et 1980 voient naître des mouvements revendicatifs non négligeables. Ils mettent en avant des problèmes réels rencontrés par les agents dans leur travail et qui ne peuvent pas toujours, il est vrai, recevoir de réponses au niveau local. Ils soulignent, le plupart du temps, un manque de dialogue entre direction et représentants (G.G.T. et C.F.D.T.) du personnel et cet aspect relationnel déficient sert parfois de prétexte, pour ne pas répondre aux questions de fond.
HORAIRES À
LA CARTE
La mise en place de l’horaire variable revient
souvent dans les conversations comme une cause d’évolution dans les relations internes. Le temps de vie
au travail, en commun, diminue et l’individualisation des horaires progresse. L’ambiance
s’en ressent, la solidarité également.
Le caractère festif des rencontres disparaît.
En 1974, la direction lance l’idée de l’horaire variable. A la suite d’un questionnaire, le personnel plébiscite la formule à 92,5%. L’expérimentation débute le 28 février 1974 dans un seul groupe de liquidation, puis est généralisée à l’ensemble du personnel le 10 juin. L’objectif immédiat est d’améliorer les conditions de travail et aussi de modifier l’état d’esprit du personnel, vis – a- vis du travail afin de réduire l’absentéisme de courte durée. Les syndicats s’opposent, au départ, à cette initiative. Ils estiment selon leur propre expression que “la conscience collective va en prendre un choc ”et que dorénavant “ on viendra à la caisse à titre personnel”. Ils redoutent l’effritement de l’esprit revendicatif du personnel et un phénomène de désyndicalisation.
Concrètement le nouvel horaire comporte des plages fixe, c’est – à –dire de présence obligatoire, de 8H30 à 11h45 et de 12h45 à 16h. Les plages mobiles de 7h15 à 8h30 et de 16 h à 17 h30, permettent aux agents de choisir leurs heures de départ et d’arrivée. Le personnel apprécie l’horaire variable. En 1975, 84% des agents l’utilisent, à leur grande satisfaction. La caisse devient un lieu où “ on travaille bien, mais où on vit mal” selon les termes de Monsieur Le Loupp, ancien directeur. Les fonctions s’opposent parfois ou se posent en rivales éternelles : le Guichet et l’assuré, le contrôle et la liquidation.
Avec l’horaire variable serait venu le temps de l’individualisme. A moins de voir en ce nouvel horaire, non pas
le début d’un changement de comportement, mais plutôt, la concrétisation d’une
nouvelle mentalité qui régnait depuis
quelque temps dans les esprits.
Aujourd’hui, quel est le bilan des 50 ans de
Sécurité Sociale ? Des hauts et des bas, des crises, des luttes, mais
aussi et c’est sans doute l’essentiel, autant d’étapes d’une évolution
positive, d’une certaine maturité et d’une belle expérience.
Alors à la veille de ce 50 -ème anniversaire, la Sécu doit rester pour tous une grande idée à préserver.
LA NOSTALGIE DU BON TEMPS
On ne peut qu’être frappé par les regrets, la nostalgie éprouvée
par les témoins du passé alors que leurs discours ne sont qu’une suite
d’épreuves, de contraintes, de difficultés quotidiennes. Les horaires (neuf
heures par jour), la discipline sans faille, le port obligatoire de la blouse,
l’interdiction d’aller d’un service à l’autre sont des exemples de contraintes importantes qui laissent place néanmoins à un
bon souvenir, un peu comme si la pression hiérarchique était telle que les
meilleurs moments même rares n’en ont que plus de saveur (fou rire, joie,
etc.…).
Le contexte est également cité : la
Reconstruction, la libération suscitent l’enthousiasme. La modernisation des
équipements, les inventions pratiques sont autant de découvertes positives qui
marquent cette époque.
Quand la recherche de fiches perdues prend des
jours, quand le froid ou la chaleur indisposent, quand les règles de promotion
ne sont pas définies, quand l’information ne circule pas, on en conclut que
pour supporter tout cela il faut “aimer son travail ”. Ces termes sont employés
comme tels et signifie un sentiment un peu passé de mode… Que dire des agents
embauchés qui ont attendu 10 ans comme fichistes, de l’absence de formation
organisée, obligeant à voir cela “avec son voisin”, de la mise en place des
cours de techniciens en 63 seulement ?
La solidarité, l’entraide prennent là aussi le
dessus. Le travail devient un lieu familial. Tout le monde se connaît, se
rencontre à l’extérieur. Les arbres de Noël mobilisent tout le personnel avec
conjoint et enfants.
Les pots permettent de se retrouver. Les fêtes
des rois se terminent tard, l’ambiance était formidables…
Les horaires contraignants laissent malgré tout
la possibilité de manger en deux heurs à midi : retour au domicile ou
déjeuner en commun sont appréciés. Ajoutons-y les blagues, l’humour et le
sport. l.A.S.O.S. est citée pour son rôle de point de rencontres : une
soirée interservices a été très appréciée :
Mais surtout le retard permanent à une époque, la
foule des assurés énervés au guichet, le recours à des heures supplémentaires
qui mécontent tout le monde, les conditions de travail difficiles font utiliser
le terme d’héroïsme. Même les agents de direction comme Monsieur Fabre vivent
mal des batailles constantes pour des enjeux infimes, par exemple avec les
syndicats.
Malgré tout, chacun perçoit dans ces difficultés d’abord ses souvenirs de jeunesse… le temps d’une escale.
REMERCIEMENTS
A l’association des retraités et à sont président: Albert L’Emeillat.
pour leurs témoignages à:
Maurice Boutefroy.
Robert
Reungoat
Lucien Mabé. Laurent Gléonec
François
Cadour. Lucienne Roucelin
Madeleine Pencréach. Denise Grall
Paul
Callérisa. Paul Sévrain
Madeleine
Perrré. Yves Grannec
Denise
Cambla. Geneviève
Tranvouez
Yvette Pouliquen. Suzane Guyder
Marie –
Louise. Didailler. Simone Lefevre
Yvette
Quélen. Denis Kerlidou
Pour leurs
entretiens particuliers à :
Robert
Bernicot. Marcel Fabre. Pierre Le Gac
Marguerite Le Roux Georgette Le Scour Jean Rubin
C.P.A.M Brest. Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur.
À la fin du XIXe siècle, dans le « Far Ouest », on était encore au temps de la diligence. Pour aller de Brest au Conquet, trois chevaux (la deux-chevaux n’était pas encore née) tiraient une carriole qu’on appelait hirondelle.
On imagine pourtant le confort et la légèreté relatifs de ce moyen de transport. Un aller-retour par jour, de la rue Algésiras à la pointe continentale, pour une dizaine de personnes. L’été, la fréquence pouvait doubler.
Le rail et la fée électricité
Mais le train, on l’a vu, est arrivé à Brest en 1865, puis s’est développé vers Saint- Renan et Ploudalmézeau en 1893, ainsi que vers Lannilis et Plabennec l’année d’après. En ville, à Brest les voitures hippomobiles ont été remplacées par une première ligne de tramway en 1898. Conquétois et Brestois, chambre de commerce et Département (qui a soutenu l’investissement) ont souhaité une ligne vers le Conquet. Le 12 juillet 1903, la motrice, avec un ou deux wagons selon les voyages, a remplacé l’hirondelle, et la fée électricité a supplanté la traction animale.
Fenêtres bouchées et tags sur les murs
La gare du départ a été construite à Saint-Pierre-Quilbignion (« banlieue » de Recouvrance toutes deux faisant partie des communes rattachées à Brest en 1945). Si elle présente des fenêtres bouchées et des tags sur les murs, elle est toujours debout, rue Victor-Eusen, au rond point face à l’église.
En 1908, la ligne a été allongée jusqu’à la place du Prat-Lédan (à Recouvrance) ou porte du Conquet, et une dérivation a été établie vers Sainte-Anne du Portzic. Le service était rendu avec unc certaine diligence, et les brestois pouvaient aller découvrir plus facilement les plages du bout du monde. Paysans et commerçants s’en servaient aussi. Mais, passé un certain engouement, et à la suite de la guerre, la ligne a perdu sa rentabilité et des cars ont pris le relais, dès 1932.
Une vingtaine de stations
La ligne de tramway allant de Brest au Conquet était riche d’une vingtaine de stations, dont certaines étaient facultatives. L’arrêt à Saint-Pierre-Quilbignon (qui était à l’origine, en 1903, le point de départ) était obligatoire. Parmi les principales, citons celles de la Trinité (Plouzané) au kilomètre 7, du Grand-Minou au kilomètre 9, de Pen-Ar-Menez au kilomètre 11, de Porsmilin au kilomètre 15, du Trez-Hir (Plougonvelin) au kilomètre 17 et de Kerjean au kilomètre 20,5, avant l’arrivée au Conquet (kilomètre 23). La ligne vers Sainte-Anne-du Portzic, ouverte en 1908 comme prolongement vers la place de Prat-Lédan, à Recouvrance, n’a servi que dix ans. En 1920, la Société des Tramways électriques du Finistère a dû céder l’exploration à la Compagnie des tramways électriques brestois. en 1922, la Société des chemins de fer départementaux l’a remplacée. En vain : la ligne était de plus en plus déficitaire. Elle s’est arrêtée le 20 septembre 1932. Les autocars de la Satos (Société auxiliaire des transports de l’Ouest et du Sud-ouest) et d’une compagnie privée ont alors assuré la liaison
Une usine électrique à Porsmilin
Lors de la construction de la ligne de tramways Brest-Le Conquet, comme pour toute voie ferrée, il a fallu s’adapter au terrain et éviter les courbes trop prononcées, ainsi que les pentes trop raides : pas plus de 5à6%. Plusieurs zones d’évidement permettaient à deux machines de se croiser, la ligne n’étant pas doublée. De nombreux poteaux électriques suivaient le tracé, alimentant la motrice en courant de 00/550 volts. Comme la déperdition de jus était importante et qu’il n’y avait pas de réseau haute tension, il a été décidé de construire une usine électrique à Porsmilin (Locmaria-Plouzané). Le ruisseau de Pont-Rohel suffisait et l’étang, à côté, permettait d’alimenter les condenseurs.