All posts by Georges Perhirin

Fréminville, alchimiste des sentiments

David Cormier. Le Télégramme de Brest.


Le chevalier noir devant la tombe de Christophe-Paulin de La Poix de Fréminville, dit le Chevalier de Fréminville. (Le Télégramme/Thierry Dilasser)


Thierry Dilasser

Chevalier Fréminville

L’histoire de Christophe-Paulin de la Poix de Fréminville, dit le Chevalier de Fréminville, est « à la fois tragique et magnifique », résume d’emblée le musicien brestois Chevalier Noir, « très admiratif » du parcours de vie suivi par le noble savant, à qui il a consacré une chanson. La raison de cette admiration ?  La capacité de Fréminville à « transformer sa souffrance en créativité, sans jamais se soucier du regard des autres ni sans tomber dans la provocation ». Un destin qui prouve que, « quand on est sincère, qu’on fait les choses avec amour et altruisme (les valeurs défendues par le Chevalier Noir, NDLR), qu’on décide de ne pas mettre l’ego au cœur de son existence, on ne récolte que du positif », poursuit ce chantre de l’érotico-poésie, fondant son propos sur le fait que jamais, lorsque Fréminville se baladait dans les rues de Brest au beau milieu du XIXe siècle habillé en « Mademoiselle Pauline », il n’a suscité « la moindre hostilité ».  « Du moins, il n’en est jamais question dans ses mémoires », poursuit celui dont l’avatar artistique se nourrit de ce destin hors du commun.

Chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint –Louis

Le Chevalier de Fréminville fut en effet « un personnage des plus curieux et d’une grande originalité », écrit quand à lui Eugène Herpin, auteur de « Mémoires du chevalier de Fréminville (1787-1848), capitaine des frégates du Roi »(1913). À la rude vie de marin. 

« C’était une façon, pour lui, de conserver un lien avec son amour perdu. Un rituel puissant, dénué d’homosexualité, et pour lequel il n’a visiblement jamais été embêté ».

Et au sérieux de celle du savant, il ajouta celle, plus  frivole, de « femme »du monde. Officier de marine, savant, archéologue, écrivain mais également excellent dessinateur, il fut capitaine des frégates du roi (élevé au rang de chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis et ainsi que de l’ordre du Christ de Portugal) et membre des sociétés de philomathique et d’histoire naturelle de Paris. Sa carrière dans la Royale l’amène à faire campagne à Saint-Domingue, dans les mers polaires, dans la Baltique, le long des côtes d’Afrique et d’Amérique.

« Conserver un lien avec son amour perdu »

Témoin de la traite des Noirs, de la fièvre jaune, il a vécu une histoire d’amour passionnelle avec Caroline, rencontrée lors d’une campagne aux Saintes (Antilles).

Aux Saintes-en- Guadeloupe-le jeune Chevalier-Fréminville

« Quelque temps après leur rencontre, il a dû quitter les Saintes, sans pouvoir prévenir son amoureuse », indique le Chevalier Noir. Croyant qu’il l’avait quittée pour toujours, la malheureuse s’est jetée à la mer, avec toutes les lettres de Fréminville. À son retour aux Saintes, ce dernier apprend la terrible nouvelle en se rendant au domicile de la jeune femme .C’est là qu’une domestique lui donne la robe qu’elle portait le jour de sa mort ». De retour à Brest en 1827, et totalement anéanti de douleur, Fréminville se consacre à la rédaction de ses mémoires, à certains travaux d’archéologie.C’est aussi à cette époque qu’il commence à porter la robe de Caroline, avec bijoux et maquillage, recevant ses invités ou se rendant au théâtre habillé comme tel.  « C’était une façon, pour lui, de conserver un lien avec son amour perdu. Un rituel puissant, dénué d’homosexualité, et pour lequel il n’a visiblement jamais été embêté », poursuit le Chevalier Noir. Si « sa position sociale lui permettait sûrement cette liberté », estime ce dernier, il est intéressant de constater que jusque-là, on retrouve très peu de traces de travestissement en France. Raison pour laquelle Fréminville, qui repose au cimetière de Saint-Martin (carré9, rang 1, tombe 22, l’une des vingt tombes remarquables du site) est aujourd’hui considéré comme l’un de ses pionniers.

Ruines du château de Carman

Fréminville appartenait, par son père et par sa mère, à deux familles d’ingénieurs ; il commence sa carrière maritime en 1801, alors âgé de quatorze ans, comme aide de camp amateur de la Touche Tréville.

   Christophe-Paulin de la croix de Fréminville, dit le Chevalier de Fréminville (24 janvier 1787 à Ivry-sur-Seine 12 janvier 1848 à Brest), est un officier de marine, savant, archéologue et écrivain français.

Coquilles des Antilles

Capitaine des frégates du roi, il est fait chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis et de celui de l’ordre du Christ de Portugal. Il sera par ailleurs membre des sociétés de philomathique et d’histoire naturelle de Paris.   

Il est l’un des pionniers du travestissement

Source Wikipédia

Il se distingue sur la canonnière l’Etna, lors de la seconde attaque de Boulogne par Nelson. Il participe à l’expédition de Saint-Dominique, d’abord comme novice à bord du Swiftsure,

La canonnière est un navire de guerre léger, armé d’une ou plusieurs pièces d’artillerie

Source Wikipédia








Source Wikipédia 

Saint-Pierre-Quilbignon: La gare est toujours debout. David Cormier. Le Télégramme de Brest.

Gare des chemins de fer départementaux. Environs de Brest, gare de Saint-Pierre-Qilbignon, vue du bâtiment et d’un tramway arrêté. Cate postale du début du XXe siècle.

À la fin du XIXe siècle, dans le « Far Ouest », on était encore au temps de la diligence. Pour aller de Brest au Conquet, trois chevaux (la deux-chevaux n’était pas encore née) tiraient une carriole qu’on appelait hirondelle.


Ce fut d’abord un service de diligences qui assura cette liaison. L’Hirondelle, la diligence de Brest-au Conquet

On imagine pourtant le confort et la légèreté relatifs de ce moyen de transport. Un aller-retour par jour, de la rue Algésiras à la pointe continentale, pour une dizaine de personnes. L’été, la fréquence pouvait doubler.

Le rail et la fée électricité


L’ancienne gare du « train patates » a repris du service 

Mais le train, on l’a vu, est arrivé à Brest en 1865, puis s’est développé vers Saint- Renan et Ploudalmézeau en 1893, ainsi que vers Lannilis et Plabennec l’année d’après. En ville, à Brest les voitures hippomobiles ont été remplacées par une première ligne de tramway en 1898. Conquétois et Brestois, chambre de commerce et Département (qui a soutenu l’investissement) ont souhaité une ligne vers le Conquet. Le 12 juillet 1903, la motrice, avec un ou deux wagons selon les voyages, a remplacé l’hirondelle, et la fée électricité a supplanté la traction animale.  

Ploudalmézeau L’ancienne Gare

Fenêtres bouchées et tags sur les murs

La gare du départ a été construite à Saint-Pierre-Quilbignion  (« banlieue » de Recouvrance toutes deux faisant partie des communes rattachées à Brest en 1945). Si elle présente des fenêtres bouchées et des tags sur les murs, elle est toujours debout, rue Victor-Eusen, au rond point face à l’église.

 Église de Saint-Pierre

En 1908, la ligne a été allongée jusqu’à la place du Prat-Lédan (à Recouvrance) ou porte du Conquet, et une dérivation  a été établie vers Sainte-Anne du Portzic. Le service était rendu avec unc certaine diligence, et les brestois pouvaient aller découvrir plus facilement les plages du bout du monde. Paysans et commerçants s’en servaient aussi. Mais, passé un certain engouement, et à la suite de la guerre, la ligne a perdu sa rentabilité et des cars ont pris le relais, dès 1932.

Gare de Saint-Pierre Quilbignon

Une vingtaine de stations

La ligne de tramway allant de Brest au Conquet était riche d’une vingtaine de stations, dont certaines étaient facultatives. L’arrêt à Saint-Pierre-Quilbignon (qui était à l’origine, en 1903, le point de départ) était obligatoire. Parmi les principales, citons celles de la Trinité (Plouzané) au kilomètre 7, du Grand-Minou au kilomètre 9, de Pen-Ar-Menez au kilomètre 11, de Porsmilin au kilomètre 15, du Trez-Hir (Plougonvelin) au kilomètre 17 et de Kerjean au kilomètre 20,5, avant l’arrivée au Conquet (kilomètre 23).  La ligne vers Sainte-Anne-du Portzic, ouverte en 1908 comme prolongement vers la place de Prat-Lédan, à Recouvrance, n’a servi que dix ans. En 1920, la Société des Tramways électriques du Finistère a dû céder l’exploration à la Compagnie des tramways électriques brestois. en 1922, la Société des chemins de fer départementaux l’a remplacée. En vain : la ligne était de plus en plus déficitaire. Elle s’est arrêtée le 20 septembre 1932. Les autocars de la Satos (Société auxiliaire des transports de l’Ouest et du Sud-ouest) et  d’une compagnie privée ont alors assuré la liaison

Station de Porsmilin. Source Cartophiles du Finistère

Une usine électrique à Porsmilin

Lors de la construction de la ligne de tramways Brest-Le Conquet, comme pour toute voie ferrée, il a fallu s’adapter au terrain et éviter les courbes trop prononcées, ainsi que les pentes trop raides : pas plus de 5à6%. Plusieurs zones d’évidement permettaient à deux machines de se croiser, la ligne n’étant pas doublée. De nombreux poteaux électriques suivaient le tracé, alimentant la motrice en courant de 00/550 volts. Comme la déperdition de jus était importante et qu’il n’y avait pas de réseau haute tension, il a été décidé de construire une usine électrique à Porsmilin (Locmaria-Plouzané). Le ruisseau de Pont-Rohel suffisait et l’étang, à côté, permettait d’alimenter les condenseurs.

L’usine en 1904 avec sa cheminée de briques rouges.

Bonjour Je m’appelle Patrick Elies. Je suis né dans la baraque de ma grand-mère au Bouguen

Merci beaucoup Georges pour ton mail très chaleureux. 

Sur les 5 chansons c’est la chanson les baraques qui a le plus  de vues : Super que tu puisses relayer largement autour de toi. 

Si par hasard vous vouliez organiser une soirée cabaret chanson française je serais heureux de pouvoir me produire à  Brest.

Bonjour

Je m’appelle Patrick Elies. Je suis né dans la baraque de ma grand-mère au Bouguen. Puis j’ai habité au Bouguen centre jusqu’à l’âge de 15 ans.

Je suis auteur compositeur interprète et j’ai écrit une chanson sur les quartiers de baraques. Il y a 3 semaines j’ai donné un concert accompagné par 3 musiciens. Un copain à filmé entièrement 5 de mes chansons dont les baraques puis a mis les vidéos sur You Tube. La chanson  » les baraques  »

Je compte sur vous pour visionner les vidéos au maximum et faire connaître cet art du vivre ensemble et cette solidarité qui existaient à l’époque dans les quartiers de baraques. 

Si l’on pouvait s’en inspirer aujourd’hui au lieu de vivre chacun dans son coin.

Bien cordialement et à  bientôt de tes nouvelles. 

Patrick

Sous le port de commerce, la grève. Brest d’hier et d’aujourd’hui. David Cormier. Le Télégramme de Brest.

Le Porstrein, vue de la gève, des maisons situées au bas des fortifications. À l’arrière-plan, la cheminée d’une usine. Auteur inconnu, Collection des Archives de Brest.
L’anse de Porstrein et le « Petit Jardin », avant le commencement des travaux du port de commerce, à Brest (vers 1860)




Source du document. Archives Municipales de Brest




Maisons des pêcheurs. Source du document Archives Municipales de Brest

C’était encore le temps où le port de commerce se trouvait à l’étroit dans la Penfeld militaire. Après l’arrivée de la photographie. Donc dans une fenêtre temporelle assez précise, en plein milieu.  XIXe siècle. On ne connaît pas l’auteur de ce cliché du Porstrein, conservé aux Archives de Brest.

« On y trouvait aussi des fours à chaux, dont l’odeur incommodait les bourgeois qui vivaient au-dessus. La chaux, était utilisée pour construire les fortifications, avec la pierre qui venait de l’île Ronde », devant la pointe de Plougastel, narre Olivier Polard, historien Brestois.

Sur la falaise des fours à chaux.
Document iconographique d’une personne voulant sauver les fours à chaux. 
Encore sur la falaise,
La fontaine avec une aiguade superbe dont il est même possible de régler le débit par un système très ingénieux – C’est un véritable lieu magique.

Sur la falaise des fours à chaux
Document iconographique d’une personne voulant sauver les fours à chaux. 
Vestige sur falaise,
Le plus grand four à chaux conservé – 8 m de diamètre à l’intérieur et le conduit intact.

   Il est toujours émouvant d’imaginer le passé de Brest.
« Rappelle-toi, Barbara ». Il pleuvait sur Brest ce jour-là » l’amour sincère dans ce décor dont « il ne reste rien ».
Je ne veux pas faire dans le romantique encore que. La poésie est parfois bonne conseillère et adoucie les mœurs.
Lorsque des vestiges « anodins » surgissent à Brest, ceci prend pour nous des indices de valeur différents d’ailleurs.
Sur l’ancien port de Porstrein, un simple article a mis le quartier, et même des chercheurs en expectative :
Extrait J.Foucher (cahiers de l’Iroise 1962) :


en 1810 et jusqu’au Second empire, l’anse de Porstrein, située alors sur le territoire de la commune de Lambézellec n’était qu’une grève comme il y en a tant aujourd’hui autour de la rade. Elle s’étendait des murailles du château aux falaises qui dévalaient des hauteurs de Kérourien jusqu’au Moulin-Grivart.


A cette époque il y avait trois fours à chaux – M. Pouliquen entrepreneur et maire de la ville en exploitait deux, l’autre étant la propriété d’un nommé Derrien, également entrepreneur.

Ces fours étaient alimentés par les calcaires de l’Ile Ronde et de Roscanvel.
Le chauffage se faisait au bois (fagot de genêt, d’orme, de hêtre) ; À eux trois ces fours fabriquaient annuellement 7200 barriques de chaux vive.


Les fumées qui s’élevaient de ces installations dégageaient des odeurs assez fétides – se mêlaient celles de la tannerie voisine, exploitée par Pouliquen où dominait l’odeur d’huile de poisson, employée dans la préparation des cuirs.
D’autres sites existaient dans cet environnement qui a été TOTALEMENT ignoré dans l’après-guerre – le port Napoléon a signé la fin de toute cette activité –


Une chance formidable se présente car, nous avons retrouvé les vestiges de ces fours à chaux et … les traces très bien conservées du village que « ces lambézelecquois HABITAIENT pour y travailler à la construction et fournir un cuir de bonne qualité »
Fours à pain, forge … Tout y est – une fontaine lavoir avec eau potable.
il ne s’agit bien sûr plus de souvenirs ici et il ne faudrait pas que cela le devienne, car, cela voudrait dire, que les traces de l’histoire auraient disparues pour un projet immobilier.


Même la Direction des Affaires Culturelles de Bretagne trouve une valeur patrimoniale LOCALE à ceci pour une ville « cruellement privé de traces de son passé »  Pour situer, ces vestiges se trouvent au dessus de la Carène.  

Mais les constructions ont eu raison de cette mémoire d’avant, hélas pour notre patrimoine.  

Financé par le second Empire
Le port de commerce allait se développer là, au pied des fortifications, sur la mer, au début des années 1860, précédant de très peu le train. Un mouvement soutenu financièrement par Napoléon lll (venu à Brest en 1858) et son régime. « Il y avait, à l’époque de vieilles maisons de pêcheurs tout le long du bas des remparts, jusqu’à l’actuel Parc-à-Chaînes ».

Casino, usine à gaz et bunker
« Avant la Seconde Guerre mondiale, les fours ont été un peu délaissés », poursuit un autre historien brestois, Yves Coativy. « Plus loin, il y avait le casino,  l’usine à gaz eu une usine de démolition de bateaux. 

Source du Document M. Grannec

Plutôt un lieu où l’on venait danser et boire que jouer, d’ailleurs. Et derrière la Carène et le club de tir, les Allemands avaient laissé des bunkers pas terminés, destinés à servir d’hôpital souterrain. On en voit encore la trace ». Si on se place à peu près au même endroit qu’il y a cent soixante ans, on est gêne par un immeuble. Il faut s’approcher et réussir à prendre un peu de hauteur pour que la salle de spectacle ne cache complètement pas les fortifications. 


Un casino a existé à Brest, 1897 à 1916, dans le quartier de Saint-Marc (©Tous droits réservés Archives de Brest)

Qui appelle cela encore le Porstrein ?
Combien de Brestois appellent-ils encore cet endroit le Porstrein ou Porz Trein, « le port aux buissons d’épines » ? De nos jours, on désigne cet espace situé au pied des remparts, du Cours Dajot, sous le nom de « polder » ou plus souvent « port de commerce » voire, pour faire plus brestois, « le port de co ». 



Porstrein


. Moulin Grivard (Peinture) Le port avant


Lavandières au lavoir du Moulin Grivard. Source Archives Municipales de Brest.
Sur la carte postale précédente de Porstrein. Nous apercevons en haut à gauche le linge des lavandières qui sèche, et la maison au-dessus du lavoir.   


Annexé à Lambé !
Il s’agissait autrefois d’une anse prisée de la population pour s’y promener, avec sa plage, ses bateaux de pêche… Son village, aussi. Tandis que Lambézellec, qui s’étendait jusqu’au château, revendiquait ce territoire hors des murs de Brest, cette dernière l’a annexé en avril 1847. Ce n’était qu’un début… Lambé et d’autres communes voisines allaient suivre en 1945. 
Du nom Porstrein, il reste la trace sur des plaques de deux rues, dans ce secteur : celle de Porstrein, qui longe Le Fourneau et Porstrein-La pierre, qui descend derrière la Chambre de commerce de d’industrie métropolitaine Bretagne-Ouest, finissant le chemin. 
Le nouveau quartier veut évoquer l’activité marine.
Tout un quartier continue à pousser sur le polder accueillant, depuis les années 1860, le port de commerce de Brest. Des immeubles de bureaux se dressent encore en ce moment sur les remblais complétant l’offre parmi des hôtels, bars, restaurants, commerces et salle de spectacle. Les anciens rails, encore apparents par endroits, sont longés depuis ce printemps par une piste cyclable. 


De rouille, de vert et de rouge

La Carène occupe l’espace au pied des remparts, tout comme les entreprises et des bureaux. Source du document le Télégramme

Le nom de la Carène, moderne salle des musiques actuelles ouverte en 2007, et sa couleur rouille rappellent l’activité navale d’entretien des coques des navires dans les formes de radoub voisines. Deux bâtiments contemporains arborent chacun, dans un angle, la couleur (le rouge et le vert) des balises d’entrée au port. Comme, les
Capucins, le Passage des Arpètes perpétue le souvenir de l’activité industrielle passée.

Le Port année 1920
Le Port année 1950

BARAQUES BLUES

Entre 1944 et 1975, 40.000 Brestois ont vécu dans 3.000 baraques en attendant d’être relogés, après la destruction de la ville. La réalisatrice Brigitte Chevet, dans son film « Baraques Blues », évoque cette période qui appartient à la mémoire collective. Ceux qui l’ont vécue en parlent avec une certaine nostalgie.

Baraques Blues

Baraque type YK 100.

Brigitte Chevet
Photo : la coopérative et la cité du Bouguen sous la neige, pendant l’hiver 1955. Source du document Le Bouguen.


Après le siège de Brest en 1944, la ville n’était plus que décombres. 10.000 immeubles et habitations avaient été ensevelis par les bombes et les obus.

Source du document alain.liscoet

S’imposa la nécessité de reloger ceux qui avaient tout perdu. En attendant la reconstruction « en dur » dont les plans naquirent en 1948, apparurent les « baraques », françaises

Baraque française, source Mémoir de Soye, Association.

Source Le Bouguen, Association

ou américaines, en bois ou en fibrociment,

Baraque en Fibro Ciment, source Le Bouguen,Association

sans oublier celles des cheminots. Des pierres, provenant des ruines, servaient au soubassement.

Baraque des cheminots, source Wiki Brest

Ces conditions précaires qui, pour certains, durèrent jusqu’en 1975, n’en engendrèrent pas moins une vie collective riche de chaleur humaine et d’entraide. 40. 000 Brestois séjournèrent ainsi dans ces baraquements qui se comptèrent jusqu’à 3.000. La réalisatrice. Brigitte Chevet a choisi en 2003 de faire revivre ces heures dans « baraques Blues », un film de 52 minutes,

pour garder une trace de notre histoire, dans notre mémoire collective. Un engouement certain qui atteste de la volonté des Brestois de ne pas oublier ce que fut la vie de leur cité dans ces années-là. Le passé d’hier ne doit pas redevenir le présent de demain. Paix. Amitié.

DIMANCHE D’HIVER AUTOUR DES FOURNEAUX

Autour des Fourneaux

Témoignage de Joël Le Bras :
« Je me rappelle avec un peu d’amertume, ces dimanches d’hiver au Bouguen où nous guettions avec impatience-seule vraie distraction en définitive le passage attendu, aussi bien des gens de gauche que ceux de droite, du crieur de « L’Humanité Dimanche ». La lecture de ses pages très variées complétait l’écoute de la radio, du « Disque des auditeurs » au « Grenier de Montmartre » en passant par « la famille Duraton » et les reportages sportifs de Georges Briquet. La Famille Duraton est un feuilleton radiophonique créé par Radio-Cité en 1936. Alors, on se calfeutrait autour des fourneaux de cuisine, bourrés de charbon jusqu’à la gueule, tandis que les carreaux des fenêtres ruisselaient sans fin sous l’effet de la condensation. Pas d’autobus, bien sûr, s’aventurant aussi loin. Le temps d’en attendre un, Bouguen-Poterne, pour rejoindre la ville était si interminable qu’on préférait finalement la marche à pied par le Moulin à Poudre et les rudes escaliers de la rue Latouche Tréville ». 

Les rudes escaliers. Source du document Madame Menez Lorient

Brigitte, chevet a intitulé son film « baraques Blues », un titre qui rend bien le sentiment de nostalgie que le sujet évoque pour de nombreux Brestois. Ils furent, en effet, 40. 000 à vivre dans ces habitations de fortune conçues pour être provisoires au lendemain de la guerre mais dont les dernières ne disparurent qu’en 1975.

Les dernières baraques Brest, quartier du Polygone, année 1980.

Mais la réalisatrice, parodiant Sacha Guitry, aurait aussi pu appeler son document « Si les baraques m’étaient contées », tant il amène à feuilleter les pages d’une partie de l’histoire de la ville. Avant Brigitte Chevet, un ouvrage collectif paru aux éditions du Télégramme (« J’ai vécu en baraque. ») avait déjà évoqué avec de nombreuses photos et des témoignages tour à tour drôles et émouvants ce que fut cette période de vie collective et chaleureuse. L’association des anciens du Bouguen, des amis du Polygone-Point du Jour, de Kérangoff, avec le concours de tous les anciens des baraques. Surtout les amis du Polygone-Point du jour, sans qui la vie des baraques ce serait perdu sans jamais refaire surface, la première grande fête et à leur détermination de faire revivre cette époque.

Livre « j’ai vécu en baraque »

« Un travail universitaire avait été consacré à la question, mais, pour Brigitte Chevet, le vrai déclic s’est produit lorsque des amis très proches de mes beaux-parents, des Brestois, n’ont parlé de leur enfance e baraque », me raconte Brigitte chevet, à notre première rencontre à Brest, pour démarrer cette histoire. (Moi Georges Perhirin). Ensuite, la cinéaste est partie à la rencontre de  ceux qui ont passé leur jeunesse du côté de ces 25 cités réparties à travers la ville. Les nécessités du temps faisaient que s’y côtoyaient toutes les classes sociales : « De l’ouvrier maçon au libraire, en passant par le pharmacien, l’artisan, le commerçant, explique Brigitte Chevet. Les plus fortunés furent les premiers à les quitter, les autres restèrent plus longtemps. Il existait un brassage égalitaire, convivial et spontané, sans qu’il ait été besoin d’être décrété. Ce qui explique sans doute la nostalgie que continue à susciter cette période où l’égoïsme n’était pas de mise ».     

 

« On oubliait de payer le loyer ! ».
Dans « J’ai vécu, en baraques », « Tout le monde ne payait pas son loyer, loin s’en faut, (à l’époque pas de RMI, pas CMU, Manque d’aides, ce n’est pas comme aujourd’hui), ou tu as les Restos du Cœur, les secours Catholiques, l’association de Tonton Pierre, le chômage, là Le Papa, devait fournir la preuve des 120 heures de travail dans le mois pour avoir le droit aux allocations, familiales. Sinon, c’était zéro franc. 

Ce n’étaient pas les vacances comme en 2020. Le loyer pourtant, il s’agissait d’une somme très modique ; mais à l’époque, le paiement systématique n’était pas encore entré dans les mœurs, et on oubliait facilement de s’acquitter de cette obligation. Mais plus tard, lorsque des familles du Poly ou du Point du Jour, ou du Bouguen voulurent aller goûter le confort dans de nouveaux quartiers en « dur » qui fleurissaient à Brest, on leur demanda alors de régler tous les arriérés des loyers non payés. En cas de refus, l’attribution du nouveau logement était remise en question. Heureusement, avec le MRL local (ministère de la Reconstruction et du logement),on parvenait toujours à trouver une solution ». 

Une partie du bureau du Bouguen. Une baraque Française, une baraque type Uk 100, américaine . Georges Perhirin, Gérard Le Mérour, Olivier Le Coq, Jean Pierre Le Roi, Françis Tanne. Source du Document Ouest France

Un hommage à Jean Lazennec et le commentaire de Brigitte Chevet.
Pour les besoins de « Baraques Blues », BRIGITTE Chevet a, bien sûr pu s’appuyer sur des interviews, mais aussi sur des documents d’époque. « J’ai pu réaliser un énorme travail de collectage grâce, en particulier, aux associations des quartiers concernés. J’ai récupéré ainsi environ 300 photos pour en garder dans le film 80. En revanche, les documents filmés sont très rares, sauf évidement les films de famille tournés par des amateurs au moment des fêtes ou des premiers pas des bambins ». Remerciements à Mme Lazennec dont le mari Jean aujourd’hui décédé, fixa sur la pellicule des scènes qui participent aujourd’hui à la mémoire collective. Jean Lazennec, qui fut membre du club des cinéastes amateurs brestois, anima surtout pendant de longues années le ciné-club de Saint-Marc. Il inculqua alors le goût de l’image à une foule de lycéens. Parmi eux, figuraient Olivier Bourbeillon et Gilbert Le Traon. Le premier est, à son tour passé derrière la camera. Le second dirige la cinémathèque de Bretagne… (Je parle du 19 Mars 2003), l’association des Anciens du Bouguen, à l’autorisation si besoin de se servir des films au cas où elle en aurait besoin.     Une partie de l’article de Monsieur André Rivier, Le Télégramme de Brest.   

 Quelques Hommes qui parlent du Bouguen, et de la ville de Brest.

Jean Kermarrec
Ce sont les Brestois qui ont reconstruit leur ville et les fondations sont là-bas, au Bouguen, dans la solidarité du peuple des baraques. « Je suis des baraques et j’aime bien parler de la reconstruction », avoue Jean Kermarrec en achevant son histoire qu’il trouve bien « ordinaire ».  Et il s’en accommode, faisant sienne cette phrase de Jean-Pierre Abraham, l’écrivain un temps gardien du phare d’Ar Men : « Il est plus important de réussir sa vie que de réussir dans la vie. » 


Jérôme Félix a dû batailler pour faire accepter que l’intrigue de sa BD se déroule à Brest.

BD parlant de Brest Série La lignée


Mourir à 33 ans. Cruel destin pour les fils aînés de la famille Brossard. Une malédiction qui s’étend sur plusieurs générations. Que fait-on lorsque qu’arrive l’année fatidique ? C’est la ligne directrice d’une saga qui s’étend sur quatre récits. Quatre histoires complètes qui se lisent de manière indépendante. Sortie dans la collection Grand Angle (Bamboo éditions), c’est une œuvre collective de quatre scénaristes. Laurent Galandon, Jerôme Félix, Olivier Berlion, Damien Marie.
Dessiné par Xavier Delaporte, le deuxième tome de la série se déroule à Brest. Le Brest de la reconstruction, le Brest des baraques en 1954. Sur fonds de revendications sociales, un jeune prêtre, Marius Brossard, s’installe en ville. Il découvre qu’un prêtre-ouvrier organise des cambriolages pour venir en aide aux populations locales. C’est le point de départ d’une histoire richement documentée sur le vécu de la ville et de ses habitants. S’y mêlent pour le besoin de l’intrigue, des libres adaptations de l’histoire de la ville et quelques libertés chronologiques telles que l’explosion du cargo 
Océan Liberty (1947), la répression violente des manifestations ouvrières (1950) mais l’ouvrage restitue fidèlement la vie dans les baraques.
Les auteurs ont d’ailleurs mené leur recherche avec l’aide du scénariste brestois Kris, l’ancien syndicaliste Raymond Laisney, et des membres de l’association des Anciens du Bouguen. Un dossier spécial, réalisé avec le service patrimoine de la ville de Brest accompagne la bande dessinée.

Cité de Baraques Brest

Baraque demi lune, de l’armée
Baraque type UK 100 Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen

Baraque type Baraque Française Mémoire de soye. Source Le Bouguen

Baraque type Baraque Canadienne Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen
Aménagements intérieurs Type UK 100. Angleterre

Aménagements intérieurs Type UK 100. Angleterre

Aménagements intérieurs .
Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen

Aménagements intérieurs .
Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen


Aménagements intérieurs Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen 

Aménagements intérieurs .
Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen
Les trois baraques
Ploemeur Mémoire de soye. Source Mémoire de Soye
Baraquements de Carhaix. Source Le Bouguen.

Baraquements de Carhaix. Source Le Bouguen.
Cité de Baraques en Angleterre. Source
La photographe Elisabeth Blanchet
Les quartiers  Baraques Brestois. Après Guerre
Bouguen . Bragen. Bergot. Bellevue. Bois de Sapins. Bains-Douches. Foch. Forestou.  Gelmeur. Kérangoff. Kerebezon. Kéredern. Levot. Le Landais.    
Place de Bretagne .Polygone –Butte. Point du Jour .Place Sane. PolygoneCaserne.
Pont-Neuf .Paul Doumer .Place du Bot .Poul-Ar-Bachet .Rouisan

Brest d’hier et d’aujourd’hui

D’après le Télégramme de Brest

L’entrée du camp de « Ponty », à la fin de la première Guerre mondiale. Un peu au nord de l’actuel quartier de Pontanézen. Collection des Archives de Brest

Pontanézen : des camions militaires au tramway

Les camions américains stationnés dans le parc automobile du camp de Pontanézen (Archives municipales de Brest)

David Cormier

« C’était il y a un siècle, il y a une éternité », chanterait le Franco-américain Joe Dassin. On imagine assez mal aujourd’hui l’impact sur Brest et ses enivrons de la présence massive et soudaine des soldats américains, deux ans durant, de la fin 1917 à décembre 1919.

Des dizaines de baraques au bas mot

Il faut se figurer ces bateaux bondés de jeunes hommes ne parlant français, encore moins breton, venus prêter main-forte aux troupes européennes dans ce premier conflit mondial qui s’enlisait. Ces dizaines de baraques, au bas mot, construites à la va-vite à lambé, le fameux camp de Pontanézen. «  En fait, cela se trouvait un peu au-dessus de l’actuel quartier de Pontanézen, où l’on trouve les immeubles, plutôt sur la route de Gouesnou », précise Olivier Polard, historien. Là où se sont dressés un Hôpital puis un camp de Napoléon (où étaient enfermés des Noirs venus des Antilles pour ne pas qu’ils se mélangent à la population) devenu caserne à l’inconfort notoire, et un champ de manœuvres.

Entre L’Hermitage et Kergaradec

Aujourd’hui, on y trouve le quartier Buquet de la gendarmerie, l’école d’ingénieurs Ensta, la maison d’arrêt et la zone économique de l’Hermitage, en développement. Le tramway monte vers Gouesnou, à peu près à l’endroit où se trouvait l’entrée du camp.

De nos jours, la montée du tramway sur la route de Gouesnou se trouve à peu près sur le bord est de l’ancien camp militaire américain.

« Broadway Boulevard » ou le « Boulevard du retour », disait –on à l’époque. Les deux étoiles du commandant Smedley D. Butler s’affichaient sur la porte, comme le 8 d’argent traversé d’une flèche, insigne de la 8e division, dite Pathfinder et l écusson du camp, avec ses caillebotis essentiels à son bon fonctionnement, pour dompter la boue. Côté intérieur était écrit, au lieu de « Welcomme » (bienvenue), « América go speed » (Amérique va vite »).              

638 structures provisoires, des centaines de milliers de soldats

Camp de Pontanézen

Des dizaines de milliers de « doughboys » (soldats américains) ont débarqué dans le port de Brest en quelques mois. Rien qu’en juillet et août 1918, il y en a eu plus de 200 000, se relayant jusqu’à dépasser les 110 000 en même temps sur le site, soit les populations de Brest et Lambézellec réunies. Sur  687 ha, en quatre mois, ce sont dressées 638 structurés, dont « 48 quartiers des officiers, 48 salles de mess, quatorze grandes cuisines, quatre foyers, 125 latrines et des locaux religieux », selon le passionné d’histoire Marcel Hervé, notamment dans les cahiers de l’Iroise 225, en 2017.     

Inspection du général américain Pershing: vue du rassemblement des soldats sur les quais du port de commerce de Brest (Archives municipales de Brest)
Le Far West aux portes de Brest

1,2 million d’entrée au cinéma en mars 1919

Le rituel, pour les « Sammies », leur autre surnom, était le suivant : douche, badigeonnage, douche à nouveau pour une bonne désinfection, au   rythme de 4 000 à l’heure. Puis remise de l’uniforme. Jusqu’à 7500 repas pouvaient être servis à l’heure. Il fallait aussi occuper les soldats, pour les dissuader de trop traîner en ville. Un auditorium de 3000 places, douze foyers YMCA (les fameux Youg Men’s Christian Association-genre d’auberges de la jeunesse- chantés plus tard par les Villages People), onze de la Croix-Rouge. Le cinéma aurait cumulé en mars 1919 environ 1,2 million d’entrées ! Autre époque…  

Cinéma théâtre

 La population locale passe de l’espoir au rejet

Passés l ‘exotisme, le modernisme (les premières notes de jazz en Europe), l’espoir de victoire surtout et, localement et prosaïquement, le débouché commercial amenés par ces troupes américaines, la population locale a commencé à déchanter, jusqu’à réclamer leur départ L’arrivée par bateaux, courant 1918, de la ravageuse grippe dite « espagnole »,

causant la mort de milliers de soldats et de Bretons, a sans doute constitué un tournant. La hausse des prix induite par cette nouvelle population,  les méfaits de l’alcool, le développement de la prostitution et des violences, le fait que d’aucuns s’affichent en ville avec de jeunes Brestoises, munis de signes extérieurs de relative richesse, le développement de bars clandestins à Lambé, Gouesnou et Guipavas pour ce que l’on n’appelait sans doute pas encore des « after », après l’extinction des feux à 23 h, ont posé problème. À  noter que la communauté chinoise (un millier de personnes ?) mise à disposition des soldats américains, à dû plier bagage également, et rentrer au pays.

La Grippe Espagnole
la grippe Espagnole
Grippe espagnole, cimetière de Pen-Ar Vally (Lambézellec)

1917 est une année charnière dans la guerre de 1914-1918, notamment grâce à l’entrée en guerre des Etats-Unis. Le débarquement à Brest, et la vie autour de Brest des soldats américains arrivés en 1917 et 1918. Avec l’histoire de la musique (l’arrivée du jazz, et le lien entre cette musique et le développement de l’industrie du disque).

L’arrivée du Jazz
On considère que plus d’un millier de musiciens noirs ont joué en France durant 1918 et 1919 dans ces orchestres militaires. Ceux-ci jouaient à peu près tous le même répertoire, qui comprenaient de la musique classique européenne, de la musique « légère » américaine, de la musique militaire, de compositions de ragtime, quelques morceaux que l’Original Dixieland Jazz Band avait enregistrés en février 1917 à New York, et de la musique du Sud des Etats-Unis (spirituals et plantation mélodies).


l’arrivée du jazz, et le lien entre cette musique et le développement de l’industrie du disque.

Famille Hendrycks. Hendrycks (rue Arthur) Quartier Du Bouguen

En 1979, la municipalité décide d’honorer un Brestois d’adoption qui a été à plusieurs titres un honneur pour la ville. Arthur Hendrycks naît en 1891 en Belgique, où son père est rémouleur et parcourt les rues des bourgs, poussant sa charrette pour affûter les couteaux.

  
 

Un jour, ce même père par à pieds avec sa famille pour chercher fortune. Ils marchent en direction de l’ouest et parcourent en quelques semaines les 1 200 kilomètres qui les amènent à Brest. Arthur a 13 ans. Il assiste déjà son père, notamment pour appuyer sur les pédales et faire tourner la meule. En 1911, « Tutur » (surnom amical) a 20 ans et, bien que devenu « Ti zef » (brestois en langage populaire), il est toujours belge. Il doit reprendre le chemin de son pays pour effectuer son service militaire. Le premier conflit mondial  éclatant, c’est sous l’uniforme  belge qu’il enchaîne la Grande Guerre. En mars 1917, il se marie avec une Française, Marie Weiss.

Marie Weiss

Le 19 avril 1919, il est démobilisé. Il est maréchal des logis. Mais lorsqu’on a vécu à Brest, on a envie d’y revenir. C’est donc ce que fait « Tutur Hendrycks » dès sa libération. Employant sa prime à l’achat de matériel, il reprend son métier de rémouleur entre Saint – Pierre et Saint – Marc. Puis très vite, il va avoir un coup de foudre. Comme d’autres peuvent découvrir le pôle Nord, lui découvre le vélo.

Arthur Hendryckx



Arthur Hendryckx et Favé
Quartier du Bouguen. Photo collection Famille Hendrycks, avril 1954, devant la baraque de ma tante Mme Le Gall Robert, baraque A 6 Bis Bouguen Nord Est, le jour du circuit du Bouguen, avril 1954. Le circuit le 25 avril 1954, avec pour vainqueurs, 1er Mel Francis, 2er Hamon, 3er Kermarrec R.

Ayant acquis une bicyclette rutilante, il participe en 1920 à sa première course. À près de 30 ans, sans jamais s’être entraîné, il termine troisième. Son destin de cycliste est en route. En 1924, il a déjà gagné plus de 200 courses dans tout l’Ouest. C’est la consécration. Il va disputer le Tour de France dans la catégorie des touristes routiers.

Pourquoi l’article sur la Famille Hendrycks, ayant habité, quartier Du Bouguen, cette Famille des baraques,   glorifie, aussi le peuple des quartiers des logements provisoires. Respect à vous et à vos anciens.      

Tour de France 1926.


Tour de France 1926.

Malheureusement, souffrant des chevilles, il doit abandonner lors de l’étape Brest/Les Sables d’Olonne. L’année suivante lui sourira davantage. Il se classe vingt – deuxième de la grande boucle, qui est alors une véritable odyssée. Il subit 72 crevaisons. Les dérailleurs n’existent pas. Pour des étapes de 450 kilomètres, on part à 2 heures du matin pour arriver à 8 heures du soir. E tant que coureur indépendant, Hendrycks doit s’occuper  de tout : sa nourriture, son couchage à l’étape, les pièces de rechange, etc. (Que feraient nos sportifs d’aujourd’hui ?) Il prend encore le départ du Tour de 1926, mais victime d’une chute collective et blessé, désespéré, il ne pourra terminer. Il a maintenant 35 ans, et il faut penser à l’avenir. Pour entrer à l’arsenal, il se tait naturaliser français. Il y sera riveur pneumatique jusqu’en 1942,

date à laquelle il prend sa retraite. En parallèle, il anime des courses locales au vélodrome de Kerabecam.

Il en deviendra la coqueluche jusqu’à sa fermeture en 1936. Ne pouvant rester inactif, il reprend son métier de rémouleur, mais les bombardements détruisent son matériel. Il en faut plus pour le décourager. Il entre dans la défense passive et aura une activité de propagandiste résistant. Il s’occupe également de l’hébergement de résistants en mission. Il fait ainsi son devoir et même un peu plus. Le ministre de l’Intérieur lui adressera personnellement sa gratitude. Après la guerre, on le retrouve de nouveau rémouleur, et en 1946, « Tutur » se motorise. Il achète une 301 qu’il modifie en atelier.

La Peugeot, 301.

Il parcourt encore longtemps les routes du Finistère avant de disparaître à Brest en 1977.      

Article Gérard Cissé Brest au coin des rues, (Petites histoires des quartiers Brestois).  

  

Arthur Hendrycks

Les tours de France d’Arthur HENDRYCKS
D’après le site http://www.memoire-du-cyclisme.net
1924
Engagé dans la catégorie  » Touristes routiers  » avec le dossard n °266 sous la nationalité Belge (naturalisé français le 11/11/1925).
Les étapes du 22/06/1924 au 20/07/1924
1. Paris-Le Havre, 381 km, 73ème à 1h 17mn 4s
2. Le Havre-Cherbourg, 371 km, 77ème à 1h 27mn 21s
3. Cherbourg-Brest, 405 km, 63ème à 1h 03mn 55s
4. Brest-Les Sables d’Olonne, 412 km, non classé, au-delà du 97ème rang ou abandonne…
5. Les Sables d’Olonne-Bayonne, 482 km.
6. Bayonne-Luchon, 326 km.
7. Luchon-Perpignan, 323 km.
8. Perpignan-Toulon, 427 km.
9. Toulon-Nice, 280 km.
10. Nice-Briançon, 275 km.
11. Briançon-Gex, 307 km.
12. Gex-Strasbourg, 360 km.
13. Strasbourg-Metz, 300 km.
14. Metz-Dunkerque, 433 km.
15. Dunkerque-Paris, 343 km.
1925
Engagé dans la catégorie  » Touristes routiers  » avec le dossard n °142 sous la nationalité Belge (naturalisé français le 11/11/1925).
Les étapes du 21/06/1925 au 19/07/1925
1. Paris-Le Havre, 340 km, classé 83ème à 2h 07mn 02s
2. Le Havre-Cherbourg, 371 km, classé 88ème à 2h 04mn
3. Cherbourg-Brest, 405 km, classé 69ème à 2h 08mn 05s
4. Brest-Vannes, 208 km, classé 56ème à 56mn 52s
5. Vannes-Les Sables d’Olonne, 204 km, classé 64ème à 19mn 25s
6. Les Sables d’Olonne-Bordeaux, 293 km, classé 64ème à 24mn 02s
7. Bordeaux-Bayonne, 189 km, classé 61ème à 43mn 55s
8. Bayonne-Luchon, 326 km, classé 59ème à 4h 32mn 54s
9. Luchon-Perpignan, 323 km, classé 52ème à 3h 17mn 06s
10. Perpignan-Nîmes, 215 km, classé 55ème à 46mn 29s
11. Nîmes-Toulon, 215 km, classé 40ème à 51mn 26s
12. Toulon-Nice, 280 km, classé 48ème à 1h 11mn 05s
13. Nice-Briançon, 275 km, classé 51ème (et dernier) à 3h 29mn 37s
14. Briançon-Evian, 303 km, classé 48ème à 2h 31mn 26s
15. Evian-Mulhouse, 373 km, classé 49ème à 2h 17mn 15s
16. Mulhouse-Metz, 334 km, classé 44ème à 1h 02mn 31s
17. Metz-Dunkerque, 433 km, classé 39ème 1h 52mn 35s
18. Dunkerque-Paris, 343 km, classé 43ème à 46mn 53s
Finalement :
 » 130 partants
 » 49 classés
 » Arthur Hendrycks est 47ème à 30h 26mn 16s, après 5430 km à la moyenne de 24,775 km/h pour le vainqueur Ottavio BOTTECCHIA en 219h 10mn 18s
1926
Engagé dans la catégorie  » Touristes routiers  » avec le dossard n °164 sous la nationalité française (naturalisé français le 11/11/1925).
Les étapes du 20/06 au 18/07/1926
1. Evian-Mulhouse, 373 km, 67ème à 2h 16mn 37s
2. Mulhouse-Metz, 334 km, 85ème à 1h 34mn 38s
3. Metz-Dunkerque, 433 km, 88ème à 3h 36mn 47s
4. Dunkerque-Le Havre, 361 km, non classé (abandon ?)
5. Le Havre-Cherbourg, 357 km
6. Cherbourg-Brest, 405 km
7. Brest-Les Sables d’Olonne, 412 km
8. Les Sables d’Olonne-Bordeaux, 285 km
9. Bordeaux-Bayonne, 189 km
10. Bayonne-Luchon, 323 km
11. Luchon-Perpignan, 323 km
12. Perpignan-Toulon, 427 km
13. Toulon-Nice, 280 km
14. Nice-Briançon, 275 km
15. Briançon-Evian, 303 km
16. Evian-Dijon, 321 km
17. Dijon-Paris, 341 km

C’est beau, c’est tendre, ça raconte des histoires d’hommes et de baraques. Celles de la reconstruction, de l’après-guerre. À Lorient, ça nous parle. Une expo à voir absolument à l’Hôtel Gabriel. Article Ouest France

Elisabeth Blanchet, photographe.

À L’Hôtel Gabriel, en immersion dans une baraque: Vanessa Hue, directrice adjointe du Patrimoine, Mickaël Sendras, président de Mémoire de Soye: Xavier Argotti, président de l’association Préfab; Elisabeth Blanchet, photographe; Bruno Blanchard, adjoint; Patricia Drenou, directrice du Patrimoine; Emmanuelle Williams adjointe Article ouest France avec les photos.

À Lorient, 2019, c’est l’année des baraques. Après l’inauguration, lors des Journées du patrimoine, d’une baraque reconstruite près des lavoirs du Rouho, voilà l’acte II. Une expo qui s’appelle Préfabuleux, à découvrir absolument à l’Hôtel Gabriel. Bien joli nom qui met autant l’homme que le bâti au cœur des photos.

« Elles étaient censées durer dix ans. Soixante-quinze ans après, elles sont des milliers encore habitées. » Elisabeth Blanchet a baladé son œil et son appareil photos au Royaume-Uni, – elle a résidé quinze ans à Londres -, et aux États-Unis. En quelque sorte, elle est devenue une « experte des baraques d’après-guerre », glisse-t-elle dans un large sourire. En 2014, elle a même créé un musée.

À ce jeu de passionnés, elle a trouvé un compère « dénicheur de baraques » dans la personne de Mickaël Sandra. 36 ans. La moitié de sa vie à présider Mémoires de Soye. Association bien connue, ici, dans le pays de Lorient, où le mot « baraques » a une place si particulière dans les cœurs de nombreuses familles.

« Comment j’habite ma maison »

Ces maisons si fragiles, « ce patrimoine mal connu, mal perçu », renvoient à l’heure où des villes étaient quasiment rayées de la carte, où des populations ont dû être évacuées. Et puis, quand sonne le retour, il a fallu « reconstruire. » Vite. Comme on pouvait. Dans ces baraques, – « on les appelle maisons de cartons au Havre » -, des solidarités se sont construites sur de la précarité. Oui, c’est de l’architecture (on est en plein dans la semaine), mais c’est aussi notre héritage.

Et c’est actuel. « Cela nous pose cette question : comment j’habite ma maison ? » Emmanuelle Williamson, adjointe à la culture, met en exergue que Lorient a joint le club Prismes des villes reconstruites (18 adhérentes). « L’idée est de partager avec les autres communes les problématiques d’architecture. » Cela interroge le vieillissement des bâtis, leurs isolations, l’accessibilité pour des populations de plus en plus âgées. Avec l’envie de « garder le cachet » propre à ces habitations. 

Outre l’implication de Xavier Argotti, président de l’association Préfab, l’exposition offre un tendre regard sur ces baraques d’ici et d’ailleurs. À travers des animations pour les enfants, des visites découvertes, le public pourra affiner ses connaissances. Et pour aller plus loin, une journée d’étude a lieu le 6 février sur les préfabriqués.

visite commentée de l’exposition, à l’Hôtel Gabriel, dans l’enclos du port. Entrée libre. Exposition visible jusqu’au 14 juin.

Baraques type UK 100, ville de Lorient
Un quartier de Baraques Lorient, source photos Archives Lorient, Télégramme, Ouest France
Lorient
Soye Baraque
Olivier et Georges, de Brest en visite à Lorient pour l’exposition.

Hommage aux fusillés du Bouguen

Jean Pierre Le Roi. Guilers. Rends un hommage pour les 75 ans de la libération, de la ville de Brest à des hommes qu’ils sont pour lui à juste raison des héros.

Les Souvenirs d’un Ancien du Bouguen un devoir de mémoire pour lui, jean Pierre le Roi.
Il y avait au Bouguen, une grande église une baraque en bois noir.

La grande église du Bouguen

Où s’installaient les cirques ambulants, avec leurs chevaux et roulottes. Sur cette même pelouse dans les années 50, nos parents étalaient des couvertures pour causer surveillant les enfants qui jouaient. Sans imaginer que sous leurs pieds, dans le sol, reposés des héros, des martyres, des inconnus pour le moment. En juin 1962 au moment de la construction de L’IUT, des ouvriers découvraient une fosse refermant de nombreux ossements.

Grâce à certains objets personnels trouvés parmi ces ossements, on arrivait à identifier les restes, grâce à leur alliance notamment, comme étant ceux des résistants Sainpolitains, mêlés à ceux de résistants brestois. C’est donc non loin d’ici, dans les douves de la prison du Bouguen dont les Allemands avaient pris possession dès l’été 1940 et où ils avaient dressé les poteaux d’exécution, que s’est achevé le combat de ces héros. Leurs corps furent ensuite enterrés pêle-mêle quelque part dans le champ de tir proche de la prison, là où nous nous trouvons.
Nous avons, nous association des Anciens du Bouguen, organisé une cérémonie, en hommage aux valeureux Martyres. Mis une plaque en bronze en hommage aux fusillés du Bouguen. Pour l’histoire cette plaque, volée par des personnes amorales. La stupidité humaine se trouve aussi là, dans cette action.


Nous possédions un dossier complet retrouvé dans des archives, retraçant cet épisode tragique, en toute confiance nous l’avions confié, à un étudiant de Saint Pol, pour son travail personnel, avec la promesse d’un retour. En guise de retour, nous n’avons rien vu revenir, comment ensuite faire confiance à d’autres personnes de bonne fois.

Selon Guy Caraes, c’est très probablement faute d’avoir pu constituer à temps un convoi susceptible de quitter Brest avant que les Américains n’y mettent le siège qu’un commandant allemand (non identifié à ce jour) a donné l’ordre de « liquider » les 52 prévenus de l’enclave de Pontaniou, arrêtés depuis la fin du mois de juin 1944 et, donc, en attente de jugement. Les 52 personnes seront toutes fusillées sans autre forme de procès au Bouguen. Parmi elles, les résistants brestois Viaron, Hily et Kervella, membres du corps franc “Défense de la France”.
Un habitant de la rue de Roubaix, évacué avec quelque irréductibles le 14 août 1944 apporte un témoignage vécu qui permet de préciser certains points du récit.
Les fusillés de 1944 : Fin 1943 ou début 1944, l’occupant, envisageant une possible attaque de la citadelle brestoise par voie de terre, décida de fermer, côté douve, par des murs de béton, les tunnels de la porte Castelnau et de l’abri côté Moulin à Poudre. Ceci au grand dam des usagers qui ne se sentaient plus en sécurité dans l’abri à une seule issue. Conséquence de cette décision : l’accès aux douves par la porte de Castelnau

La porte Castelnau
Nos anciens prisonniers

n’étant plus possible, les exécutions eurent lieu désormais dans le stand de tir, situé non loin de là, à l’intérieur des fortifications où furent dressés les poteaux d’exécution. Le père de ce témoin, alors chef de bureau à la Mairie, lui a confié que l’occupant exigeait la présence du Maire de Brest, Monsieur Euzen, à ces exécutions.

Plus de photos, et de souvenirs, sur le site nos souvenirs d’hier
En prolongement du présent article, la page « LE BOUGUEN Souvenirs ! »

Jean Pierre Le Roi

La prison du Bouguen





Chat Icon