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Souvenirs de Kérédern – De – Traon-Quizac. Ollivier Disarbois. Perhirin Georges.

 

 

Traon-Quizac et Kérédern

BONJOURS AUX ANCIENS DES BARAQUES

Que de souvenirs à partager avec vous. Je suis arrivée en 1947 à Kérédern et je suis restée jusque 1963.

J’étais à l’école de Traon-Quizac la directrice, mademoiselle Berthe Pennec, avait un tour d’œil. C’est elle qui nous a beaucoup rendu service lorsque mon père a été tué en Indochine. Mes autres institutrices, Madame Bervas, Sévert (qui portait bien son nom) nous mettait le cahier au dos et nous fessait devant les autres élèves. Il y avait aussi madame Le Monstre, et madame Le Hir (j’étais dans sa classe en 1952 à la mort de mon père).

Je me souviens aussi de la boulangerie de Lanrédec à Kérédern. L’eau était à la pompe devant chez moi. Le bitume n’était pas encore terminé sur la route ou sur les toits, que nous en faisions du chewing-gum.

Le mercredi après-midi on allait au patronage  de Kérinou, et en fin d’année on prenait le bateau pour Quélern. Quand nous avions de l’argent, nous allions à la piscine du quartier. Piscine de Tréornou.

Familles du Quartier du Bouguen.Quelques Familles. (1)

Galerie

Familles du Quartier du Bouguen.Quelques Familles

Novembre 1980 la lutte des travailleurs des A.F.O. de Brest. la réparation navale Brestoise.

  PLATE- FORME  » GLOMAR SEMI ONE » LE. 1.04.1981

Carte de Soutien_ Plate-forme « GLOMAR SEMI ONE », Le 1er Avril 1981. (Port de commerce Radoub de Brest).

Famille Vourc’h

Réflexions d’un ancien Brestois exilé, avec la nostalgie de sa ville. Ancien Roi de la platine (Boum et super Boum). L’animation c’est son Rayon.

Tu sais que tu es Brestois si …
 Tu utilises des tonnes d’expression incompréhensibles lorsque tu quittes le Finistère.

 Qu’importe où tu ailles, on te charrie sur le climat supposé de ta ville. Pourtant, au dernier classement du Point, Brest est 16ème au TOP100 des villes les plus agréables à vivre en France.

 Le défi brestois, unique en Europe, tu ne le respectes jamais. Ou bien seulement en milieu de semaine.
 Quand tu vas à la plage tu ne dis pas « je vais à la plage » mais « je vais à QUELLE plage ??? »

 Quand on te dit que Rennes est la capitale de la Bretagne, tu souris.

 On te bassine depuis des années sur l’ouverture d’un IKEA à Rennes, sauf qu’il est déjà ouvert à Brest

 Quand tu pars faire de la voile, tu passes jamais le Goulet.

 Pour toi Clémenceau, Charles de Gaulle et Jeanne d’Arc sont aussi autre chose que des personnages historiques.

 Tu ne dis pas Saint Renan mais Ser’nan.

 Pour toi partir en vacances dans le Sud, c’est en dessous Le Faou.

 Pour toi, même les 22, 56 et 35 sont des touristes.

 Quand tu es exilé, tu penses tous les jours à revenir à Brest.

Un ancien du Bouguen en souvenir de sa jeunesse dans son quartier de la reconstruction. José Le Moigne.

 

Ecole de Traon – Quizac Notre Petit José.                                                                                                                                                                                   Aujourd’hui José Le Moigne

Poète, chanteur-compositeur, dessinateur et romancier, José Le Moigne est né en 1944 à Fort-de-France d’une mère martiniquaise et d’un père breton. Il passe son enfance et son adolescence à Brest qu’il quitte pour exercer sa profession d’éducateur et de directeur au sein de la Protection judiciaire de la Jeunesse au ministère de la Justice.

Texte de José LE Moigne.

Lorsque j’étais enfant, adolescent, et même un jeune adulte, je me voulais Breton, sans aucune restriction, sauf que j’avais la peau brune et refusais, avec la dernière des énergies, de revenir sur cette part de moi qui, quoi que je fasse, et quoi que je puisse écrire, me distinguait. Né à Fort-de-France, d’une mère Martiniquaise et d’un père Breton, mais arrivé à Brest à l’âge de deux ans, l’adaptation n’a pas été facile. Mon enfance fut mutique, sans doute que mes larmes, incessantes à ce que l’on m’a dit pendant les quinze jours que dura le voyage, avaient asséché mes paroles en même temps qu’elles effaçaient ma langue maternelle, le Créole. L’école me dénoua. Une fois mise au placard les remarques enfantines − plus imbéciles que racistes −, je devins, pour chacun, un véritable petit Zef ; Ti Moign pour les copains. Un seul bémol, de taille cependant, à l’heure des festoù noz, l’interdit n’était pas négociable, je m’évinçais du cercle ; non que je sois incapable d’enchaîner comme les autres gavottes et laridés, mais cela me semblait une incongruité. J’étais Le Breton noir, titre de l’une de mes chansons ; la nuance me paraissait de taille. Pourquoi écrire cela alors que par mon métier, éducateur puis directeur au Ministère de la Justice − Protection Judiciaire de la Jeunesse −, j’ai traversé la France de long en large, m’adaptant plus ou moins, le plus souvent avec facilité, j’habite maintenant, pour partie en Belgique et pour l’autre en Bretagne, à Plourarc’h où personne n’examine la couleur de ma peau ? À Plourarc’h où, bien que je ne comprenne pas davantage ma langue paternelle que je ne parle le Créole, chaque jour, comme si la chose allait de soit, on me hèle en Breton ! Au risque de faire rire, l’explication me semble simple. Il m’a fallu attendre d’avoir passé 30 ans pour retrouver la Martinique ; mais ce jour-là, à peine avais-je posé les pieds sur ma terre natale que je m’y suis fondu, avec autant d’authenticité, aussi étroitement que je me mêle à la roche celtique. Vrai Breton en Bretagne, Martiniquais en Martinique, puis je pour autant m’affirmer biculturel comme d’autres sont bilingues ? Les choses ne sont pas si simples. Il n’est pas rare qu’elles se bousculent dans ma tête. Écrire devient alors pour moi le seul moyen de refuser l’incomplétude, de fuir la déshérence, le seul qui m’ait été donné pour faire litière à l’idée même d’une seule trahison. J’ai vieilli. Bien que cette vision de moi m’ait aidé à grandir, je ne suis plus Le Breton noir. En Bretagne tout comme en Martinique, je suis Créole, tout simplement Créole. Voilà ce que je m’efforce de dire dans mes romans, dans mes poèmes et mes chansons. Je ne suis pas de nulle par, mais je puis être de partout … le temps de revenir.

Un ancien du Bouguen en souvenir de sa jeunesse dans son quartier de la reconstruction.

En souvenir de l’église en bois du Bouguen

Lorsque Pâque s’annonce, quel que soit l’endroit du monde où je me trouve, je sens, partout autour de moi, la présence chaude et rassurante de notre bon recteur : l’abbé Ménez. Ce prêtre là, contrairement à l’affreux Léostic, n’avait pas la piété janséniste et son amour de dieu restait à hauteur d’homme. Il n’est pas besoin d’en dire beaucoup plus pour exprimer tout le respect et l’amitié que son attitude, toute de bienveillance, lui valait parmi nous. Certains jours, l’abbé Ménez, se disait que le seigneur, dans son infinie miséricorde, l’avait posé au bon endroit et que, véritablement dans cette paroisse, il touchait presque à la plénitude sacerdotale. Tout aurait été pour le mieux si un chagrin, que personne n’ignorait, ne taraudait notre recteur. Il avait beau se dire que la sereine nudité de son église le ramenait aux premiers âges de la foi, il ne se consolait pas de la voir muette. C’était plus fort que lui ; Il s’accusait souvent de vanité, mais il avait gardé de ses paroisses d’avant guerre l’amour des fêtes carillonnées. Par chance, comme seuls biens terrestres, outre quelques livres qui le suivait partout, il possédait, rangés dans la cantine militaire qui lui servait tout à la fois de coffre et de prie-Dieu, deux disques que d’anciens paroissiens, connaissant son amour pour les clochers sonnants, avaient crus bon de lui offrir. Monsieur Menez, bricoleur ingénieux comme on l’était en ce temps-là, avait relié l’impressionnant pick-up du patronage à une espèce de porte-voix fixé sur le toit de l’église. Ainsi, à l’heure des offices, lançant selon les circonstances Bourdons et carillons ou le rituel des clochers bretons, se donnait l’illusion de volées magistrales. A quatorze heures très précises, le jour de vendredi saint, Monsieur Menez faisait retentir le glas. Au début, le disque craquait toujours un peu ; mais quand enfin il démarrait, l’église tremblait depuis ses fondations jusqu’à son faux clocher. La paroisse tout entière se mettait gravement en chemin. Le visage caché sous des mantilles noires, les femmes menaient la procession. Souvent il arrivait, que l’une d’elle oubliant le solennel de l’instant, se mette à parler haut. Le raclement sonore de l’accent léonard déchirait le silence et la femme, baisant la tête, faisait semblant de gourmander son enfant le plus proche. Alors, comme pour se faire pardonner, elle esquissait un sourire contrit avant de replonger dans le recueillement. Arrivée au parvis de l’église, la troupe, obéissant à la loi ancestrale, se séparait avant d’entrer dans le lieu saint. Les hommes, patauds et lourds dans leur costume du dimanche, occupaient bruyamment la gauche de l’autel. Les femmes, toujours plus recueillies, s’installaient sur les travées de droite, à moins que ce ne fût l’inverse. L’abbé Ménez accueillait son troupeau d’un large geste œcuménique. Sa voix, d’abord mal assurée, prenait très vite de l’ampleur et finissait, comme le glas quelques minutes auparavant, par remplir tout l’espace glacial. Dès la 7ème station, des femmes reniflaient. Bien avant la douzième, les plus pieuses pleuraient. Toutes les souffrances du Christ pesaient sur nos épaules et, au moment de sortir de l’église, nous avions l’impression de vivre à notre tour les souffrances du Christ. Le dimanche de Pâques nous libérait de cette ambiance de tombeau. sans doute en a-t-il eu de pluvieux, de venteux et de froids, mais dans mon souvenir ils furent tous très beaux. bien-sûr je me souviens des œufs en chocolat que lannig, aidé de man Anna avaient dissimulés autour de la maison, mais ce que j’aimais le plus, c’était l’incroyable élan communautaires qui emplissait l’église et la faisait tanguer sous le roulis des chants celtiques.

Perzhier an iffern’ vo serret Dol ar baradez digoret Gent gras doué m’vokollet

Quelle joie, même si nous y comprenions à peu près rien, d’unir nos voix timides et aux polyphonies des cantiques bretons. A chaque grande messe l’abbé Guéguen menait le chant des paroissiens. Lui non plus ne m’a jamais vraiment quitté ; Je revois, avec un puissant sentiment de plénitude et de bonheur, son beau visage d’ange de fresque, ses cheveux blonds, ses yeux si clairs qu’ils paraissaient liquides. Le bruit avait couru que le joli abbé devait sa présence chez nous à une histoire de femme. Les mauvaises langues en étaient pour leurs frais. L’abbé, au point d’être à son tour comme statufié par le quartier, n’en avait retiré que de la sympathie. Et puis, que voulez-vous, sa voix était si pure qu’elle faisait fondre sur lui toutes les indulgences. Elle s’envolait, plus cristalline que l’eau des fontaines sacrées, plus légère qu’une écharpe de brume dénouée par la mer et nous laissait dans la lumière, tout tremblants de bonheur et d’espoir.

Elle n’était pas de celles que l’on puisse être oublié.

Témoignage de M. Jean Floch : baraques O11, T6, F 1 au Bergot. Par Ollivier Disarbois

La famille Floch a vécu de 1947 à 1966 au Bergot. Baraques O11, T6 et F1. Jean évoque ici quelques souvenirs de ces années en baraque et après.

Chapeau

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Texte

Témoignage de M. Jean Floch : baraques O11, T6, F 1 au Bergot.

J’ai vécu en baraques dans le quartier du Bergot de 1947 à 1957, date de mon départ au service militaire. Jusqu’en 1950, nous habitions O 11, baraque occupée par quatre ménages, ce qui posait des problèmes, les appartements n’étant séparés que par une mince cloison de bois et nous entendions tout ce qui se passait chez le voisin. Malgré les excellentes relations que mes parents entretenaient avec eux, ils sont partis dès qu’ils ont pu trouver une baraque française à trois pièces, c’était la T 6. Cette baraque était située, à peu près où se trouve la rue d’Aquitaine pas très loin du carrefour du boulevard  de l’Europe et de l’Avenue Le Gorgeu, sur la droite en allant vers le Pont de Villeneuve. Au début des années 60, ils déménagent une fois de plus pour venir habiter dans la F 1 ; c’est là que mon père est décédé en décembre 1963. Il travaillait au charbonnage chez Stéphan et faisait aussi le docker occasionnellement. Ma mère a occupé la baraque jusqu’en 1966, avant d’être relogée. Nous étions six, ma mère, mon père deux sœurs et un frère. Une de mes sœurs est née dans la baraque en 1953 ; événement encore assez courant à l’époque.

Un grand moment le certif

Je me souviens très bien de la classe du certificat d’études, M. Moisan Georges était le directeur et aussi notre instituteur. Je garde de lui le souvenir d’un homme juste et bon. Nous étions trente six dans la classe, dix huit d’entre nous étaient présentés à l’examen par le directeur et quatre se présentaient en candidats libres. Sur l’ensemble il n’y eut que deux candidats libres à être recalés. Le directeur était fier du résultat et nous aussi bien sûr. Après concertation nous décidons de nous cotiser pour acheter un cadeau ; sans rien dire nous partons à Kérinou acheter des tasses bretonnes. Evidemment le directeur est dans tous ses états, il pense que nous avons fait l’école buissonnière, étant en possession du fameux sésame tant convoité. Il jure ses grands dieux, que l’on va voir ce que l’on va voir et que ça va chauffer à notre retour. Quel n’est pas sa surprise quand nous revenons avec le cadeau ! Après quelques remarques de circonstances, il nous remercie et nous invite même à venir manger quelques gâteaux chez lui. Je pense à mon père qui m’avait promis un vélo si j’étais reçu et une « danse » si j’étais collé. Je n’ai jamais eu de vélo en cadeau, mais je suis toujours fier d’avoir décroché ce certificat. Une chose toutefois qui m’a beaucoup marqué, lors des promenades en car, les instituteurs qui nous accompagnaient, nous faisaient chanter « dans la troupe il n’a pas de jambes de bois », mais dans notre classe il y avait un élève de Landéda Paul Le Goff qui avait un pilon, et j’étais malheureux pour lui de ce que considérais comme un manque de respect. Ce handicap ne l’a pas empêché de faire des études, puisqu’il est devenu professeur de médecine.

Les balades du patronage

En dehors de l’école, il y avait le patronage laïque et le patronage  des curés St Yves. Je fréquentais ce dernier et j’ai le souvenir des prêtres, M. Le Ru, Nicol, Calvez, ils nous envoyaient en promenade le jeudi après-midi « au bois de la Baronne » le bois de Kéroual, nous cueillons des rhododendrons quand c’était l’époque pour les ramener à l’école. A la belle saison nous allions à pieds pique-niquer à l’étang de Kerléguer, baignade pour ceux qui le voulaient, moi je préférais la mer. Il y avait également des pique-niques organisés par les gens du quartier et nous allions vers la côte, Portsall, Landunvez et autres plages. Ceci me rappelle une anecdote, comme j’étais plutôt du genre rachitique, mon père voulait que je me dépense plus et un beau jour il a voulu me pousser à l’eau, car j’hésitais à me mouiller. J’ai du pressentir la poussée, je me suis écarté et il s’est retrouvé à l’eau tout habillé. Je ne vous dis pas la frayeur ! J’imaginais déjà la « rouste » mémorable qui m’attendait. Il a passé l’après midi en slip sur les rochers, à attendre que ces vêtements veuillent bien sécher, mais l’ambiance aidant je suis passé à côté de la correction. Ouf !…

Plombier zingueur

J’ai suivi un apprentissage de plombier zingueur chez Keromnes rue Yves Collet, de mars 1954 à mars 1957, puis jeune ouvrier jusqu’au service militaire en octobre de la même année. Comme apprenti je ne gagnais pas grand chose et comme jeune ouvrier j’avais 120f de l’heure. Toute ma paye allait à la maison et ma mère me donnait mon « prêt » le dimanche, 500f. Pour augmenter mon argent de poche je faisais des petits boulots au noir Un jour, je travaillais sur un chantier place de Strasbourg, j’étais l’apprenti de l’ouvrier et il me demande d’aller chercher un litre de vin. Alors que je revenais, une voiture s’arrête à ma hauteur et qu’elle n’est pas ma surprise de voir le patron me demander de l’accompagner jusqu’à l’atelier. J’obtempère, pensant qu’il n’avait pas vu la bouteille que je tentais de cacher sous un pull, que je tenais à la main. Afin de m’occuper il me donne à fondre des morceaux d’étain pour reconstituer des baguettes de soudure. Quelques instants plus tard, l’ouvrier arrive dans tous ses états, il avait perdu son apprenti et prenait le patron à témoin de son malheur. Après l’avoir laissé parlé celui ci lui a passé un savon, en lui montrant la bouteille de rouge qu’il avait découvert ; s’il avait pu rentrer sous terre il l’aurait fait.

Tour de France et service militaire

En 1957, j’ai fait avec mon ami Maxime Aubry, le tour de France en scooter, en trois semaines, en passant par Lourdes, Carcassonne, Genève, Macon, Rennes, St Brieuc et Plouguerneau. Puis en octobre 1957 c’est le service militaire dans la marine, les classes à Pont-Réan, puis le cours de canonnier sur le Jean-Bart, ce qui m’évite sans doute Siroco et l’Algérie. J’embarque quelques mois sur le Lafayette, puis retour sur le Jean-Bart, où je finirais mon service.

Se marier à l’église

En septembre 1959 je me marie, et pour se marier à l’église il faut se confesser, seulement je ne veux pas me confesser au curé de Plouguerneau, un peu trop curieux à mon goût, je préfère l’aumônier et pas de problème, il m’écoute en confession et me donne l’attestation, malheureusement le papier disparaît de mon caisson, mauvaise blague ? Vol ? Perte ? Toujours est-il, qu’il me faut trouver un prêtre rapidement. Ma fiancée me dit, je vais à Kérinou chez la coiffeuse, pourquoi n’irais-tu pas voir le curé ! Aussitôt dit aussitôt fait, j’entre dans l’église et je vois une dame à qui j’explique le problème, elle me dirige vers la sacristie et là le prêtre, après confession me délivre enfin le fameux papier.

Plombier, garçon-boucher, patron de bar

Je sors du service en février 1960. Là, changement de vie, ma belle mère me propose de travailler comme garçon boucher avec elle, j’accepte, en 1969 je prends l’affaire à mon compte jusqu’en 1981. La concurrence des moyennes surfaces devenant trop pressante, je prends un bar à Lambézellec, le « Pen AR Valy » jusqu’à mon départ en retraite en 2001. Je me souviens toujours des dimanches du Bergot, le grenier de Montmartre à la radio, la marchande de coquillages qui tenait un commerce à côté de l’église et qui passait entre les baraques avec son chariot, le vendeur de l’Huma, qui chantait son « Demandez l’humanité, l’organe central du parti communiste français ». En face de l’église il y avait le bistrot « Chez Clovis », l’agence postale, M. Vaillant le marchand de charbon, on l’appelait « Pen-Couch » car il avait la tête sur le côté. Il y avait aussi les alimentations de Mme Do, Jacopin, Kihal, Mme Le Bras tenait un bar, M. Drogou et Mme, puis Antoine Cadiou tenait la Boucherie ; il y avait aussi la charcuterie Le Hellay. A toucher l’Eco il y avait une Boulangerie, ainsi qu’un local qui servait à l’infirmière venant de Lanroze faire des piqûres aux patients. Plus tard une salle de cinéma fut montée à l’arrière de l’église à toucher le terrain de basket.

  1. DISARBOIS

Les batailles et les ruses. Par Ollivier Disarbois

Les batailles

Guy C. et Marcel J. se souviennent très bien des batailles aux lance-pierres (1) contre le Stiff . Comme des attaques se produisaient régulièrement, ils avaient récupéré des casques, Allemands surtout, mais aussi Français et d’autres portant la Croix-Rouge, pour se protéger. Organisés comme une troupe, il y avait l’avant garde qui lançait des cailloux à la main, sans doute parce qu’elle n’avait pas les moyens d’acheter la gomme carrée à la quincaillerie des Quatre-Moulins. D’ailleurs cette gomme carrée était sensée servir à la propulsion de sous-marin car il n’était pas question de dire que c’était pour confectionner un lance-pierres. La deuxième ligne armée de lance-pierres était bien plus dangereuse, nous sommes loin de la guerre des boutons et les fronts se souviennent encore des impacts de cailloux, pour ma part j’ai failli y perdre un œil, quelques années plus tard.

Les Forts en 1957

Terrain de jeux et d’aventures des enfants de Kérangoff, ils vont bientôt être remplacés, par des HLM, trois des six forts, sont visibles sur la photo.

Les ruses

Au sommet du premier fort il y avait une plate forme en béton servant pendant la guerre d’emplacement de D.C.A. C’était le château à prendre et Jim, avec sa fronde, expédiait des cailloux bien plus gros sur les assaillants. Une des ruses utilisées consistait à reculer jusqu’au sixième fort et à s’enfermer, car il possédait encore de lourdes portes métalliques impossibles à forcer. Pendant que les assaillants tambourinaient nous sortions par un puits vertical qui devait servir de conduit de ventilation et peut-être aussi pour monter les munitions. Nous pouvions ainsi surprendre les attaquants qui rebroussaient chemin sous une pluie de projectiles.

A côté de ces affrontements assez dangereux il y avait aussi les batailles de mottes de terre. Marcel se souvient d’une de ces journées ou un attaquant a reçu un caillou sur la tête.
Les défenseurs au sommet d’un fort avaient creusé une tranchée et fait provision de mottes. Manque de chance dans l’une d’entre-elles il y a un « Pem »(2) et l’attaquant, un grand costaud nerveux, le prend sur la tête. De rage, il monte à, l’assaut, les défenseurs s’enfuient sauf un qui n’a pu sortir à temps de la tranchée. Il subit alors une avalanche de mottes de sa propre réserve et se retrouve pratiquement enterré.
(1)Lance-pierre ou Blette : Que celui qui ne s’en est jamais servi me lance la première pierre. Confectionné à partir d’une partie fourchue de noisetier passée au feu, de deux gommes carrées et d’une languette de chaussure ; arme très dangereuse.
(2)Pem : Caillou
Pour Louis D, la plaine de Kérangoff c’était l’espace, la plaine et les forts. Il se souvient très bien d’une cache semi-souterraine qu’il avait construite avec des copains à côté du café Demeule. Un trou recouvert de mottes de terre posées sur des planches de coffrage et des fers à béton récupérés. Cette cache était invisible de la route située à quelques mètres. Elle servait de planque à l’occasion de jeux ou d’abri pour déguster les pommes que nous allions chaparder dans les jardins voisins.

Ollivier. DISARBOIS .

P.-S.

(1)Lance-pierre ou Blette : Que celui qui ne s’en est jamais servi me lance la première pierre. Confectionné à partir d’une partie fourchue de noisetier passée au feu, de deux gommes carrées et d’une languette de chaussure ; arme très dangereuse.

(2)Pem : Caillou

 

 

 

 

 

Les Lavandières de Kérangoff. Par ollivier Disarbois

Le lavoir

S’il est un endroit qui mérite d’être connu, c’est bien le lavoir. Solange se souvient très bien de la grogne des blanchisseuses en décembre 1960. C’est la fin des baraques de Kérangoff, mais, bien que relogées, les blanchisseuses veulent garder leur lavoir. Elles décident de prendre le bus et de se rendre à la Mairie pour manifester. Après quelques palabres, le Maire de l’époque, Georges Lombard, accepte de les recevoir ; il les écoute et leur promet la reconstruction à un autre endroit, ce qui est fait en avril 1961. Il est vrai que pour beaucoup d’entre-elles, laver du linge leur procure un certain revenu et la machine à laver est encore un engin qui coûte cher et n’inspire pas trop confiance :
Ça ne lave pas aussi bien qu’à la main,
Ça use le linge.

Pendant ces quelques mois, c’est au lavoir de la Pointe qu’elles poursuivent leurs activités.

Les places étaient réservées et gare aux contrevenantes, les langues bien pendues remettaient l’intruse à sa place au propre comme au figuré.

La mère de Solange ne jurait que par la lessive « Lacroix » qui rendait les tricots de son mari plus blanc que blanc. Le savon, on l’achetait avec des tickets, me dit Guy :« J’allais jusqu’à Kérinou et puis on le laissait sécher au moins trois mois avant de l’utiliser ».

Avec la fin des baraques c’est aussi une autre énergie qui est utilisée pour faire bouillir le linge, le gaz remplace le bois mais non sans problèmes car, dans le vent, rien ne vaut un bon feu de bois. Pour remédier à celà, les trépieds sont mis à l’abri à l’intérieur du lavoir malgré les protestations de la responsable arguant de la sécurité.

Le lavoir était aussi un lieu d’observations, d’un seul coup d’œil on lisait la vie des gens dans la lessiveuse mieux que dans le marc de café ou sur la boule de cristal, de quoi alimenter les commérages pour quelques temps.
Tiens ! Elle change encore ses draps. ?

Et pourquoi donc ?

Elle lave ses serviettes, ce n’est donc pas pour cette fois-ci.

Il y avait de l’ambiance au lavoir, en plus des conversations animées, il arrivait parfois qu’une lavandière chuta dans le bassin à la suite d’un faux mouvement en voulant remonter un drap chargé d’eau par exemple. Alors là, c’était la franche rigolade car le lavoir n’était pas très profond, mais il fallait parfois se mettre à plusieurs pour sortir une lavandière un peu plus ronde que la moyenne. Chacune avait sa caisse à laver pour poser ses genoux et éviter autant que faire se peut, d’être trempée. Elles étaient face à face sur le côté du bassin et non face à celui ci. Le lavoir n’était jamais silencieux, le tap-tap des battoirs était accompagné de chants. Il y avait beaucoup d’entraide, pour essorer les draps, déplacer une lessiveuse, pousser un chariot. Nous allions aussi boire un café chez l’une ou chez l’autre pour se reposer un peu, car les journées au lavoir commençaient de bonne heure.

Les lavandières

Mmes Disarbois, Corre, Kerhomen, Bihan, Grannec, Hélies.

Madame Ropars était chargée du gardiennage, elle vidait les bassins régulièrement, les brossait, cassait la glace en hiver et assurait l’éclairage à l’aide de bougies ; maîtresse femme, elle savait se faire respecter.

La neige ne les arrête pas.

Mmes Disarbois, Floch, Grannec, Mellac, Ropars et Corre .
(de Gauche à droite)

« Ma mère native, de Plabennec, n’aimait pas l’ambiance » me dit Annick, « elle trouvait le langage trop fleuri. » Mon père lui avait fabriqué une jolie caisse pour aller au lavoir, passage obligé, car nous étions six enfants et il fallait bien entretenir le linge. Je me souviens de l’avoir remplacée une fois, je sens encore mes joues se colorer, en écoutant des propos, que je n’avais pas l’habitude d’entendre à la maison.

Caisse à laver et chariot-lessiveuse

René Coatanéa, Auguste Disarbois,Henri Corre et Jean Méneur.

Tous les ans pour les rameaux, nous avions des vêtements neufs, confectionnés par ma mère, ainsi qu’un chapeau pour aller à la messe en l’église de Kerbonne.

Les « Bouillitures »(1)se faisaient à l’extérieur du lavoir dans des lessiveuses et, pour rendre le linge plus blanc ou pour faire partir les taches récalcitrantes, il était étendu sur l’herbe.

 

P.-S.

(1)Bouillitures:Terme utilisé à Kérangoff, pour désigner l’action de bouillir le linge.

 

 

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