UN DES GOSSES DU BOUGUEN, SON VOYAGE AU VIETNAM

Réfugié Brestois de 1941 à 1944,

« J’ai mangé le pain des poules ».

( LeTélégramme de Brest )

Louis Roué a connu la vie en baraques au Bouguen puis au Landais dès 1946.
Une belle tranche de vie exposée en photos lors de la fête des anciens du Bouguen.
Mais ici il raconte sa vie difficile de petit réfugié brestois pendant la guerre.
A la fête du Bouguen, Louis Roué a évoqué son parcours de réfugié et sa vie dans les baraques.
Quand Louis Roué rejoint Cannes en 48-49 ce n’est pas pour faire le beau sur la croisette. Et pourtant ce qu’il a vécu les années précédentes aurait pu constituer la trame d’un des films réalisés sur le conflit 39-45.
Anémié à la suite de plusieurs années de vaches maigres, le jeune Louis est en villégiature médicale sur la Côte d’Azur. Une cure de neuf mois sera nécessaire pour le remettre sur pied. D’autres fréquenteront les sanatoriums.
La vie de réfugié de ce jeune brestois de la rue Fautas a débuté voici soixante ans. « Nous sommes au mois d’avril 41, j’ai dix ans et je suis scolarisé à l’école Michelet. Ça commence à bombarder. La ville de Brest, sous couvert de la Croix rouge organise le départ des enfants vers des endroits moins exposés »
Pour Louis, le voyage vers Spézet, son premier point de chute s’effectue à l’arrière d’un camion.

Nourritures spirituelles

Le sabotier local, M.Brabant, met à notre disposition la salle de danse qui lui appartient.« Nous dormons à même le sol, puis on nous met des serpillières en guise de matelas ».
Un peu plus confortable est la suite à Carhaix quand le groupe investit une école maternelle toute neuve. « Mais nous ne mangeons pas toujours à notre faim. On nous donne de la bouillie d’avoine ». Les nourriture spirituelles qui sont prodiguées à ces jeunes déracinées ne compensent pas les carences alimentaires. « J’ai fait ma première communion en 42, sans avoir réellement pu donner mon consentement, c’était comme ça… ».
Louis suit une scolarité normale. Quand les Allemands arrivent dans la cité du Poher, il est séparé de son jeune frère Joseph qui part pour la Sarthe, tandis qu’il rejoint l’ancien séminaire de Pont-Croix. Il fait froid dans les dortoirs à travers les murs ajourés.
En janvier 1944, il rejoint Saint-Goazec, où il assiste au bombardement du château de Trévarez par les alliés.

Déboussolé

Il n’a pas revu ses parents depuis deux ans, quand ils viennent le récupérer lors de l’exode massif des Brestois en septembre 1944. Direction la Sarthe et le loir-et-Cher.
En décembre de la même, année, il revient à Brest pour apprendre le métier de plâtrier. « J’étais comme déboussolé. De mon quartier, de ma maison il ne restait plus rien » raconte Louis Roué.
En 1995, soit 54 ans après, il a retrouvé son premier logeur m. Brabant. Ils se sont rappelés cette anecdote, « On allait voler du pain qui était jeté aux poules pour calmer leur faim ».
Le beau-frère de M.Brabant qui avait eu vent effectua ensuite une fournée quotidienne supplémentaire réservée aux petits réfugiés.

Je continue mon voyage. Ancien militaire, j’y retourne, je suis un des nombreux gosses du Bouguen. Un voyage au Vietnam. Mon rêve se réalise. Louis Roué (Avril 2001).
L’Indochine est sortie des frontières du passé ; elle palpite d’une force neuve… Aurons nous, avec elle, contribué à la fusion intime des civilisations de l’orient et de l’occident d’où peuvent sortir tant de force à la fois et tant de lumière ?
C’est notre espérance, à nous Français… Paul Doumer – 1930.
Ainsi L’Indochine. Avec la somptuosité de sa nature et le destin de son histoire, revient inlassablement sur les vagues de nos souvenirs.
Toutes les légendes fabuleuses où règnent à l’intérieur de pagodes vernissées les bons génies et les fabuleux dragons de bois doré enroulés aux colonnes pourpres des Temples. Apparaissent les irréelles baies entourées de halo de lumière orange, les fragiles embarcations aux ailes de papillons, les villages de la “Route Mandarine” aux ponts de bambou.
Cette Indochine auquel nous étions attachés en 1860. L’Indochine administrative est née.
La découverte de ce pays d’enchantement, des rizières aux montagnes, fera naître, en France, une véritable passion pour cette terre. Aujourd’hui le Viêt-nam retrouve son identité, demain il deviendra une grande puissance, les investisseurs commencent déjà à lui apporter techniques et capitaux.
Il ne restera plus de “la belle colonie” que des photographies jaunies par le temps.

Souhaitons lui bonne chance, après tout, il existe encore des milliers de choses à apprendre de L’orient.

L’église de Notre Dame de Saïgon
L’église de Notre Dame de Saïgon
La gare de Saïgon
La gare de Saïgon
Le quai de Nha Rong
Le quai de Nha Rong
Louis peut enfin réaliser son rêve.

En ce début d’année 2001 Monsieur Roué peut enfin réaliser son rêve : revoir le pays où de 1953 à 1956 il a passé 27 mois. Il était engagé dans l’armée française en tant que parachutiste. A cette époque on parlait plus de L’Indochine que du Vietnam. En France le nom de Dién Bién Phu est présent dans bien des mémoires encore, c’était en mai 1954. Monsieur Roué n’a pas participé à cette bataille mais beaucoup de ses camarades y sont restés. La guerre se termine le 26 juillet 1954. Ce voyage souvenir conduira Monsieur Roué du sud au nord, de Ho Chi Minh ville (Saïgon) à Hanoï en passant par Cantho, Mytho, Nha Trang, Hué, Ha Long. A leur arrivée, les touristes remettent leurs passeports au guide qui les accompagne. Ils les récupéreront au moment du départ. Au Sud – Est de l’Asie le Vietnam s’étire sur près de 1700 km et sa largueur varie entre 50 et 600 km.

Les serveuses au restaurant
Les serveuses au restaurant
Cholon c’est Saïgon
Cholon c’est Saïgon

Sa superficie est d’environ 333.000 km. C’est une république socialiste qui a pour devise « Le peuple est maître collectif, le parti dirige, l’état gère ». Le Vietnam actuel compte environ 75 millions d’habitants. La capitale, Hanoï, abrite le mausolée de Ho Chi Minh (mort en 1969) gardé en permanence par deux sentinelles et qui reçoit un nombre impressionnant de visiteurs. Tous les bâtiments administratifs sont aussi gardés militairement. La présence de la police est plus sensible au nord qu’au sud. Les monuments sont très bien entretenus (même les églises). La population est jeune, active, dynamique et accueillante. Pour un Européen, les conditions de vie peuvent sembler difficiles. Les salaires sont peu élevés : de 12 à 14 dollars par mois.

Baie D’Halong les grottes
Baie D’Halong les grottes
Louis et les chanteuses & danseuses hanoï
Louis et les chanteuses & danseuses hanoï

 

Le cumul de plusieurs métiers est souvent nécessaire pour s’en sortir. La monnaie du pays est le dong. (1 franc – 2000 dongs). Il y a plusieurs couches sociales. La scolarité est assurée mais le pays manque de locaux et peut – être aussi d’enseignants. Les enfants vont en classe soit le matin, soit l’après – midi. Les plus doués portent un foulard rouge. Beaucoup d’entre eux travaillent. Pour certains c’est la mendicité.

A quoi pense t’il ? lui au moins vit en Paix
A quoi pense t’il ? lui au moins vit en Paix
La pause
La pause

Le Français, interdit en 1954, est enseigné et Monsieur Roué s’est entretenu avec des étudiants qui apprenaient notre langue. Il a également pu avoir une conversation avec un ancien militaire vietminh.
On peut même capter des émissions en langue française. Les communications à l’intérieur du pays sont encore difficiles. Il faut 40 heures de train pour se rendre de Saïgon à Hanoï et environ 70 heures en bus. La bicyclette et le vélo – moteur sont des moyens de transport très utilisés. Le pays s’ouvre de plus en plus au tourisme même s’il manque encore d’infrastructures. Des hôtels confortables et même luxueux sont construits.

Hoi-An et ses Temples
Hoi-An et ses Temples
Là où l’on retrouve (1954), cela n’a pas changé
Là où l’on retrouve (1954), cela n’a pas changé

 

 

La baie d’Halong

Ha Long signifie « lieu de la descente du dragon ». La légende dit que le dragon est descendu dans la baie pour dompter les courants marins. Les violents mouvements de sa queue entaillèrent la montagne, il plongea dans la mer faisant monter le niveau de l’eau qui s’engouffra dans les crevasses, ne laissant apparaître que les sommets les plus élevés.

Baie d’Halong
Baie d’Halong

La baie D’Halong, qui s’ouvre sur le Golfe du Tonkin, est la huitième merveille du monde, paraît-il, en tous cas un des paysages les plus célèbres du monde. L’air pur, l’eau émeraude tranquille et l’ensemble des îles (1969) créent une grande forteresse naturelle. On parle de trois milles pains de sucre de toutes formes, toutes tailles émergeant de la mer et s’étendant sur 1553 km2. Leur formation remonterait à 250 ou 280 millions d’années.

Baie d’Halong
Baie d’Halong

L’atmosphère et les paysages changent tout le temps, évoquent tantôt un animal, tantôt des attitudes humaines, un chaos de cimes. Suivant l’angle de vue et la lumière, des formes fascinantes se détachent des nombreux îlots.

Des grottes et des cavernes dorment tranquillement sur ces îles enchanteresses, ainsi la grotte des Bouts de bois (Hang Dau Go) :
La grotte est située sur l’île des Bouts de bois, autrefois surnommée Canh Doc. Son nom tire son origine d’une histoire populaire de la guerre de résistance contre les envahisseurs mongols Nguyen Mong. À la veille d’une bataille décisive, Tran Hung Dao reçut l’ordre de préparer plusieurs lances affûtées, destinées à être plantées à marée basse. Lorsque la flotte mongole se présenta à marée haute, elle ne vit pas les pieux, s’empala dessus et fut défaite
Plusieurs morceaux de ces armes seraient encore dans la grotte, qui a été baptisée la grotte des Bouts de bois. En 1917, le roi Khai Dinh visita cette grotte et, impressionné par la beauté saisissante de l’endroit, il ordonna à ses hommes de sculpter sur une stèle une ode à la baie Halong et à la Grotte au Go. Cette immense grotte contient trois salles principales. Le lieu est mythique.

Baie d’Halong
Baie d’Halong

Dans Indochine, une sorte de bout du monde à la fois infernal et paradisiaque. La Baie d’Ha Long est un véritable labyrinthe maritime formé de près de 3000 îles ou îlots en formes de pains de sucre. Ces formations rocheuses ne sont pas propres au Vietnam : on en trouve également aux Philippines et surtout dans la baie de Phrang Na, près de Phuket, au sud de la Thaïlande, devenant l’obsession de Léonardo di Caprio dans The Beach*. Aucun lieu ne possède toutefois la grandeur d’Halong. D’abord par le nombre d’îles, ensuite, et surtout, à cause de la visibilité toujours un peu brumeuse qui donne sensation de mystère par hélicoptère : nous n’avons pas essayé, mais la vue doit être sensationnelle. Amateurs de matériel soviétique périmé apprécieront.

Par la route, de jour : le paysage se coiffe progressivement de crêtes de plus en plus aiguës avant même d’atteindre la mer.
Par la route, de nuit : c’est au petit matin que la brume, en se dégageant, laisse place à un paysage aussi incroyable que grandiose…

Par la mer, depuis la Chine, par exemple, une manière directe d’entrer dans le vif du sujet… Le parcours de la baie d’ha long a été pour nous une expérience des plus merveilleuses qui soient. Nous avons bénéficié d’une météo exceptionnelle pas très fréquente, ce qui explique la déception de nombreux voyageurs qui se sont retrouvés dans un brouillard à couper au couteau. Le temps n’est jamais dégagé à 100%, il y a toujours une brume qui crée un voile translucide séparant les différentes couches de rochers que l’œil perçoit. À mesure que le bateau avance, les couches se renouvellent continuellement, créant une sensation d’infini ! Ceci dit, une autre escalade peut s’avérer plus intéressante : celle des collines entourant la baie, dont les sommets offrent des points de vue particulièrement intéressants.
Il est possible de visiter certaines îles de la baie. L’île aux merveilles, est une des premières en sortant du port. Sur la paroi rocheuse a été apposée une plaque signalant l’indexation du site au Patrimoine Mondial de l’Humanité. La visite des grottes (piteusement éclairées) n’est franchement pas affriolante (en comparaison avec ce qui se passe à l’extérieur).

Baie d’Halong
Baie d’Halong

 

LE RIZ

Le riz est la vie, et la vie s’écoule au grès des semences, des repiquages et des récoltes. Où qu’on aille au Vietnam, des dizaines de chapeaux pointus travaillent dans ces champs verts fluo ou jaune paille selon l’avancée de la récolte.
On trouve aussi des récoltes de riz ou de manioc mises à sécher sur l’asphalte chauffé de soleil dans le Nord. Plus on avance dans le Nord, plus on rencontre des paysages paisibles de rizières inondées.

La rizière et son riz
La rizière et son riz
Le riz à sécher sur l’asphalte
Le riz à sécher sur l’asphalte

 

La route mandarine

L’initiative de l’empereur Gia Long, la « route mandarine », baptisée par les Français au XIXe siècle, était autrefois empruntée par les mandarins et les hauts fonctionnaires pour voyager rapidement entre leurs provinces et la capitale.
Des marécages du delta du Mékong, à la frontière sino-viêtnamienne, véritable épine dorsale du Vietnam, cette route longue de 1700km se termine dans la région de Lang Son.
La “route mandarine” relie les plus grandes villes du pays et assure ainsi le lien indispensable entre Hanoi, Vinh, Hué, Da-Nang, Natrang et Saigon.

Baie d’Halong
Baie d’Halong
Le col des nuages superbe et splendide
Le col des nuages superbe et splendide

Généralement étroite et mal bitumée, la “route mandarine” est souvent encombrée à l’entrée des villes. La circulation y est intense, de nombreux camions et autobus surchargés, peu de voitures mais de nombreuses charrettes, des vélos, des motos la sillonnent avec des chargements incroyables, tous imposants qui tiennent en équilibre, on ne sait comment. Attention les véhicules sont rarement éclairés. Ici ce n’est pas celui qui tient sa droite mais le plus imposant qui a raison.

Après les récoltes c’est la route qui sert à faire sécher le riz, diminuant ainsi la place réservée à la circulation.

Riz sur l’asphalte
Riz sur l’asphalte

Pour ceux qui aiment connaître l’histoire du Viêt-Nam, et comprendre comment vivent les habitants de ce pays, il est indispensable d’effectuer un voyage sur cette route. Bien moins confortable qu’en avion où en train, cette expérience doit être tentée. Vous pouvez soit prendre un billet pour voyager en car, soit louer une voiture avec chauffeur ou une petite moto.
Vous découvrirez ainsi les vestiges d’une civilisation disparue ; le royaume du Champa mais aussi les marques laissées par les différents conflits. Un conseil, prenez le temps de vivre au rythme de ces habitants.

La Pagode de Vinh-Nghiem (Saïgon)
La Pagode de Vinh-Nghiem (Saïgon)
Port de Saïgon

Evoquant Hô Chi Minh-Ville, anciennement et encore très officieusement Saïgon, on a parlé de “Perle de l’Orient”, de “Paris de l’Asie”. Port fluvial, capitale économique, commerciale et industrielle du Sud, première ville du pays, l’agglomération de Saïgon-Cholon compte 4 500 000 habitants.

Natrang le Rocher
Natrang le Rocher
Phat - Diêm, pont de tuiles
Phat – Diêm, pont de tuiles
Les marchés

Au Vietnam, les marchés sont, comme dans toute l’Asie, présents un peu partout. Très colorés.
Au milieu de ce Saigon animé, combien de personne savent qu’il existe un marché nocturne (près du parc Dam Sen)? C’est celui des grossistes de fleurs de Dalat.
Depuis trois ans, à partir de Minuit, une trentaine d’étals, petits ou grands, vendent au gros des fleurs de l’ouest.

Le marché aux fleurs à Saïgon
Le marché aux fleurs à Saïgon

Les petites ouvrières originaires du nord et vivant dans les zones de production franche Tân Thuân, Tân Tao aiment s’y promener la nuit, pour admirer plutôt que pour acheter, se réconforter après une dure journée de labeur.

Sud Vietnam Mytho
Sud Vietnam Mytho

Il est presque minuit, de jeunes volontaires s’assoient et enseignent aux enfants de la rue, à la lumière des lampadaires.
Des groupes d’ouvriers sortent de l’usine, des jeunes se dépêchent de rentrer chez eux. après les cours de rattrapage : la nuit vaut autant

Phat - Diêm, comme avant
Phat – Diêm, comme avant
Hanoï
Hanoï

2 thoughts on “UN DES GOSSES DU BOUGUEN, SON VOYAGE AU VIETNAM”

  1. bonjour et félicitations pour cet article. Je connais bien le Viet Nam pour y être allé plusieurs fois et j’aprécie votre texte et les clichés qui l’accompagnent. J’ai pratiqué le VN en groupe mais aussi seul pendant deux mois. C’est un pays et un peuple très attachant où j’aimerais y vivre si ma situation familiale le permettait. J’ai à HA NOI d’excellents amis qui dirigent une agence de tourisme :
    DELTA TOURISM CO., LTD ; website : http://www.deltatourisme.com, e-mail : deltatourism@fpt.vn.
    Ils parlent français. Je les aident bénévolement en France. Ils sont spécialisés dans les voyages de groupes.
    Kenavo…………Tam Biet

    1. entre 2006 et 2011, les choses ont sans doute changé :j’ai voyagé avec cette agence et j’aimerais le faire à nouveau. Seulement le site et l’adresse mail sont désormais inopérants. Si Tam Biet pouvait me répondre ce serait super.
      merci à vous
      Elisabeth Gebel

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