Histoire d’un conflit. Paroles de Caréneurs. Terrieux – Perhirin
En octobre 2000 : le 10 au soir, après une nouvelle journée de labeur, chacun rentre à la maison, content de retrouver sa famille. Le téléphone sonne, la nouvelle que personne n’imagine tinter dans nos oreilles comme un coup de tonnerre. Pas la peine de vous présenter au travail demain, l’entreprise n’existe plus, liquidation, cinq minutes et toute une vie de travail s’écroule. Les autorités avaient depuis déjà longtemps préparé l’affaire. Le plus gentil de la part de nos dirigeants, c’est qu’ils ont omis de nous verser nos salaires de septembre, il manque 300.000 F dans les caisses. Avec une grande sympathie de leur part nous avons quand même eu le droit de travailler jusqu’au 10 octobre au soir, les appointements étant le 11 octobre. Les entreprises de carénage, TMTB –ATS sont liquidées. TMTB, 82 salariés. L’entreprise ATS, 58 salariés. Le 11 octobre, les salariés occupent la CCI pendant plusieurs journées. Des palabres sans fin. Souvent parler pour ne rien dire de la part de nos politiques, qui nous prennent pour des analphabètes. Un caréneur pour eux ? Je n’ose pas écrire les pensées qui sont les leurs. La Mairie de Brest dans un élan de solidarité, puisse dans sa caisse noire, pour faire une avance sur les salaires, pour que les familles puissent quand même continuer à Manger. Cette avance va ensuite être récupérée auprès du syndic. Merci à la Municipalité pour cette aide. Démarrage de l’occupation de la CCI 24h sur 24. Le rond-point de la gare et le hall de la CCI reste occupé. Un huissier et venu constater cette occupation. Deux personnes des renseignements généraux viennent avec des bonbonnes d’eau sur l’épaule faire semblant de remplir les machines a eaux, le but de cette visite, c’était surtout de savoir de quelle manière, notre expulsion aller pouvoir se faire, par la force ou la douceur.
Hervé :
34 ans au carénage, je n’ai pas fait trop de travail. Enfin, j’ai le privilège de faire du travail moins sale. Le dépôt de bilan est trop rapide, depuis 34 ans, à la rentrée des vacances, tous les ans, c’est une période difficile. On est toujours arrivé à étaler. Mais cette année, c’est trop dur. En une heure de temps, tout est cassé, brisé, la vie des copains, la famille. Les patrons la maîtrisent, tout ceci n’aurait pas dû se passer. On ne casse pas une entreprise aussi vite. Tout a été programmé. Nous sommes dans une entreprise avec une moyenne d’âge de 50 ans. Qu’allons-nous devenir, se présenter dans une entreprise à 55 ans pour chercher un travail, on ne va pas trouver. Le conflit se passe très bien, beaucoup de solidarité, depuis mardi, on bouche le rond-point de la gare, on a fait un geste vis-à-vis de la population ce week-end en débloquant le rond-point. À eux maintenant de nous aider, surtout moralement. Il va y avoir un trac à distribuer à la population pour expliquer notre conflit.
Fabrice : 
je suis ici parce que la situation est catastrophique. Personnellement, je pense que certains se sont mis pleins les poches et que nous, caréneurs ne comptons pas pour eux.
Pourquoi la CCI ?
Fabrice : il y a 2 ans, nous avons occupé la Mairie, les avancées n’avaient pas été négligeables, l’occupation d’une chambre patronale, sans violence ni gène excessif pour la population est, pour nous un acte fort que nous souhaitons bénéfique.
Question : peux-tu nous expliquais pourquoi tu occupes ce lieu ?
Patrick. : 
je suis ici par solidarité, ancien du carénage, que j’ai quitté il y a quinze jours après une bataille de 3 mois, c’est le Syndicat et notamment Patrick Appéré, qui n’ont permis de ne pas être floué de près de 100 000 francs par le patron. Patrick Piger, 48 ans, d’EGMO carénage. Dans le bâtiment, son patron, Jean Claude Bastide voulait le considérer comme démissionnaire et refusait de lui verser son indemnité de licenciement. NB : Patrick ayant eu la chance de trouver un emploi.
Patrice : 
Chez les caréneurs, la retraite, c’est illusoire, avec ce qu’on bouffe comme saloperie toute la journée, la maladie l’emporte sur la retraite, et c’est pire pour les anciens qui bossaient avec l’amiante ! Et tout ça pour des salaires de misère.
Jean Michel : 
À 43 ans, ça fait 20 ans que je travaille au carénage, à l’époque, je pensais que ce n’était que provisoire, pour dépanner. Mais l’ambiance, la solidarité entre ouvriers m’ont fait rester. J’ai bossé sur les portes de bassins, à cette époque, malgré un boulot très pénible, jamais un d’entre nous n’aurait tourné le dos aux autres ! Il faut savoir qu’avant 1982, notre patron était déjà un de ces requins qui s’engraisse en vidant les entreprises sans scrupule. En 1985, il a repris la TMT et fusionnée avec la SBCPN avec un dégraissage à la clef. Nous resterons ici, jusqu’à avoir obtenu du concret. Il y en a marre des promesses non tenues.
Photo Jean-Michel.
Alain : 
Cette entreprise, la plus ancienne de la place de Brest dans le carénage existe depuis 1963. J’y suis revenu en mars 1971 après y avoir travaillé en 1968. Je trouve inadmissible la façon dont ça a été fait. Je pensais qu’ils auraient gardé une trentaine d’ouvriers. Mon souci, c’est les camarades qui ont actuellement entre 40 et 50 ans. Quelle reconversion pour eux ? Ils n’ont même pas la reconnaissance de l’insalubrité de leur métier.
Photo d’Alain.
Georges: 
c’est quoi le métier de caréneur ?
Moi, je suis un ancien du métier du carénage, j’ai 35 ans de métier. Le carénage, c’est une profession qui n’existe pas, qui consiste à faire de la réparation navale sur les bâtiments de guerre ou de commerce. Travaux de sablage, de peinture, de nettoyage, de décoration ce qui amène les hommes au carénage, ce sont les hasards de la vie, mais jamais un choix personnel. Dernièrement, j’ai eu l’occasion de voir le Film Germinal et je fais un parallèle avec notre métier. Rien n’a changé en l’an 2000, les conditions de travail sont tout aussi pénibles. Ce qui nous amène à dire : condition dure, Hommes durs ».
Notre conflit d’aujourd’hui est dû aux erreurs de nos patrons qui viennent au moment où le travail abonde et qui ne redistribuent pas les richesses que nous avons gagnées. On nous a fait travailler un mois et demi avant le dépôt de bilan en étant certain que les paies ne seraient pas virées. Le mardi 10 octobre 2000, restera dans ma mémoire et dans celles de mes collègues comme un jour triste, celui où on nous a annoncé le dépôt de bilan avec présentation au tribunal le mercredi 11 octobre 2000. En l’espace d’une demie heure, notre sort a été réglé, nous, nous sommes retrouvés tous avec l’impression d’ voir pris une grande claque et d’être considérés comme des chiens par ceux qui se sont engraissés sur notre dos. Aujourd’hui, c’est un sentiment d’être inutile qui nous prend à la gorge. Si nous menons cette lutte syndicale, c’est pour essayer de sauver quelques-uns de nos camarades, de ne laisser personne sur le chemin, car pour beaucoup d’entre nous, le reclassement est difficile voir impossible.
Liste de nos collègues de travail.
Abarnou Joël Agnoux Ronan Agnoux Stéphane
Blanchard Jean Michel Bothorel Michel Cavalec Michel
Corre Robert Craff Michel Demers Franck
Derdoukh Jean Yves Esteves Edgard Fernandez José
Garraud Jean Marie Geffroy Marcel Gela Franck
Gelebart Thierry Ghenimi Messaoud Gueguen Jean Marc
Guevel Raymond Habasque Jean Jacques Hebert Marc
Helies Jean Jaffres Paul Kerdraon Guy
LAIRAN MICHEL LANVIER MARCEL LE CLAINCHE GILLES
LE GALL GOULVEN LE GLEAU MAURICE LE GOFF CHRISTOPHE
LE HIR SYLVAIN LE MOAL PASCAL LE MOINGNE PATRICE
LEON FRAN ÇOIS LEOSTIC GILBERT MAGUEUR MARCEL
MARREC JEAN MARTIN YVON MASSON STÉPHANE
MERROUR HERVÉ MERRIEN PATRICK MOCAER MAURICE
MORVAN FRANCK MORVAN HENRI MOULIN FABRICE
MOURIER JACQUES NEDELEC RÉMI OGUER GILBERT
PENNEC EDMOND PERHIRIN MICHEL PERON YVES
PIRO PIERRE POLARD SERGE PORZIER YVON
QUEMEMEUR JEAN FRANÇOIS QUERE DOMINIQUE SAGORIN JEAN CLAUDE
SALIOU FRANCK SENECHAL BERNARD UGUEN SERGE
VANDERBERGUE LOUIS VINCENT GÉRARD
Agents de Maîtrise
DEMERS ALAIN HENRY ARMAND LE DREAU PIERRE
MAZIERE JOSEPH PERHIRIN GEORGES
Mensuels
COTREL XAVIER FERNANDEZ MIGUEL
FOLGIAN CHRISTIANE JULIEN ANNIE
CDD plus de 6 Mois
BERTHEVAS JEAN FRANÇOIS LE GOFF JOSÉ
UN HOMMAGE À DES MILITANTS
François Cuillandre, le maire de Brest, et Jeanine Echardour viennent de dévoiler la rue, au port, portant le nom du militant.
Depuis hier, une rue du port porte le nom de François-Echardour, militant syndical décédé en 1988, à 63 ans. Une « figure » de la CGT, engagé aussi au Parti communiste.
François Cuillandre, le maire de Brest, a dévoilé le nom de la rue, en compagnie de l’épouse de François Echardour, Jeanine. Les quatre enfants du couple, les petits-enfants étaient présents ainsi que beaucoup de ceux qui, au fil des décennies, ont accompagné la CGT. 
«Il tient sa reconnaissance du combat qui a été sa vie» a expliqué le maire, faisant référence aussi à la force de conviction de l’homme et à son humour. «A la tête de multiples manifs, debout, sur une table, un établi, sur le toit d’un car, s’adressant avec fougue aux travailleurs en lutte, voilà l’image qui reste gravée dans les mémoires de tous ceux qui l’on connu» a commenté Marie-France Thomas, secrétaire de l’union locale CGT.
Mousse à la pêche
François Echardour s’est engagé comme mousse à la pêche à 13 ans au Conquet, puis à 18 ans, est rentré dans la Résistance. En 1944, de retour à Brest, il devient secrétaire de la commission jeune des marins CGT. Sa vie militante s’identifie ensuite à plusieurs grands mouvements sociaux (décrets salariaux à l’arsenal, «marche de la faim» vers Quimper…). Sur le port, François Echardour, licencié puis réintégré chez Dubigeon, est très présent. «Réussir à mettre ensemble les dockers, les caréneurs, les marins, les pêcheurs et la réparation navale était un challenge que seul Fanch a été capable de réaliser» a estimé Marie-France Thomas. Secrétaire de l’union locale CGT pendant 13 ans, il sera aussi aux avant-postes d’autres conflits, notamment celui de Transocéan.
«Tenace et trop tôt disparu»
Quand en 1978, il lui est reproché un outrage à magistrat, pas moins de 26 témoins vont se succéder à la barre pour sa défense. Francis Le Blé, maire de Brest, dira alors : «Je connais bien M. Echardour, il a parfois un langage abrupt, mais c’est l’image que je me fais de lui et j’ajoute que les paroles qui lui sont attribuées ne correspondent pas à son tempérament». S’en suivra une relaxe. Gaétan Le Guern, adjoint au maire chargé de la culture, a aussi rendu hommage hier au militant communiste, engagé dès 1945, « tenace et trop tôt disparu».
Dans le même registre, nous pouvons aussi rendre un hommage, à notre ami Marcel Morin,
technicien électricien, dans une entreprise de la réparation Navale. À notre ami Lucien Martin caréneur.
Deux délégués, à qui nous devons énormément de progrès dans les conditions du travail. Toujours en avant pour notre sécurité, nos salaires, nos différents avantages. Merci, des grands hommes.
Un résumé des nombreux conflits dans la réparation Navale
Après plus de 3 semaines de grève totale, un compromis met un terme au conflit, cet agent de maîtrise exercera sa mission qu’avec du personnel bien précis dont un délégué GGT sur le port de commerce.
Une grande satisfaction pour tous ces salariés dont la dignité avait été bafouée.
Mars 1982
La loi sur les 39h par semaine, nous amène à négocier avec le patronat du Carénage. Les employeurs en profitent pour tenter de nous faire renoncer à certains acquis obtenus par les luttes. Les caréneurs se mettent en grève et occupent leurs entreprises respectives pendant plus de 3 semaines.
Pour briser la lutte les patrons bloquent les salaires, leur stratégie a un effet inverse, les femmes des grévistes forment un comité de soutien et organisent une manifestation devant L’UIMM.
Dès l’arrivée de Mr B——- Président de cette organisation patronale – s’enclenche un échauffourée, résultat un blessé léger de chaque côté.
Le lendemain, les négociations repartent, les caréneurs obtiennent, satisfaction à leurs revendications.
Dans la foulée de la victoire, FO est balayé aux élections, il ne restera même pas un délégué syndical.
Nouvelle victoire qui fut fêtée dignement, je me souviens qu’un camarade avait même oublié qu’il avait invité plusieurs amis à une soirée ce jour là à son domicile et qu’elle eut lieu sans lui, je ne vous raconte pas la « soupe à la grimace » le lendemain.
Septembre 1982
Première semaine de ce mois toute la sous-traitance est en ébullition, de nombreux licenciements sont annoncés tant sur le port qu’à l’arsenal.
Raymond GUILLOU, secrétaire des métaux, avec l’aide de François ECHARDOUR, organisent la riposte.
Tous les accès sur le port de commerce sont bloqués pendant une semaine. Une délégation est reçue auprès des Ministères concernés.
Une assemblée générale est organisée pour un compte-rendu des entrevues, salle Marcel Cerdan.
Annulation des procédures de licenciement en cours, toutes les solutions doivent être utilisées pour permettre d’éviter tout licenciement.
« La Galissonnière » sera remontée de Toulon sur Brest pour pallier aux problèmes d’emploi.
Satisfaction sur toute la ligne, après le résultat de reprise de travail, l’international est entonné par l’ensemble des salariés.
Imaginez-vous la résonnance dans la salle pour ceux qui n’ont pas vécu le conflit ?
C’est un grand succès pour la CGT, le pot de la victoire est organisé, les tables installées devant la Maison du Peuple
Octobre 1982
Les employeurs ont la pilule amère et n’ont pas digéré ce cinglant revers, ils décident de suivre à la lettre les conseils du magazine Usine Nouvelle « Une nouvelle manière de gérer les entreprises » : déposez le bilan.
SOBRECAR et PEINTURE NAVALE enclenchent la procédure de dépôt de bilan : 106 licenciements pour Sobrecar, 80 licenciements pour peinture navale.
La GGT avec les salaries réagissent immédiatement, ils décident d’occuper leurs entreprises, ils sont déterminés, car ils ne veulent pas que la victoire acquise, trois semaines plus tôt soit balayée.
Une grande manifestation est organisée toute la journée : un samedi avec un élargissement à l’ensemble de la Métallurgie ainsi que les salariés de la SCAC qui ont, eux aussi, des problèmes d’emploi, avec les véhicules de la société.
Le bureau du maire est également investi, notre camarade Raymond Guillou secrétaire du syndicat des métaux, a un malaise, il charge Patrick Appéré et Marcel Madec, d’assumer la continuité du conflit pendant ses problèmes de santé.
Après plus de trois semaines de conflit et d’occupation des entreprises, un accord est signé entre la CGT et les employeurs.
1983
Des luttes ont lieu cette année-là pour les salaires et l’emploi. Une grande préoccupation des 
Salariés pour leur devenir du fait des situations de SOBRECAR et PEINTURE NAVALE.
JANVIER 1984
PEINTURE NAVALE et SOBRECAR sont mises en liquidation dd bien 270 salariés reçoivent leur lettre de licenciement.
Les salariés de ces entreprises décident à nouveau de mener le combat pour sauvegarder leurs emplois.
En février, un accord visant à la reprise de 240 emplois est obtenu par la CGT, ces salariées sont mutés dans la nouvelle dans la nouvelle société SBCPN créée par Mr Blavec.
Une autre société la SOCAP est arrivée avec la convention du bâtiment et refuse de reconnaître celle de la Métallurgie, les accords du Carénage et ne veut surtout pas reprendre les 30 salariés.
Une grande manifestation avec les véhicules des salariés jusqu’à la direction départementale du travail et l’emploi à Quimper est organisée.
Les ponts de recouvrance et de l’harteloire sont bloqués pendant plusieurs jours. Finalement, SOCAP se verra obligée de satisfaire l’exigence de la CGT, les 30 salariés sont repris avec maintien des acquis. Beau succès aussi que celui-là.
Décès du secrétaire des Métaux, beaucoup de caréneurs sont présents pour ses obsèques.
Il est remplacé par Patrick Appéré. 
MARS 1985
Arrivée de l’entreprise BROUARD ? Tous les salariés de là sous – traitance se mettent en lutte pour l’emploi et l’établissement des bordereaux de salaires que le prévoit le code des marchés publics.
Après plus d’une semaine de conflit et qu’une délégation ait été reçue au ministère de la Défense, la CGT obtient satisfaction.
FEVRIER – MARS 1986
Dénonciation par les employeurs du carénage de l’ensemble des accords du Carénage signés depuis 1957.
La réaction de la CGT avec les caréneurs est immédiate, le bras de fer est engagé et après plus d’une semaine de grève totale, un accord sur l’essentiel des acquis est arraché au patronat avec engagement de celui-ci de poursuivre les négociations dans l’accord du 3 mars 1986.
D’avril à décembre 1986, cette période sera encore riche de luttes, pour les libertés syndicales, Marco Le Guillou, Bernard Le Hir, sont licenciés, remise en cause du mi-temps syndicale de Patrick Appéré, tout ceci bien sûr pour freiner l’ardeur de la CGT. Les caréneurs se battront également pour l’emploi, c’est la mise en place des charrettes de 9 ouvriers étant donné que la droite vient de retirer le contrôle des licenciements aux inspecteurs du travail. 
JANVIER 1987
Depuis mars 1986, les employeurs n’ont pas répondu aux multiples demandes de négociation liées aux dénonciations des accords du carénage.
La CGT appelle les caréneurs à l’action pour contraindre les patrons à s’asseoir à la table de négociations.
Les salariés décident d’effectuer deux heures de grève par jour. Mais rien n’y fait, en avril un ultimatum est lancé par le syndicat de la métallurgie à l’ensemble des employeurs qui ont copié les patrons du carénage, c’est-à-dire ceux de l’électricité bord, la mécanique et EPA.
Les employeurs n’y répondent pas, c’est la grève générale qui est décidée par 500 salariés en assemblée générale , elle sera reconductible après consultation et vote de salariés quotidiennement
Sept semaines de grève totale, mais lors de la dernière semaine de juin, beaucoup nous ont abandonné, nous ne comptons plus que 189 participants lors de la dernière assemblée générale.
Les Elus se réunissent et proposent la suspension du mouvement afin de reprendre des forces, depuis tout le monde sait ca qu’il en est advenu ?
Après 1987
Pendant une période de quelques années, les caréneurs ont toujours espoir de récupérer leurs avantages par voix de justice, là aussi nous avons échoué en Cours D’appel et Cours de Cassation, bien que le Conseil des Prud’hommes de Brest nous donne raison.
Ils s’étaient même déplacés jusqu’à Rennes pour montrer leur détermination, cela n’a pas suffit c’est un jugement politique, plus qu’un jugement de droit qui a été rendu.
Après coup, une partie du carénage ne se remettra que difficilement, il faudra que le temps passe pour que peu à peu, ils reviennent dans nos rangs.
Juin 1989
Suite au conflit de septembre 1982, la GGT avait obtenu qu’environ 200 salariés de la sous traitance.
soient intégrés comme travailleurs d’Etat. Mais cela ne s’est pas fait sans difficulté et n’a pu être concrétisé qu’en 1989.
La ténacité de la CGT de ce dossier a été payante, cela concernait environ 40 caréneurs.
Comme quoi la lutte paie toujours même si ses effets peuvent être longs à venir.
Novembre 1992 et février 1993
Les marchés DCN de 3 ans viennent d’être redistribués, Solorpec n’est pas retenue.
La CGT invite les patrons du Crénage à discuter l’application de l’accord de mutation intra-entreprise.
Ceux-ci refusent l’application et se contentent de reprendre une vingtaine de salariés.
Le bras de fer s’engage, la CGT appelle à la lutte tous les matins dès 5 heures 30, la porte de Jean Bart est bloquée ainsi que le pont de Recouvrance.
Au bout de 3 mois de concertation, tous les salariés de Solorpec sont repris sauf six délégués CGT qui décident de défendre leur emploi en demandant au syndiqué de rester vigilants.
Après de multiples essais du patronat de les licencier, ce dernier sera chaque fois débouté.
Là aussi, ce fut une victoire très importante que celle-ci, car elle mit en échec les employeurs tant sur l’emploi que sur les libertés syndicales Bien Sût Ty Jean était présent.
1996-19997
il aura fallu l’annonce du Plan Million pour que le monde du carénage se réveille afin de défendre les emplois et se batte pour un accord de salaire, ils ont de nouveau compris que sans lutte de leur part, ils ne peuvent rien.
Un accord sera signé par la CGT et le patronat, mais il aura fallu attendre 10 ans.
Ils participeront aussi à l’occupation de la Mairie de Brest qui verra l’annonce de prise en compte du secteur Offshore, la construction d’une plate-forme et l’obtention des 10 mois de congé de conversion départ des 54 ans.
Celle-ci aussi a été une belle lutte avec un très grand succès populaire.
1996, annonce d Plan Million, prise en compte de la population brestoise dans les mois qui suivent plusieurs manifestations jusqu’à 30 000 personnes qui refusent le destin promis : grande catastrophe économique et sociale 6 000 emplois vont disparaître. 
De grands discours et de belles promesses laissent espérer, ont été faits depuis cette période.
Qu’en est-il aujourd’hui, nous sommes toujours à la casse départ ?
Diversifier en partant des compétences vers des activités nouvelles, développer l’activité réparation navale qui ne travaille pas au maximum de sa capacité, ce qui devrait générer de nombreux emplois et faire de Brest un pôle d’excellence de l’Offshore.
Triste constat que l’on peut faire en cette période, quel mépris de la population brestoise qui a exigé avec force sa volonté d’obtenir un autre avenir que celui programmé.
À cette catastrophe de perte d’emploi, combien d’entreprises, de commerces, de services publics touchés par ces décisions, de perte économique pour Brest et ses communes avoisinantes.
Messieurs les Responsables politiques et économiques, l’heure n’est plus à la parole ce que veulent les Brestois, c’est des actes.
Il est urgent d’agir de nombreux emplois sont en jeu. Dès la rentrée prochaine, des salariés devront aller pointer au chômage et des entreprises disparaîtront.
Environs 2000 sous – traitants travaillent actuellement pour DCN, les besoins de celle-ci pour début 2000 sera de 300 personnes, pourtant ces salariés ont prouvé leurs compétences ainsi que leurs facultés d’adaptation (Porte –avions, Sirocco, Offshore). 
Les salariés de la sous-traitance refusent ce processus afin que Brest ait un autre avenir que celui qui se dessine actuellement. C’est pourquoi, la CGT de la Métallurgie demande de soutenir les salariés de la sous – traitance.
Si toutes les grandes luttes ont été énumérées, c’est parce qu’elles retracent l’activité de Ty Jean et nous en sommes restés à l’essentiel. Ceci démontre la carrière de lutteur qu’a été celle de Ty Jean. 
Tous les conflits, Ty Jean, les a vécus avec une grande présence, comme délégué, syndiqué, collecteur, cuistot, commissaire, toujours disponible, toujours en tête de manif et souvent porteur de banderoles CGT.
Même dans les grandes manifs organisées hors de Brest, on voyait Ty jean la Merguez. Foot, Kermesse, il savait apporter son aide celui qui le voulait.
Toujours souriant, même dans les périodes très difficiles, il est pour moi et beaucoup d’autres, j’en suis sûr, un grand camarade.
Ty Jean, petit par la taille, est un grand lutteur.
Ty jean, est petit, mais possède une grande force de caractère.
Ty Jean est petit par sa taille, mais est un grand homme avec un Grand H par son courage.
Je m’excuse d’avoir été si long, mais comment retracer la vie de Ty Jean lutteur, militant CGT en quelques lignes simplement, tant il a été présent dans les luttes de la CGT.
C’est pourquoi, je vous demande d’applaudir Ty Jean pour être ce qu’il est. 
Date clé
1935 : une partie de la population ouvrière de la ville de Brest se soulève contre des baisses de salaire imposées par le gouvernement. Deux morts et des centaines de blessés sont à déplorer. 1950 : une grève générale, partie de revendications contre les mauvaises conditions salariales des ouvriers du bâtiment, mobilise Brest. Édouard Mazé, syndicaliste cégétiste, est tué pendant un affrontement avec les forces de l’ordre. 1968 : Mai 68 est aussi le mois des ouvriers de l’Arsenal. En 1951, leurs salaires sont négociés pour être égaux à ceux des ouvriers de la Métallurgie. Ce décret ne sera appliqué qu’en 1968, après des années de bataille. 1987 : les ARNO (Ateliers Réunis du Nord et de l’Ouest) deviennent la Sobrena après sept semaines de lutte pour conserver leurs emplois. Pour l’occasion, ils construisent une étrave, baptisée l’Espoir, qui deviendra le symbole de cette lutte. 1996 : la ville se mobilise pour « Brest Debout », une série de manifestations pour contrer les plans de restructuration de la Défense. Ce plan prévoyait 1 900 licenciements à la DCN et 1 200 dans les entreprises sous-traitantes. 10 000 personnes défilent dans les rues de Brest. 2011 : les ouvriers de la Sobrena se mettent en grève pour défendre leur outil de travail. L’Espoir II devient de nouveau le symbole de cette lutte. Damen, entreprise néerlandaise, repart avec les 217 employés du chantier. .
