Brest d’hier et d’aujourd’hui

D’après le Télégramme de Brest

L’entrée du camp de « Ponty », à la fin de la première Guerre mondiale. Un peu au nord de l’actuel quartier de Pontanézen. Collection des Archives de Brest

Pontanézen : des camions militaires au tramway

Les camions américains stationnés dans le parc automobile du camp de Pontanézen (Archives municipales de Brest)

David Cormier

« C’était il y a un siècle, il y a une éternité », chanterait le Franco-américain Joe Dassin. On imagine assez mal aujourd’hui l’impact sur Brest et ses enivrons de la présence massive et soudaine des soldats américains, deux ans durant, de la fin 1917 à décembre 1919.

Des dizaines de baraques au bas mot

Il faut se figurer ces bateaux bondés de jeunes hommes ne parlant français, encore moins breton, venus prêter main-forte aux troupes européennes dans ce premier conflit mondial qui s’enlisait. Ces dizaines de baraques, au bas mot, construites à la va-vite à lambé, le fameux camp de Pontanézen. «  En fait, cela se trouvait un peu au-dessus de l’actuel quartier de Pontanézen, où l’on trouve les immeubles, plutôt sur la route de Gouesnou », précise Olivier Polard, historien. Là où se sont dressés un Hôpital puis un camp de Napoléon (où étaient enfermés des Noirs venus des Antilles pour ne pas qu’ils se mélangent à la population) devenu caserne à l’inconfort notoire, et un champ de manœuvres.

Entre L’Hermitage et Kergaradec

Aujourd’hui, on y trouve le quartier Buquet de la gendarmerie, l’école d’ingénieurs Ensta, la maison d’arrêt et la zone économique de l’Hermitage, en développement. Le tramway monte vers Gouesnou, à peu près à l’endroit où se trouvait l’entrée du camp.

De nos jours, la montée du tramway sur la route de Gouesnou se trouve à peu près sur le bord est de l’ancien camp militaire américain.

« Broadway Boulevard » ou le « Boulevard du retour », disait –on à l’époque. Les deux étoiles du commandant Smedley D. Butler s’affichaient sur la porte, comme le 8 d’argent traversé d’une flèche, insigne de la 8e division, dite Pathfinder et l écusson du camp, avec ses caillebotis essentiels à son bon fonctionnement, pour dompter la boue. Côté intérieur était écrit, au lieu de « Welcomme » (bienvenue), « América go speed » (Amérique va vite »).              

638 structures provisoires, des centaines de milliers de soldats

Camp de Pontanézen

Des dizaines de milliers de « doughboys » (soldats américains) ont débarqué dans le port de Brest en quelques mois. Rien qu’en juillet et août 1918, il y en a eu plus de 200 000, se relayant jusqu’à dépasser les 110 000 en même temps sur le site, soit les populations de Brest et Lambézellec réunies. Sur  687 ha, en quatre mois, ce sont dressées 638 structurés, dont « 48 quartiers des officiers, 48 salles de mess, quatorze grandes cuisines, quatre foyers, 125 latrines et des locaux religieux », selon le passionné d’histoire Marcel Hervé, notamment dans les cahiers de l’Iroise 225, en 2017.     

Inspection du général américain Pershing: vue du rassemblement des soldats sur les quais du port de commerce de Brest (Archives municipales de Brest)
Le Far West aux portes de Brest

1,2 million d’entrée au cinéma en mars 1919

Le rituel, pour les « Sammies », leur autre surnom, était le suivant : douche, badigeonnage, douche à nouveau pour une bonne désinfection, au   rythme de 4 000 à l’heure. Puis remise de l’uniforme. Jusqu’à 7500 repas pouvaient être servis à l’heure. Il fallait aussi occuper les soldats, pour les dissuader de trop traîner en ville. Un auditorium de 3000 places, douze foyers YMCA (les fameux Youg Men’s Christian Association-genre d’auberges de la jeunesse- chantés plus tard par les Villages People), onze de la Croix-Rouge. Le cinéma aurait cumulé en mars 1919 environ 1,2 million d’entrées ! Autre époque…  

Cinéma théâtre

 La population locale passe de l’espoir au rejet

Passés l ‘exotisme, le modernisme (les premières notes de jazz en Europe), l’espoir de victoire surtout et, localement et prosaïquement, le débouché commercial amenés par ces troupes américaines, la population locale a commencé à déchanter, jusqu’à réclamer leur départ L’arrivée par bateaux, courant 1918, de la ravageuse grippe dite « espagnole »,

causant la mort de milliers de soldats et de Bretons, a sans doute constitué un tournant. La hausse des prix induite par cette nouvelle population,  les méfaits de l’alcool, le développement de la prostitution et des violences, le fait que d’aucuns s’affichent en ville avec de jeunes Brestoises, munis de signes extérieurs de relative richesse, le développement de bars clandestins à Lambé, Gouesnou et Guipavas pour ce que l’on n’appelait sans doute pas encore des « after », après l’extinction des feux à 23 h, ont posé problème. À  noter que la communauté chinoise (un millier de personnes ?) mise à disposition des soldats américains, à dû plier bagage également, et rentrer au pays.

La Grippe Espagnole
la grippe Espagnole
Grippe espagnole, cimetière de Pen-Ar Vally (Lambézellec)

1917 est une année charnière dans la guerre de 1914-1918, notamment grâce à l’entrée en guerre des Etats-Unis. Le débarquement à Brest, et la vie autour de Brest des soldats américains arrivés en 1917 et 1918. Avec l’histoire de la musique (l’arrivée du jazz, et le lien entre cette musique et le développement de l’industrie du disque).

L’arrivée du Jazz
On considère que plus d’un millier de musiciens noirs ont joué en France durant 1918 et 1919 dans ces orchestres militaires. Ceux-ci jouaient à peu près tous le même répertoire, qui comprenaient de la musique classique européenne, de la musique « légère » américaine, de la musique militaire, de compositions de ragtime, quelques morceaux que l’Original Dixieland Jazz Band avait enregistrés en février 1917 à New York, et de la musique du Sud des Etats-Unis (spirituals et plantation mélodies).


l’arrivée du jazz, et le lien entre cette musique et le développement de l’industrie du disque.

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