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Bonjour Je m’appelle Patrick Elies. Je suis né dans la baraque de ma grand-mère au Bouguen

Merci beaucoup Georges pour ton mail très chaleureux. 

Sur les 5 chansons c’est la chanson les baraques qui a le plus  de vues : Super que tu puisses relayer largement autour de toi. 

Si par hasard vous vouliez organiser une soirée cabaret chanson française je serais heureux de pouvoir me produire à  Brest.

Bonjour

Je m’appelle Patrick Elies. Je suis né dans la baraque de ma grand-mère au Bouguen. Puis j’ai habité au Bouguen centre jusqu’à l’âge de 15 ans.

Je suis auteur compositeur interprète et j’ai écrit une chanson sur les quartiers de baraques. Il y a 3 semaines j’ai donné un concert accompagné par 3 musiciens. Un copain à filmé entièrement 5 de mes chansons dont les baraques puis a mis les vidéos sur You Tube. La chanson  » les baraques  »

Je compte sur vous pour visionner les vidéos au maximum et faire connaître cet art du vivre ensemble et cette solidarité qui existaient à l’époque dans les quartiers de baraques. 

Si l’on pouvait s’en inspirer aujourd’hui au lieu de vivre chacun dans son coin.

Bien cordialement et à  bientôt de tes nouvelles. 

Patrick

Sous le port de commerce, la grève. Brest d’hier et d’aujourd’hui. David Cormier. Le Télégramme de Brest.

Le Porstrein, vue de la gève, des maisons situées au bas des fortifications. À l’arrière-plan, la cheminée d’une usine. Auteur inconnu, Collection des Archives de Brest.
L’anse de Porstrein et le « Petit Jardin », avant le commencement des travaux du port de commerce, à Brest (vers 1860)




Source du document. Archives Municipales de Brest




Maisons des pêcheurs. Source du document Archives Municipales de Brest

C’était encore le temps où le port de commerce se trouvait à l’étroit dans la Penfeld militaire. Après l’arrivée de la photographie. Donc dans une fenêtre temporelle assez précise, en plein milieu.  XIXe siècle. On ne connaît pas l’auteur de ce cliché du Porstrein, conservé aux Archives de Brest.

« On y trouvait aussi des fours à chaux, dont l’odeur incommodait les bourgeois qui vivaient au-dessus. La chaux, était utilisée pour construire les fortifications, avec la pierre qui venait de l’île Ronde », devant la pointe de Plougastel, narre Olivier Polard, historien Brestois.

Sur la falaise des fours à chaux.
Document iconographique d’une personne voulant sauver les fours à chaux. 
Encore sur la falaise,
La fontaine avec une aiguade superbe dont il est même possible de régler le débit par un système très ingénieux – C’est un véritable lieu magique.

Sur la falaise des fours à chaux
Document iconographique d’une personne voulant sauver les fours à chaux. 
Vestige sur falaise,
Le plus grand four à chaux conservé – 8 m de diamètre à l’intérieur et le conduit intact.

   Il est toujours émouvant d’imaginer le passé de Brest.
« Rappelle-toi, Barbara ». Il pleuvait sur Brest ce jour-là » l’amour sincère dans ce décor dont « il ne reste rien ».
Je ne veux pas faire dans le romantique encore que. La poésie est parfois bonne conseillère et adoucie les mœurs.
Lorsque des vestiges « anodins » surgissent à Brest, ceci prend pour nous des indices de valeur différents d’ailleurs.
Sur l’ancien port de Porstrein, un simple article a mis le quartier, et même des chercheurs en expectative :
Extrait J.Foucher (cahiers de l’Iroise 1962) :


en 1810 et jusqu’au Second empire, l’anse de Porstrein, située alors sur le territoire de la commune de Lambézellec n’était qu’une grève comme il y en a tant aujourd’hui autour de la rade. Elle s’étendait des murailles du château aux falaises qui dévalaient des hauteurs de Kérourien jusqu’au Moulin-Grivart.


A cette époque il y avait trois fours à chaux – M. Pouliquen entrepreneur et maire de la ville en exploitait deux, l’autre étant la propriété d’un nommé Derrien, également entrepreneur.

Ces fours étaient alimentés par les calcaires de l’Ile Ronde et de Roscanvel.
Le chauffage se faisait au bois (fagot de genêt, d’orme, de hêtre) ; À eux trois ces fours fabriquaient annuellement 7200 barriques de chaux vive.


Les fumées qui s’élevaient de ces installations dégageaient des odeurs assez fétides – se mêlaient celles de la tannerie voisine, exploitée par Pouliquen où dominait l’odeur d’huile de poisson, employée dans la préparation des cuirs.
D’autres sites existaient dans cet environnement qui a été TOTALEMENT ignoré dans l’après-guerre – le port Napoléon a signé la fin de toute cette activité –


Une chance formidable se présente car, nous avons retrouvé les vestiges de ces fours à chaux et … les traces très bien conservées du village que « ces lambézelecquois HABITAIENT pour y travailler à la construction et fournir un cuir de bonne qualité »
Fours à pain, forge … Tout y est – une fontaine lavoir avec eau potable.
il ne s’agit bien sûr plus de souvenirs ici et il ne faudrait pas que cela le devienne, car, cela voudrait dire, que les traces de l’histoire auraient disparues pour un projet immobilier.


Même la Direction des Affaires Culturelles de Bretagne trouve une valeur patrimoniale LOCALE à ceci pour une ville « cruellement privé de traces de son passé »  Pour situer, ces vestiges se trouvent au dessus de la Carène.  

Mais les constructions ont eu raison de cette mémoire d’avant, hélas pour notre patrimoine.  

Financé par le second Empire
Le port de commerce allait se développer là, au pied des fortifications, sur la mer, au début des années 1860, précédant de très peu le train. Un mouvement soutenu financièrement par Napoléon lll (venu à Brest en 1858) et son régime. « Il y avait, à l’époque de vieilles maisons de pêcheurs tout le long du bas des remparts, jusqu’à l’actuel Parc-à-Chaînes ».

Casino, usine à gaz et bunker
« Avant la Seconde Guerre mondiale, les fours ont été un peu délaissés », poursuit un autre historien brestois, Yves Coativy. « Plus loin, il y avait le casino,  l’usine à gaz eu une usine de démolition de bateaux. 

Source du Document M. Grannec

Plutôt un lieu où l’on venait danser et boire que jouer, d’ailleurs. Et derrière la Carène et le club de tir, les Allemands avaient laissé des bunkers pas terminés, destinés à servir d’hôpital souterrain. On en voit encore la trace ». Si on se place à peu près au même endroit qu’il y a cent soixante ans, on est gêne par un immeuble. Il faut s’approcher et réussir à prendre un peu de hauteur pour que la salle de spectacle ne cache complètement pas les fortifications. 


Un casino a existé à Brest, 1897 à 1916, dans le quartier de Saint-Marc (©Tous droits réservés Archives de Brest)

Qui appelle cela encore le Porstrein ?
Combien de Brestois appellent-ils encore cet endroit le Porstrein ou Porz Trein, « le port aux buissons d’épines » ? De nos jours, on désigne cet espace situé au pied des remparts, du Cours Dajot, sous le nom de « polder » ou plus souvent « port de commerce » voire, pour faire plus brestois, « le port de co ». 



Porstrein


. Moulin Grivard (Peinture) Le port avant


Lavandières au lavoir du Moulin Grivard. Source Archives Municipales de Brest.
Sur la carte postale précédente de Porstrein. Nous apercevons en haut à gauche le linge des lavandières qui sèche, et la maison au-dessus du lavoir.   


Annexé à Lambé !
Il s’agissait autrefois d’une anse prisée de la population pour s’y promener, avec sa plage, ses bateaux de pêche… Son village, aussi. Tandis que Lambézellec, qui s’étendait jusqu’au château, revendiquait ce territoire hors des murs de Brest, cette dernière l’a annexé en avril 1847. Ce n’était qu’un début… Lambé et d’autres communes voisines allaient suivre en 1945. 
Du nom Porstrein, il reste la trace sur des plaques de deux rues, dans ce secteur : celle de Porstrein, qui longe Le Fourneau et Porstrein-La pierre, qui descend derrière la Chambre de commerce de d’industrie métropolitaine Bretagne-Ouest, finissant le chemin. 
Le nouveau quartier veut évoquer l’activité marine.
Tout un quartier continue à pousser sur le polder accueillant, depuis les années 1860, le port de commerce de Brest. Des immeubles de bureaux se dressent encore en ce moment sur les remblais complétant l’offre parmi des hôtels, bars, restaurants, commerces et salle de spectacle. Les anciens rails, encore apparents par endroits, sont longés depuis ce printemps par une piste cyclable. 


De rouille, de vert et de rouge

La Carène occupe l’espace au pied des remparts, tout comme les entreprises et des bureaux. Source du document le Télégramme

Le nom de la Carène, moderne salle des musiques actuelles ouverte en 2007, et sa couleur rouille rappellent l’activité navale d’entretien des coques des navires dans les formes de radoub voisines. Deux bâtiments contemporains arborent chacun, dans un angle, la couleur (le rouge et le vert) des balises d’entrée au port. Comme, les
Capucins, le Passage des Arpètes perpétue le souvenir de l’activité industrielle passée.

Le Port année 1920
Le Port année 1950

BARAQUES BLUES

Entre 1944 et 1975, 40.000 Brestois ont vécu dans 3.000 baraques en attendant d’être relogés, après la destruction de la ville. La réalisatrice Brigitte Chevet, dans son film « Baraques Blues », évoque cette période qui appartient à la mémoire collective. Ceux qui l’ont vécue en parlent avec une certaine nostalgie.

Baraques Blues

Baraque type YK 100.

Brigitte Chevet
Photo : la coopérative et la cité du Bouguen sous la neige, pendant l’hiver 1955. Source du document Le Bouguen.


Après le siège de Brest en 1944, la ville n’était plus que décombres. 10.000 immeubles et habitations avaient été ensevelis par les bombes et les obus.

Source du document alain.liscoet

S’imposa la nécessité de reloger ceux qui avaient tout perdu. En attendant la reconstruction « en dur » dont les plans naquirent en 1948, apparurent les « baraques », françaises

Baraque française, source Mémoir de Soye, Association.

Source Le Bouguen, Association

ou américaines, en bois ou en fibrociment,

Baraque en Fibro Ciment, source Le Bouguen,Association

sans oublier celles des cheminots. Des pierres, provenant des ruines, servaient au soubassement.

Baraque des cheminots, source Wiki Brest

Ces conditions précaires qui, pour certains, durèrent jusqu’en 1975, n’en engendrèrent pas moins une vie collective riche de chaleur humaine et d’entraide. 40. 000 Brestois séjournèrent ainsi dans ces baraquements qui se comptèrent jusqu’à 3.000. La réalisatrice. Brigitte Chevet a choisi en 2003 de faire revivre ces heures dans « baraques Blues », un film de 52 minutes,

pour garder une trace de notre histoire, dans notre mémoire collective. Un engouement certain qui atteste de la volonté des Brestois de ne pas oublier ce que fut la vie de leur cité dans ces années-là. Le passé d’hier ne doit pas redevenir le présent de demain. Paix. Amitié.

DIMANCHE D’HIVER AUTOUR DES FOURNEAUX

Autour des Fourneaux

Témoignage de Joël Le Bras :
« Je me rappelle avec un peu d’amertume, ces dimanches d’hiver au Bouguen où nous guettions avec impatience-seule vraie distraction en définitive le passage attendu, aussi bien des gens de gauche que ceux de droite, du crieur de « L’Humanité Dimanche ». La lecture de ses pages très variées complétait l’écoute de la radio, du « Disque des auditeurs » au « Grenier de Montmartre » en passant par « la famille Duraton » et les reportages sportifs de Georges Briquet. La Famille Duraton est un feuilleton radiophonique créé par Radio-Cité en 1936. Alors, on se calfeutrait autour des fourneaux de cuisine, bourrés de charbon jusqu’à la gueule, tandis que les carreaux des fenêtres ruisselaient sans fin sous l’effet de la condensation. Pas d’autobus, bien sûr, s’aventurant aussi loin. Le temps d’en attendre un, Bouguen-Poterne, pour rejoindre la ville était si interminable qu’on préférait finalement la marche à pied par le Moulin à Poudre et les rudes escaliers de la rue Latouche Tréville ». 

Les rudes escaliers. Source du document Madame Menez Lorient

Brigitte, chevet a intitulé son film « baraques Blues », un titre qui rend bien le sentiment de nostalgie que le sujet évoque pour de nombreux Brestois. Ils furent, en effet, 40. 000 à vivre dans ces habitations de fortune conçues pour être provisoires au lendemain de la guerre mais dont les dernières ne disparurent qu’en 1975.

Les dernières baraques Brest, quartier du Polygone, année 1980.

Mais la réalisatrice, parodiant Sacha Guitry, aurait aussi pu appeler son document « Si les baraques m’étaient contées », tant il amène à feuilleter les pages d’une partie de l’histoire de la ville. Avant Brigitte Chevet, un ouvrage collectif paru aux éditions du Télégramme (« J’ai vécu en baraque. ») avait déjà évoqué avec de nombreuses photos et des témoignages tour à tour drôles et émouvants ce que fut cette période de vie collective et chaleureuse. L’association des anciens du Bouguen, des amis du Polygone-Point du Jour, de Kérangoff, avec le concours de tous les anciens des baraques. Surtout les amis du Polygone-Point du jour, sans qui la vie des baraques ce serait perdu sans jamais refaire surface, la première grande fête et à leur détermination de faire revivre cette époque.

Livre « j’ai vécu en baraque »

« Un travail universitaire avait été consacré à la question, mais, pour Brigitte Chevet, le vrai déclic s’est produit lorsque des amis très proches de mes beaux-parents, des Brestois, n’ont parlé de leur enfance e baraque », me raconte Brigitte chevet, à notre première rencontre à Brest, pour démarrer cette histoire. (Moi Georges Perhirin). Ensuite, la cinéaste est partie à la rencontre de  ceux qui ont passé leur jeunesse du côté de ces 25 cités réparties à travers la ville. Les nécessités du temps faisaient que s’y côtoyaient toutes les classes sociales : « De l’ouvrier maçon au libraire, en passant par le pharmacien, l’artisan, le commerçant, explique Brigitte Chevet. Les plus fortunés furent les premiers à les quitter, les autres restèrent plus longtemps. Il existait un brassage égalitaire, convivial et spontané, sans qu’il ait été besoin d’être décrété. Ce qui explique sans doute la nostalgie que continue à susciter cette période où l’égoïsme n’était pas de mise ».     

 

« On oubliait de payer le loyer ! ».
Dans « J’ai vécu, en baraques », « Tout le monde ne payait pas son loyer, loin s’en faut, (à l’époque pas de RMI, pas CMU, Manque d’aides, ce n’est pas comme aujourd’hui), ou tu as les Restos du Cœur, les secours Catholiques, l’association de Tonton Pierre, le chômage, là Le Papa, devait fournir la preuve des 120 heures de travail dans le mois pour avoir le droit aux allocations, familiales. Sinon, c’était zéro franc. 

Ce n’étaient pas les vacances comme en 2020. Le loyer pourtant, il s’agissait d’une somme très modique ; mais à l’époque, le paiement systématique n’était pas encore entré dans les mœurs, et on oubliait facilement de s’acquitter de cette obligation. Mais plus tard, lorsque des familles du Poly ou du Point du Jour, ou du Bouguen voulurent aller goûter le confort dans de nouveaux quartiers en « dur » qui fleurissaient à Brest, on leur demanda alors de régler tous les arriérés des loyers non payés. En cas de refus, l’attribution du nouveau logement était remise en question. Heureusement, avec le MRL local (ministère de la Reconstruction et du logement),on parvenait toujours à trouver une solution ». 

Une partie du bureau du Bouguen. Une baraque Française, une baraque type Uk 100, américaine . Georges Perhirin, Gérard Le Mérour, Olivier Le Coq, Jean Pierre Le Roi, Françis Tanne. Source du Document Ouest France

Un hommage à Jean Lazennec et le commentaire de Brigitte Chevet.
Pour les besoins de « Baraques Blues », BRIGITTE Chevet a, bien sûr pu s’appuyer sur des interviews, mais aussi sur des documents d’époque. « J’ai pu réaliser un énorme travail de collectage grâce, en particulier, aux associations des quartiers concernés. J’ai récupéré ainsi environ 300 photos pour en garder dans le film 80. En revanche, les documents filmés sont très rares, sauf évidement les films de famille tournés par des amateurs au moment des fêtes ou des premiers pas des bambins ». Remerciements à Mme Lazennec dont le mari Jean aujourd’hui décédé, fixa sur la pellicule des scènes qui participent aujourd’hui à la mémoire collective. Jean Lazennec, qui fut membre du club des cinéastes amateurs brestois, anima surtout pendant de longues années le ciné-club de Saint-Marc. Il inculqua alors le goût de l’image à une foule de lycéens. Parmi eux, figuraient Olivier Bourbeillon et Gilbert Le Traon. Le premier est, à son tour passé derrière la camera. Le second dirige la cinémathèque de Bretagne… (Je parle du 19 Mars 2003), l’association des Anciens du Bouguen, à l’autorisation si besoin de se servir des films au cas où elle en aurait besoin.     Une partie de l’article de Monsieur André Rivier, Le Télégramme de Brest.   

 Quelques Hommes qui parlent du Bouguen, et de la ville de Brest.

Jean Kermarrec
Ce sont les Brestois qui ont reconstruit leur ville et les fondations sont là-bas, au Bouguen, dans la solidarité du peuple des baraques. « Je suis des baraques et j’aime bien parler de la reconstruction », avoue Jean Kermarrec en achevant son histoire qu’il trouve bien « ordinaire ».  Et il s’en accommode, faisant sienne cette phrase de Jean-Pierre Abraham, l’écrivain un temps gardien du phare d’Ar Men : « Il est plus important de réussir sa vie que de réussir dans la vie. » 


Jérôme Félix a dû batailler pour faire accepter que l’intrigue de sa BD se déroule à Brest.

BD parlant de Brest Série La lignée


Mourir à 33 ans. Cruel destin pour les fils aînés de la famille Brossard. Une malédiction qui s’étend sur plusieurs générations. Que fait-on lorsque qu’arrive l’année fatidique ? C’est la ligne directrice d’une saga qui s’étend sur quatre récits. Quatre histoires complètes qui se lisent de manière indépendante. Sortie dans la collection Grand Angle (Bamboo éditions), c’est une œuvre collective de quatre scénaristes. Laurent Galandon, Jerôme Félix, Olivier Berlion, Damien Marie.
Dessiné par Xavier Delaporte, le deuxième tome de la série se déroule à Brest. Le Brest de la reconstruction, le Brest des baraques en 1954. Sur fonds de revendications sociales, un jeune prêtre, Marius Brossard, s’installe en ville. Il découvre qu’un prêtre-ouvrier organise des cambriolages pour venir en aide aux populations locales. C’est le point de départ d’une histoire richement documentée sur le vécu de la ville et de ses habitants. S’y mêlent pour le besoin de l’intrigue, des libres adaptations de l’histoire de la ville et quelques libertés chronologiques telles que l’explosion du cargo 
Océan Liberty (1947), la répression violente des manifestations ouvrières (1950) mais l’ouvrage restitue fidèlement la vie dans les baraques.
Les auteurs ont d’ailleurs mené leur recherche avec l’aide du scénariste brestois Kris, l’ancien syndicaliste Raymond Laisney, et des membres de l’association des Anciens du Bouguen. Un dossier spécial, réalisé avec le service patrimoine de la ville de Brest accompagne la bande dessinée.

Cité de Baraques Brest

Baraque demi lune, de l’armée
Baraque type UK 100 Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen

Baraque type Baraque Française Mémoire de soye. Source Le Bouguen

Baraque type Baraque Canadienne Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen
Aménagements intérieurs Type UK 100. Angleterre

Aménagements intérieurs Type UK 100. Angleterre

Aménagements intérieurs .
Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen

Aménagements intérieurs .
Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen


Aménagements intérieurs Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen 

Aménagements intérieurs .
Ploemeur Mémoire de soye. Source Le Bouguen
Les trois baraques
Ploemeur Mémoire de soye. Source Mémoire de Soye
Baraquements de Carhaix. Source Le Bouguen.

Baraquements de Carhaix. Source Le Bouguen.
Cité de Baraques en Angleterre. Source
La photographe Elisabeth Blanchet
Les quartiers  Baraques Brestois. Après Guerre
Bouguen . Bragen. Bergot. Bellevue. Bois de Sapins. Bains-Douches. Foch. Forestou.  Gelmeur. Kérangoff. Kerebezon. Kéredern. Levot. Le Landais.    
Place de Bretagne .Polygone –Butte. Point du Jour .Place Sane. PolygoneCaserne.
Pont-Neuf .Paul Doumer .Place du Bot .Poul-Ar-Bachet .Rouisan

Brest d’hier et d’aujourd’hui

D’après le Télégramme de Brest

L’entrée du camp de « Ponty », à la fin de la première Guerre mondiale. Un peu au nord de l’actuel quartier de Pontanézen. Collection des Archives de Brest

Pontanézen : des camions militaires au tramway

Les camions américains stationnés dans le parc automobile du camp de Pontanézen (Archives municipales de Brest)

David Cormier

« C’était il y a un siècle, il y a une éternité », chanterait le Franco-américain Joe Dassin. On imagine assez mal aujourd’hui l’impact sur Brest et ses enivrons de la présence massive et soudaine des soldats américains, deux ans durant, de la fin 1917 à décembre 1919.

Des dizaines de baraques au bas mot

Il faut se figurer ces bateaux bondés de jeunes hommes ne parlant français, encore moins breton, venus prêter main-forte aux troupes européennes dans ce premier conflit mondial qui s’enlisait. Ces dizaines de baraques, au bas mot, construites à la va-vite à lambé, le fameux camp de Pontanézen. «  En fait, cela se trouvait un peu au-dessus de l’actuel quartier de Pontanézen, où l’on trouve les immeubles, plutôt sur la route de Gouesnou », précise Olivier Polard, historien. Là où se sont dressés un Hôpital puis un camp de Napoléon (où étaient enfermés des Noirs venus des Antilles pour ne pas qu’ils se mélangent à la population) devenu caserne à l’inconfort notoire, et un champ de manœuvres.

Entre L’Hermitage et Kergaradec

Aujourd’hui, on y trouve le quartier Buquet de la gendarmerie, l’école d’ingénieurs Ensta, la maison d’arrêt et la zone économique de l’Hermitage, en développement. Le tramway monte vers Gouesnou, à peu près à l’endroit où se trouvait l’entrée du camp.

De nos jours, la montée du tramway sur la route de Gouesnou se trouve à peu près sur le bord est de l’ancien camp militaire américain.

« Broadway Boulevard » ou le « Boulevard du retour », disait –on à l’époque. Les deux étoiles du commandant Smedley D. Butler s’affichaient sur la porte, comme le 8 d’argent traversé d’une flèche, insigne de la 8e division, dite Pathfinder et l écusson du camp, avec ses caillebotis essentiels à son bon fonctionnement, pour dompter la boue. Côté intérieur était écrit, au lieu de « Welcomme » (bienvenue), « América go speed » (Amérique va vite »).              

638 structures provisoires, des centaines de milliers de soldats

Camp de Pontanézen

Des dizaines de milliers de « doughboys » (soldats américains) ont débarqué dans le port de Brest en quelques mois. Rien qu’en juillet et août 1918, il y en a eu plus de 200 000, se relayant jusqu’à dépasser les 110 000 en même temps sur le site, soit les populations de Brest et Lambézellec réunies. Sur  687 ha, en quatre mois, ce sont dressées 638 structurés, dont « 48 quartiers des officiers, 48 salles de mess, quatorze grandes cuisines, quatre foyers, 125 latrines et des locaux religieux », selon le passionné d’histoire Marcel Hervé, notamment dans les cahiers de l’Iroise 225, en 2017.     

Inspection du général américain Pershing: vue du rassemblement des soldats sur les quais du port de commerce de Brest (Archives municipales de Brest)
Le Far West aux portes de Brest

1,2 million d’entrée au cinéma en mars 1919

Le rituel, pour les « Sammies », leur autre surnom, était le suivant : douche, badigeonnage, douche à nouveau pour une bonne désinfection, au   rythme de 4 000 à l’heure. Puis remise de l’uniforme. Jusqu’à 7500 repas pouvaient être servis à l’heure. Il fallait aussi occuper les soldats, pour les dissuader de trop traîner en ville. Un auditorium de 3000 places, douze foyers YMCA (les fameux Youg Men’s Christian Association-genre d’auberges de la jeunesse- chantés plus tard par les Villages People), onze de la Croix-Rouge. Le cinéma aurait cumulé en mars 1919 environ 1,2 million d’entrées ! Autre époque…  

Cinéma théâtre

 La population locale passe de l’espoir au rejet

Passés l ‘exotisme, le modernisme (les premières notes de jazz en Europe), l’espoir de victoire surtout et, localement et prosaïquement, le débouché commercial amenés par ces troupes américaines, la population locale a commencé à déchanter, jusqu’à réclamer leur départ L’arrivée par bateaux, courant 1918, de la ravageuse grippe dite « espagnole »,

causant la mort de milliers de soldats et de Bretons, a sans doute constitué un tournant. La hausse des prix induite par cette nouvelle population,  les méfaits de l’alcool, le développement de la prostitution et des violences, le fait que d’aucuns s’affichent en ville avec de jeunes Brestoises, munis de signes extérieurs de relative richesse, le développement de bars clandestins à Lambé, Gouesnou et Guipavas pour ce que l’on n’appelait sans doute pas encore des « after », après l’extinction des feux à 23 h, ont posé problème. À  noter que la communauté chinoise (un millier de personnes ?) mise à disposition des soldats américains, à dû plier bagage également, et rentrer au pays.

La Grippe Espagnole
la grippe Espagnole
Grippe espagnole, cimetière de Pen-Ar Vally (Lambézellec)

1917 est une année charnière dans la guerre de 1914-1918, notamment grâce à l’entrée en guerre des Etats-Unis. Le débarquement à Brest, et la vie autour de Brest des soldats américains arrivés en 1917 et 1918. Avec l’histoire de la musique (l’arrivée du jazz, et le lien entre cette musique et le développement de l’industrie du disque).

L’arrivée du Jazz
On considère que plus d’un millier de musiciens noirs ont joué en France durant 1918 et 1919 dans ces orchestres militaires. Ceux-ci jouaient à peu près tous le même répertoire, qui comprenaient de la musique classique européenne, de la musique « légère » américaine, de la musique militaire, de compositions de ragtime, quelques morceaux que l’Original Dixieland Jazz Band avait enregistrés en février 1917 à New York, et de la musique du Sud des Etats-Unis (spirituals et plantation mélodies).


l’arrivée du jazz, et le lien entre cette musique et le développement de l’industrie du disque.

Famille Hendrycks. Hendrycks (rue Arthur) Quartier Du Bouguen

En 1979, la municipalité décide d’honorer un Brestois d’adoption qui a été à plusieurs titres un honneur pour la ville. Arthur Hendrycks naît en 1891 en Belgique, où son père est rémouleur et parcourt les rues des bourgs, poussant sa charrette pour affûter les couteaux.

  
 

Un jour, ce même père par à pieds avec sa famille pour chercher fortune. Ils marchent en direction de l’ouest et parcourent en quelques semaines les 1 200 kilomètres qui les amènent à Brest. Arthur a 13 ans. Il assiste déjà son père, notamment pour appuyer sur les pédales et faire tourner la meule. En 1911, « Tutur » (surnom amical) a 20 ans et, bien que devenu « Ti zef » (brestois en langage populaire), il est toujours belge. Il doit reprendre le chemin de son pays pour effectuer son service militaire. Le premier conflit mondial  éclatant, c’est sous l’uniforme  belge qu’il enchaîne la Grande Guerre. En mars 1917, il se marie avec une Française, Marie Weiss.

Marie Weiss

Le 19 avril 1919, il est démobilisé. Il est maréchal des logis. Mais lorsqu’on a vécu à Brest, on a envie d’y revenir. C’est donc ce que fait « Tutur Hendrycks » dès sa libération. Employant sa prime à l’achat de matériel, il reprend son métier de rémouleur entre Saint – Pierre et Saint – Marc. Puis très vite, il va avoir un coup de foudre. Comme d’autres peuvent découvrir le pôle Nord, lui découvre le vélo.

Arthur Hendryckx



Arthur Hendryckx et Favé
Quartier du Bouguen. Photo collection Famille Hendrycks, avril 1954, devant la baraque de ma tante Mme Le Gall Robert, baraque A 6 Bis Bouguen Nord Est, le jour du circuit du Bouguen, avril 1954. Le circuit le 25 avril 1954, avec pour vainqueurs, 1er Mel Francis, 2er Hamon, 3er Kermarrec R.

Ayant acquis une bicyclette rutilante, il participe en 1920 à sa première course. À près de 30 ans, sans jamais s’être entraîné, il termine troisième. Son destin de cycliste est en route. En 1924, il a déjà gagné plus de 200 courses dans tout l’Ouest. C’est la consécration. Il va disputer le Tour de France dans la catégorie des touristes routiers.

Pourquoi l’article sur la Famille Hendrycks, ayant habité, quartier Du Bouguen, cette Famille des baraques,   glorifie, aussi le peuple des quartiers des logements provisoires. Respect à vous et à vos anciens.      

Tour de France 1926.


Tour de France 1926.

Malheureusement, souffrant des chevilles, il doit abandonner lors de l’étape Brest/Les Sables d’Olonne. L’année suivante lui sourira davantage. Il se classe vingt – deuxième de la grande boucle, qui est alors une véritable odyssée. Il subit 72 crevaisons. Les dérailleurs n’existent pas. Pour des étapes de 450 kilomètres, on part à 2 heures du matin pour arriver à 8 heures du soir. E tant que coureur indépendant, Hendrycks doit s’occuper  de tout : sa nourriture, son couchage à l’étape, les pièces de rechange, etc. (Que feraient nos sportifs d’aujourd’hui ?) Il prend encore le départ du Tour de 1926, mais victime d’une chute collective et blessé, désespéré, il ne pourra terminer. Il a maintenant 35 ans, et il faut penser à l’avenir. Pour entrer à l’arsenal, il se tait naturaliser français. Il y sera riveur pneumatique jusqu’en 1942,

date à laquelle il prend sa retraite. En parallèle, il anime des courses locales au vélodrome de Kerabecam.

Il en deviendra la coqueluche jusqu’à sa fermeture en 1936. Ne pouvant rester inactif, il reprend son métier de rémouleur, mais les bombardements détruisent son matériel. Il en faut plus pour le décourager. Il entre dans la défense passive et aura une activité de propagandiste résistant. Il s’occupe également de l’hébergement de résistants en mission. Il fait ainsi son devoir et même un peu plus. Le ministre de l’Intérieur lui adressera personnellement sa gratitude. Après la guerre, on le retrouve de nouveau rémouleur, et en 1946, « Tutur » se motorise. Il achète une 301 qu’il modifie en atelier.

La Peugeot, 301.

Il parcourt encore longtemps les routes du Finistère avant de disparaître à Brest en 1977.      

Article Gérard Cissé Brest au coin des rues, (Petites histoires des quartiers Brestois).  

  

Arthur Hendrycks

Les tours de France d’Arthur HENDRYCKS
D’après le site http://www.memoire-du-cyclisme.net
1924
Engagé dans la catégorie  » Touristes routiers  » avec le dossard n °266 sous la nationalité Belge (naturalisé français le 11/11/1925).
Les étapes du 22/06/1924 au 20/07/1924
1. Paris-Le Havre, 381 km, 73ème à 1h 17mn 4s
2. Le Havre-Cherbourg, 371 km, 77ème à 1h 27mn 21s
3. Cherbourg-Brest, 405 km, 63ème à 1h 03mn 55s
4. Brest-Les Sables d’Olonne, 412 km, non classé, au-delà du 97ème rang ou abandonne…
5. Les Sables d’Olonne-Bayonne, 482 km.
6. Bayonne-Luchon, 326 km.
7. Luchon-Perpignan, 323 km.
8. Perpignan-Toulon, 427 km.
9. Toulon-Nice, 280 km.
10. Nice-Briançon, 275 km.
11. Briançon-Gex, 307 km.
12. Gex-Strasbourg, 360 km.
13. Strasbourg-Metz, 300 km.
14. Metz-Dunkerque, 433 km.
15. Dunkerque-Paris, 343 km.
1925
Engagé dans la catégorie  » Touristes routiers  » avec le dossard n °142 sous la nationalité Belge (naturalisé français le 11/11/1925).
Les étapes du 21/06/1925 au 19/07/1925
1. Paris-Le Havre, 340 km, classé 83ème à 2h 07mn 02s
2. Le Havre-Cherbourg, 371 km, classé 88ème à 2h 04mn
3. Cherbourg-Brest, 405 km, classé 69ème à 2h 08mn 05s
4. Brest-Vannes, 208 km, classé 56ème à 56mn 52s
5. Vannes-Les Sables d’Olonne, 204 km, classé 64ème à 19mn 25s
6. Les Sables d’Olonne-Bordeaux, 293 km, classé 64ème à 24mn 02s
7. Bordeaux-Bayonne, 189 km, classé 61ème à 43mn 55s
8. Bayonne-Luchon, 326 km, classé 59ème à 4h 32mn 54s
9. Luchon-Perpignan, 323 km, classé 52ème à 3h 17mn 06s
10. Perpignan-Nîmes, 215 km, classé 55ème à 46mn 29s
11. Nîmes-Toulon, 215 km, classé 40ème à 51mn 26s
12. Toulon-Nice, 280 km, classé 48ème à 1h 11mn 05s
13. Nice-Briançon, 275 km, classé 51ème (et dernier) à 3h 29mn 37s
14. Briançon-Evian, 303 km, classé 48ème à 2h 31mn 26s
15. Evian-Mulhouse, 373 km, classé 49ème à 2h 17mn 15s
16. Mulhouse-Metz, 334 km, classé 44ème à 1h 02mn 31s
17. Metz-Dunkerque, 433 km, classé 39ème 1h 52mn 35s
18. Dunkerque-Paris, 343 km, classé 43ème à 46mn 53s
Finalement :
 » 130 partants
 » 49 classés
 » Arthur Hendrycks est 47ème à 30h 26mn 16s, après 5430 km à la moyenne de 24,775 km/h pour le vainqueur Ottavio BOTTECCHIA en 219h 10mn 18s
1926
Engagé dans la catégorie  » Touristes routiers  » avec le dossard n °164 sous la nationalité française (naturalisé français le 11/11/1925).
Les étapes du 20/06 au 18/07/1926
1. Evian-Mulhouse, 373 km, 67ème à 2h 16mn 37s
2. Mulhouse-Metz, 334 km, 85ème à 1h 34mn 38s
3. Metz-Dunkerque, 433 km, 88ème à 3h 36mn 47s
4. Dunkerque-Le Havre, 361 km, non classé (abandon ?)
5. Le Havre-Cherbourg, 357 km
6. Cherbourg-Brest, 405 km
7. Brest-Les Sables d’Olonne, 412 km
8. Les Sables d’Olonne-Bordeaux, 285 km
9. Bordeaux-Bayonne, 189 km
10. Bayonne-Luchon, 323 km
11. Luchon-Perpignan, 323 km
12. Perpignan-Toulon, 427 km
13. Toulon-Nice, 280 km
14. Nice-Briançon, 275 km
15. Briançon-Evian, 303 km
16. Evian-Dijon, 321 km
17. Dijon-Paris, 341 km

Hommage aux fusillés du Bouguen

Jean Pierre Le Roi. Guilers. Rends un hommage pour les 75 ans de la libération, de la ville de Brest à des hommes qu’ils sont pour lui à juste raison des héros.

Les Souvenirs d’un Ancien du Bouguen un devoir de mémoire pour lui, jean Pierre le Roi.
Il y avait au Bouguen, une grande église une baraque en bois noir.

La grande église du Bouguen

Où s’installaient les cirques ambulants, avec leurs chevaux et roulottes. Sur cette même pelouse dans les années 50, nos parents étalaient des couvertures pour causer surveillant les enfants qui jouaient. Sans imaginer que sous leurs pieds, dans le sol, reposés des héros, des martyres, des inconnus pour le moment. En juin 1962 au moment de la construction de L’IUT, des ouvriers découvraient une fosse refermant de nombreux ossements.

Grâce à certains objets personnels trouvés parmi ces ossements, on arrivait à identifier les restes, grâce à leur alliance notamment, comme étant ceux des résistants Sainpolitains, mêlés à ceux de résistants brestois. C’est donc non loin d’ici, dans les douves de la prison du Bouguen dont les Allemands avaient pris possession dès l’été 1940 et où ils avaient dressé les poteaux d’exécution, que s’est achevé le combat de ces héros. Leurs corps furent ensuite enterrés pêle-mêle quelque part dans le champ de tir proche de la prison, là où nous nous trouvons.
Nous avons, nous association des Anciens du Bouguen, organisé une cérémonie, en hommage aux valeureux Martyres. Mis une plaque en bronze en hommage aux fusillés du Bouguen. Pour l’histoire cette plaque, volée par des personnes amorales. La stupidité humaine se trouve aussi là, dans cette action.


Nous possédions un dossier complet retrouvé dans des archives, retraçant cet épisode tragique, en toute confiance nous l’avions confié, à un étudiant de Saint Pol, pour son travail personnel, avec la promesse d’un retour. En guise de retour, nous n’avons rien vu revenir, comment ensuite faire confiance à d’autres personnes de bonne fois.

Selon Guy Caraes, c’est très probablement faute d’avoir pu constituer à temps un convoi susceptible de quitter Brest avant que les Américains n’y mettent le siège qu’un commandant allemand (non identifié à ce jour) a donné l’ordre de « liquider » les 52 prévenus de l’enclave de Pontaniou, arrêtés depuis la fin du mois de juin 1944 et, donc, en attente de jugement. Les 52 personnes seront toutes fusillées sans autre forme de procès au Bouguen. Parmi elles, les résistants brestois Viaron, Hily et Kervella, membres du corps franc “Défense de la France”.
Un habitant de la rue de Roubaix, évacué avec quelque irréductibles le 14 août 1944 apporte un témoignage vécu qui permet de préciser certains points du récit.
Les fusillés de 1944 : Fin 1943 ou début 1944, l’occupant, envisageant une possible attaque de la citadelle brestoise par voie de terre, décida de fermer, côté douve, par des murs de béton, les tunnels de la porte Castelnau et de l’abri côté Moulin à Poudre. Ceci au grand dam des usagers qui ne se sentaient plus en sécurité dans l’abri à une seule issue. Conséquence de cette décision : l’accès aux douves par la porte de Castelnau

La porte Castelnau
Nos anciens prisonniers

n’étant plus possible, les exécutions eurent lieu désormais dans le stand de tir, situé non loin de là, à l’intérieur des fortifications où furent dressés les poteaux d’exécution. Le père de ce témoin, alors chef de bureau à la Mairie, lui a confié que l’occupant exigeait la présence du Maire de Brest, Monsieur Euzen, à ces exécutions.

Plus de photos, et de souvenirs, sur le site nos souvenirs d’hier
En prolongement du présent article, la page « LE BOUGUEN Souvenirs ! »

Jean Pierre Le Roi

La prison du Bouguen





R ÉCITS DE LOUIS AMINOT ILLUSTRÉS PAR GEORGIO














RETOUR EN BOUGUENVILLE

RÉCITS DE LOUIS AMINOT

ILLUSTRATIONS DE GEORGES ELLOUET DIT GEORGIO

EN GUISE

DE PRÉSENTATION

« Il faudrait que tu corriges mes textes. Et je voudrais que tu écrives une sorte de préface.

-Hein !… Pourquoi tu me demande ça ?

-Parce que toi tu es un petit peu écrivain. Et… tu connais la poloche ! »

C’est, mot pour mot, la demande de Louis.

Au nom de nos combats communs ? D’une vieille complicité ?-Pas toujours d’accords, mais jamais fâchés (exceptionnel avec Louis !).  Je crois que la vraie raison, c’est le sujet même de cet ouvrage : notre enfance.

Louis logeait en baraque C 13  au Bouguen-centre. A peu d’années d’écart, je grandissais en baraque F4 AU Polygone-caserne.

Nous étions fils de simples ouvriers, mais de fiers ouvriers. Les conditions de vie n’étaient pas faciles dans ces installations précaires aux lendemains de la guerre, mais l’air vibrait d’espoir, de solidarité, de joie de vivre.

Toute une époque, une société disparue, des souvenirs indélébiles.  

C’est son enfance que Louis fait revivre ici, sans nostalgie, sans misérabilisme, mais avec beaucoup de tendresse et une pincée d’humour.

Louis Aminot, à Brest tout le monde connaît. Le militant politique, l’ancien adjoint-maire aux sports, L’Arsenal au cœur, le passionné de vélo, le soutien des Patros Laïques, le combattant pour la Paix et le désarmement, le communiste sincère, le penseur libre… l’ami (un vrai pour certains), l’adversaire (respecté par beaucoup), le pote (pour beaucoup de monde)…

Ce n’est donc pas ce Louis qui parle ici, encore que ! Vous constaterez que tout cela est en germe dans son regard d’enfant. Au fil des scènes de la vie familiale, de l’évocation des copains ou de la société des adultes, ce sont des tranches de vie, comme des arrêts sur images, qui font revivre le Bouguen du gamin.

Avec son langage, spontané, nature, émergent des souvenirs intacts comme en témoigne l’extraordinaire exactitude des lieux, des anecdotes, et en particulier une galerie de portraits des enfants du quartier et de leurs destinées.

Souvenirs qui font la part belle aux moments heureux et qui prêtent souvent à sourire.

Alors il fallait une illustration de la même veine et le dessin de Georges Elleouet fait mouche : Les personnages, colorés et sympathiques, prennent vie. Les gamins, pleins de fraîcheur, sont plus vrais que nature ; les scénettes, croquées savoureuses, font l’animation.

L’œil amusé du lecteur se prend à faire des allers et retours entre textes et images qui se nourrissent mutuellement.

Ce retour dans le Bouguen populaire de l’après-guerre, le « Bouguenville » des souvenirs, est en réalité un chant d’amour.

Et ce chant a une coda : un hommage aux mamans d’alors, un hymne à la paix et la fraternité.

Yvon Drévillon- 10 Avril 2018

RETOUR EN BOUGUENVILLE

« J’ÉTAIS  GAMIN AU LENDEMAIN DE LA GUERRE »

Il était une fois… Des enfants, au lendemain de la guerre, ici à Brest, au levant de l’Atlantique…

Posée sur le nez rocailleux de Bretagne, dressée face au couchant, la ville avait beaucoup souffert pour sa libération.

Afin de reloger les sinistrés, de vastes Quartiers d’urgence avaient littéralement jailli de terre à la marge des décombres de la cité historique. Étalé sur sa rive gauche et dominant la Penfeld, le Bouguen s’était couvert de baraques. En « Bouguenville », les rescapés et leurs petits peuplèrent les baraques de bois alignées, étroites et légères.

Carrés et similaires, singuliers et colorés, les bungalows américains étaient eux en carton. L’instruction aussi se dispensait en baraques pour tout le monde. Les préfabriquées alimentaient de leurs chérubins l’école laïque (beaucoup plus que celle des curés).

Longtemps après avoir refusé leur déchéance, longtemps après avoir tiré leur révérence, les baraques qui devaient mourir mais ne le voulaient pas, se racontent aujourd’hui en pilier de la mémoire populaire de Brest

Histoires simples ; enfance infinies.

1 ERE PARTIE

MON BOUGUENVILLE…

MON ENFANCE

Les américaines se distinguaient de pâté en pâté par leurs couleurs, pastel fadasse. Venues d’outre-Atlantique, les maisonnettes se rangeaient les unes auprès des autres, en creusant des sillons croisés, telles les allées dessinées par les plantations de betteraves des champs voisins.

Ces globuleuses jaunâtres alignées étaient promises aux fourrages des bonnes vaches laitières, les pies bretonnes. Mais prisées aussi du populaire : Les plus rustiques et moins aisées des familles ne rechignaient pas à fouler les champs alentour à l’insu des regards jaloux… «  Un ventre bien rempli, susurraient les douces maternelles, perd sans délai ses justes raisons de glouglouter. »

La vente du petit goémon asséché l’été sur les dunes de Porsmilin, Melon, Porspoder et autres ports léonards, complétait avec le bénéfice des pêches à pied, les ressources des ménages ouvriers.

 Têtes en l’air, les petites canailles rêvaient auprès de leurs mamans

Ce jour – là, nous piqueniquions pour la journée à la grève de Saint – Marc avec un groupe de vaillants. (Vaillant ce n’est ni Mickey ni Tintin !)Alerte catastrophe ! Un navire d’éclate monstrueusement. Mis sur-le-qui-vive, je réponds à l’appel de la monitrice ; dûment identifié, je prends aussitôt les jambes à mon cou. Sans demander mon reste, je cours à toute berzingue rejoindre le car.

Chargé de nitrate d’ammonium, l’Océan-Liberty, c’est son nom, se répand en feu des kilomètres à la ronde. Chauffés à blanc, de furieux débris de tôles incandescentes projetés sur la ville abattent des humains. La guerre indique qu’elle ne veut pas crever.                                                                  

L’affolement est général. Mort de trouille, j’aperçois une plaque rouge planer au dessus- de ma tête.  À  la maison, maman doit s’inquiéter ! Nous habitions le Bouguen-Centre. La terre et les baraques tremblent d’effroi, les milliers d’anciens réfugiés aussi. Tout juste oubliés, les bombardements se rappellent au souvenir des populations civiles déjà éprouvées.  

Effrayée par le boucan d’enfer, ma petite maman s’écroule victime d’une syncope. Des vitres cèdent à la pression du souffle meurtrier. Le buffet de la salle à manger tremble d’épouvante.

Rapportées par papa d’une lointaine campagne maritime, les pièces du service de porcelaine chinoise se brisent les unes après les autres. Seules, quelques tasses et soucoupes échappent à l’ignoble déflagration.

Papa m’a prévenu : « Mon garçon, attention ! Les jeux d’armes sont interdits. » Dérangés dans leur sommeil, grenades et obus abandonnés, éparpillés – rarement allemands-ne rechignent pas à s’en prendre aux imprudents.  Purs produits du génie humain, uniquement programmés pour tuer, ces projectiles ne professent pas d’état d’âme. Signés par leurs géniteurs,  les accords de paix ne les attendrissent nullement. Au contraire. Les ustensiles de guerre, lâchement abandonnés par les euphoriques vainqueurs alliés, revendiquent le droit de prouver aux oublieux qu’ils peuvent encore tuer. L’ogre du conte ne gloutonnait-il pas la chair fraîche de ses adorables fillettes ? Pourquoi ces armes. Sans cœur renonceraient-elles à leurs plaisirs sauvages ?    



Avec les p’tits copains, je saisis toutes les occasions de me dégourdir les jambes. Mais, incrustée au-dessus de la cheville droite, une cicatrise pugnace témoigne d’un accident écrasant. La blessure résulte de la chute d’un mur de parpaings d’une annexe de l’école catholique en chantier. À peine éclos, le muretin n’a pas résisté aux multiples assauts d’une nuée de gamins. Coincé sous les briques, j’ai mal. Pour de vrai ! Secouru par de solides mains d’adultes, je fais piètre figure. La honte ! Impossibles à camoufler, les larmes coulent à flots.  

L’examen médical constate une plaie profonde infectée de minuscules grains de ciment. Doigt pointé vers moi, le médecin prédit les risques de tétanos. Un bout de jambe en moins ? Des frissons me secouent le corps meurtri.  Goguenard, le toubib me tiraille soudain l’oreille gauche. Ce geste affectueux a le don de rassurer illico mes parents. La suite donne raison au praticien.

 Privé de vacances, je garde la position couchée. Assigné à chaise longue, les béquilles à portée de main, je lis avidement. De romans en bandes dessinées, je vis un vertigineux récital d’aventures. Surcouf et Jean Bart écument pour le roi, les Trois Mousquetaires escriment pour la reine. Chacun à sa manière, Placid et Muzo se confrontent aux temps modernes. Intrépide et généreux, petit homme à canne, Charlot m’encourage de ses actes posés en BD : « Un imaginaire voyage à cloche –pied, ça forge un tempérament, ça range les idées ! »

Je l’avoue, Jaime ma baraque C 13.

Mieux que les baraques en bois, le bungalow américain offre toutes les commodités domestiques modernes. Ingénieux, papa l’a savamment aménagé. Sans coup férir, il a démonté une cloison jugée inopportune. Nous voilà débarrassés du débarras. Repeintes à l’aide d’une serpillière trempée dans un seau de peinture bleue, les cloisons de la salle de séjour s’égayent partout en motifs différents ; aucune paroi ne ressemble à l’autre ! Cette réussite décorative emplit de fierté le chef des moussaillons.  Confortable, la baraque reste cependant en incapacité de répondre pleinement aux besoins d’espace d’une famille en voie d’être estampillée nombreuse. Heureusement, il me suffit d’ouvrir la porte… je suis dehors !

Le dimanche matin, la « toilette en grand » mobilise maman et papa toute la matinée. Nous profitons de la baignoire et de son eau mousseuse génèrent des cris amusés. Pour les enfants nus tels des vers luisants, la fête hebdomadaire bat son plein. VIGILANCE ! Les filles ne doivent pas reluquer les « sifflets », les garçons ne doivent pas mater les « lunes ». Les organes de la distinction doivent demeurer cachés. Pliés en deux, de nos menottes croisées, nous planquons l’intime de nos corps dénudés.  .

Dans le parler-vrai des écoliers de la laïque, j’ai pris l’habitude de décliner mon adresse de la façon suivante : « -j’habite le pavillon C 13 au Bouguen-Centre ! »

Plus délurés, les dix-quatorze ans débitent, à toute vitesse, une réponse autrement plus bistouquette : « -j’h’bite une belle américaine au Bouguen-Est ! » Le chic et la coquetterie de la gouaille populaire !

À mots choisis, nos gîtes cartonnés sont transformés en somptueuses résidences de granit taillé. Les dix-quatorze atteignent souvent l’objectif, un rougissement gêné de l’autorité civile ou religieuse. Étrangeté jamais élucidée, les moins austères des interrogateurs troublés se révèlent rarement les plus amusés.

Nos voisins en soutane dirigent et épient une immense paroisse aux ouailles innombrables, souvent indomptables. Le bungalow affecté au recteur se pose dans son rôle hiérarchique au premier rang du Bouguen-Centre, légèrement en retrait de la voie passante. Le dimanche, galoches et sabots remisés, les marmots, revêches ou assidus aux rites culturels, sortent tôt le matin. Propics dans leurs habits du dimanche, les gosses n’ont aucune raison de bouder les messes hebdomadaires.    

                             10

On s’amuse bien aux abords de l’édifice religieux. Les mômes ont toutes les raisons de bien l’aimer, Marie : au mois de mai, la fête rougit de mille bisous. Pour l’occasion, filles et garçons obtiennent un billet de sortie jusqu’à la nuit tombée. Les parents autorisent les enfants à fêter la Vierge sous la tutelle supposée des sœurs et des abbés. Leurs progénitures participent ravies-sans véritables dommages il est vrai-à des soirées illuminées par la promiscuité des sexes opposés. Aujourd’hui désuet, le tabou célébré par le poète de l’Eau vive se brise sur le parvis de l’église chaque soir de mai. « Avé Maria, filles et garçons s’en donnent à cœur joie de tes grâces capucines.  

Avé Maria, aux diablotins et diablotines, tu pardonnes leurs frasques juvéniles ».

Aux temps de Communion, la messe relève du drolatique costumier : croyants ou pas, copains et copines sont nippés à l’image des invités d’une noce. Le Missel est coincé sous le fessier.  De chuchotements en clins d’œil renouvelés, d’échanges de billets en pitreries éculées, les rires jaillissent, bêtement interminables. Aux dires des grands-mères, « Les enfants font leurs intéressants ».  Les stupidités s’entrecoupent de signes de croix et d’agenouillements éclairs. L’hostie avalée, le « ite » annoncé génère la fuite générale. Ouf. Tout peut commencer.

11

En fin de matinée, ce « jour du seigneur », changement de programme : L’Humanité-Dimanche prend le relais de la vie Catholique et du Pèlerin(*). Solidement vissé aux commandes de son tracto-pelle, la casquette de l’ouvrier mise en pare soleil, le Paulo des BTP (Bâtiments et travaux public) beau-frère de M’sieur Gaby Paul, l’illustre député communiste de Brest et du Finistère, s’emploie à ce que le légendaire hebdo éclaire l’avenir des travailleurs

Amarré au fauteuil et correctement calé sur sa droite, pas peu fier, je promotionne Vaillant et ses vedettes, « Pif, Pifou, Tonton, Tata, Hercule.. ». 

*La vie Catholique, Le Pèlerin, journaux catholiques nationaux.-L’Humanité Dimanche, hebdomadaire du PCF.  

 Chaque lundi, c’est la rentrée. « Lundi matin, l’empereur, sa femme et le petit prince… »

Ces instants ne sont pas tristes. Premier acte, la mise en rang Grands ou petits, quarante cinq ébouriffés se congratulent selon les affinités. A l’invitation du maître, le brouhaha des galoches et sabots atteint son apogée. Puis, chacun à sa place Les yeux écarquillés révèlent la singularité des situations intimement vécues : apprises, les leçons engendrent le ravissement…ignorés, les devoirs génèrent l’inquiétude.

Les livres et cahiers jaillissent des cartables. Les outils du savoir s’étalent sur les tables.

12

Mains dans le dos, l’instit’ aux sabots scrute un à un ses élèves. Curieux mélange d’affection et de sévérité. Souriant, le maître choisit d’interroger

ti-Mich’ et Lulu. Simple hasard matinal ? Pas si sûr. Impassibles, les deux habituelles pipelettes se campent dans un silence océanique. Ti-Mich’ et Lulu n’ont rien lu, rien écrit, rien appris. Pas le temps ! Motif coutumier : encombrée de chahuteurs leur baraque était trop bruyante… M’sieur Louis prononce gentiment sa conclusion : « Ben, voyons ! Au suivant : Albert ? »

Debout, l’as de la classe fait face à ses comparses. Sûr de lui, Albert récite avec élégance : « Le petit cheval dans le mauvais temps, qu’il avait donc du courage ! C’était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant… »

Assis sur leur nuage, Ti Mich’ et Lulu ne s’affolent pas. Le poème de Paul Fort ? Mouais… Vivement la récré, ses jeux et  turbulences.

L’apothéose reste la fête annuelle des écoles laïques. Le défilé et le rassemblement de la jeunesse montante sont parfaitement ordonnés et minutés. Écoliers et écolières sont spécialement entraînés et habillés pour le défilé et le Landi (*). La marée juvénile avance dans les pas rythmés des cliques et fanfares. Par milliers, corsages et chemisettes, jupettes et culottes courtes, bleu et blanc mêlés, envahissent la rue Jean-Jaurès et le stade de Ménez-Paul. Aubades des pipeaux et mouvements d’ensemble émeuvent jusqu’aux larmes les parents attendris.

13.

Partenaires privilégiés de l’événement, les laïques des Patros du Bergot et de Lambézellec sont comblés de fierté. La marche triomphale des écoles laïques est annonciatrice des grandes vacances.

  • Préparé dans chaque école publique de Brest. Le Landi présentait, pour la Fête annuelle de la Laïque au stade de Ménez-Paul, de vastes mouvements d’éducation physique rythmés sur de « grands »airs de musique.         

2 E PARTIE



NOTRE BOUGUENVILLE LES POTES

Bien Qu’inégalement  pourvus, impies ou catéchisés, rejetons des Zefs de Souche ou d’adoption, les gars naviguent à l’unisson. Les Filles font bande à part.

« Voltigeurs d’la baballe et d’la pédale » selon les éclats de dire des clowns Jo et Pastis, les gosses, artistes et champions du cru, en herbe ou confirmés, font vibrer les gens de Bouguenville.  La baraque d’à côté,

La C 11, abrite Vonnette et ses frères. L’aînée est une adorable grande perche.

 14

 Le p’tit Jean évolue dans ses langes.

Outre son cartable chargé des bouquins du savoir, son grand frère Claude porte précocement une tête de plus que tous ses camarades de classe. Devenu membre du club des argentiers de la ville de Brest, il accomplira une carrière professionnelle en lignes comptables, empreinte d’une droiture remarquable. Associée à un talent de la passe face au filet, sa haute taille lui permettra de rayonner, au plan international, dans le mouvement travailliste des volleyeurs.

Lorsqu’il faut soulager notre petite mère, le petit déjeuner se prend chez la voisine. Grande, douce et souriante, la maman de Claude nous sert un « fortifiant » : un grand bol de lait au pain cassé et trempé ! Rituel familier : le papa affable et discret, cale son chapeau mou, c’est l’heure du boulot.

En contrebas, Loulou le rêveur perche en baraque française. Garçon au sourire éternel, haut dans ses galoches,  loulou possèdent également la fibre comptable. Adulte, il la mettra au service du mouvement ouvrier. Cadre administratif de la respectable « Gueule d’or », célébrissime restaurant de l’Arsenal, Loulou veillera des années durant à ce que soient bien sustentés les travailleurs et leurs délégués. Derrière chez nous, circule l’énigmatique Hubert. Son papa est « poulet ». À ne pas confondre avec une hirondelle. Au flic sans bicyclette, Hubert offrit plus d’une fois la possibilité de lui plumer la tête. 

15.

En face, de l’autre côté de la grande rue, siège de l’Espoir. Dans le voisinage de ce patronage paroissial, un clan dénote dans le paysage. Chemisier renommé, le papa est classé dans le camp de la droite chrétienne. Cravaté du matin au soir, l’homme est  perçu comme un authentique béni-oui-oui du MRP, le Mouvement Républicain Populaire qui était traduit sans ménagement la « machine à rouler le peuple ».

Frère cadet de Michel, le grand Georges se moque pas mal des appréciations peu amènes qui fusent du camp laïque. À l’aise dans ses baskets, Georges les écarte d’une simple pichenette. Sans égale, son éloquence gagne par-dessus sa croix l’amitié des plus déterminés à railler les culs-bénits, fussent-ils excellents basketteurs. Le Grand Jo deviendra un artiste de la plume sportive.  

16.

À l’intersection des trois quartiers, Bouguen, Traon-Quizac et Lanrédec, le futur bachelier Dédé veille sur ses grandes Sœurs… ou l’inverse ! moins discrets ses frères Ti-Jean et Ti-Raym’ signent tous les bons coups.

Dans les parages, lumineux rejetons de « L’instit’ à la palette »,  Charles et Michel se différencient des ombrageux grâce à leur talent scolaire et à leurs tignasses claires.

D’un coup de pédale rageur, je dompte le raidillon du Bouguen-Est. Je rejoins la baraque E3. Au-delà de la poterne, gigote mon «  p‘tit  cousin » Christian. Ses frangins Jean Claude et José le précédent en chefs de file. Danielle boucle la marche.

Avec Christ’, je me fiche pas mal de notre mise en concurrence scolaire. Cependant, pas au moment de la proclamation des classements, car le mieux placé des deux studieux reçoit une pièce argentée spécialement mise de côté par nos mamans.                                                                       17.

 Sur le chemin de l’école de Traon-Quizac, nous arborons nos musettes de toile verte, spécialement confectionnées par tante Jeannette. Mains libérées, nous vivons un leste confort.

Un jour, bruyamment moqués par des jaloux, nous nous en expliquâmes vertement avec ces railleurs beaucoup trop collants. La mobilisation de quelques Vaillants donna du poids à nos explications. Les persifleurs se rangèrent vite à l’avis des points nus majoritaires. En ce temps-là, l’action solidaire et la volonté de domination formaient déjà un couple redoutable. 

Toujours sur la butte Est du Bouguen, aux côtés de Vincent, dit Pépé, de Pierre, Paul, Jacques et les autres, s’époumonent de cocasses champions du bagout et du passage en force, eux-mêmes cernés par une flopée de débrouillards.

Parmi ceux-ci, Joël est un gymnaste en herbe : le blondinet à la barrette développe en B4 ses qualités d’artiste des « flips-flop avant-arrière » et de la marche sur les mains. Jo veille gentiment sur son p’tit frère, Robert, le futur opticien.  

18.

Plus tard, spécialiste de l’acoustique sous-marine, Joël s’emploiera passionnément à ce que les marsouins nucléaires de l’île longue ne plantent pas leur tête-skopein dans le ventre des chalutiers.

Joël connaît la musique. Avec lui, les choristes de la classe chantent à tue-tête : « Hé garçon, prends la barre, vire au vent et largues les ris » et « Pique, pique, la baleine », Sous la baguette de Louis, l’instit’ aux sabots.  Aux abords de la poterne, s’éclate un p’tit Jean crépu de poil. Cheminot-Tonnerre mon Clermont !- Le Jeannot s’honorera à servir la patrie en tant qu’infirmier à l’hôpital maritime de Brest.  

19

    Au-dessus de l’odorante triperie Kervern, le plateau parsemé de baraques françaises accueille de coquets sportifs drivés par Gérard, Christian n°2 et Fanfan. Les trois footeux se disputent les allées avec les cyclistes emmenés par Guy, le bel amoureux transi d’une jolie blonde.

          Le rapide Gérard n°2 colle à sa roue. Étoile filante, redoutable sprinter, ce Gérard – là dans un jour faste, manquera d’un pneu le droit de crier sa victoire sur Jacques Anquetil au Circuit des Blés d’Or. Fort de ses bonnes places au Tour de l’Ouest, le vieux Marcel caracole en père peinard en tête du peloton. Véloce prévoyant, il pense à sa reconversion en moniteur de la conduite auto.

Non, ce ne sont pas les corons. Trompeurs, après la pluie, le soleil sème la confusion. Plus au Nord du Bouguen – Est (ou plus à l’Est du Bouguen Nord), François, Fafa pour sa maman, s’essaie à la rédaction de prose en F1, une baraque de ciment ! Plus aérien, Riton, son effilé aîné, accorde ses guitares au désespoir de Marie, institutrice laïque pour l égalité. 

À deux pas de là, en plein Nord je crois, le nonchalant Norbert adule sa B6. Souple dans ses baskets, de tirs au but en paniers marqués, le grand élégant caresse le gros ballon plus rondement que ne crépiteront, vingt ans après, les claviers de ses machines à transcrire le temps.

Privilège de la topographie territoriale, de vagues en vagues, passent et repassent devant l’îlot du Bouguen – Centre des paquets de jeunots. Chaque jour, j’aperçois un autre Dédé, plus jeune, plus râblé, plus shoot que le futur bachelier. La sérénité du fin dribbler le fera footballeur du mémorable Sporting  Club du Bouguen.

 Dans la foulée des changements urbanistiques hautement enclavés, sa sagesse fiscale l’élèvera au rang de président du club transmuté Sporting Club de Brest2. Sous sa direction et la vigilance du vénérable Vincent, le club fanion du sport d’en bas, les jeunes et moins jeunes de Kergoat, kerbernier, kérédern, continuent de jongler le ballon au pied de Bellevue.

De l’autre côté de l’église, vers l’Ouest, adeptes de la « VGA », la vie au grand air, Roger et ses sœurs conduites par Marie-Paule, occupent les travées encombrées. Moins remuant, Jean – Noël songe obstinément à devenir un « As du logement social »tandis qu’appliqués à leur table de travail, toujours prêts à dégager sur la pointe des pieds, Serge et Pierre préparent leurs devoirs.  Sans peur et sans reproche, ils prennent le sillage de l’illustre fratrie dont le p’tit papa au Centre d’apprentissage forme les garçons aux métiers du bâtiment. Derrière la place de Metz, haut lieu des confrontations cyclistes, le timide Christian n°3 habite une maisonnette en dur à l’écart des tumultes juvéniles. De l’autre côté de la rue Commandant Drogou, sévissent Roland et Jean – Claude n°2, son fidèle lieutenant. Mêlés à leurs comparses du Bois de Sapin  Et de Kérédern, les inséparables camarades d’école dirigent les retrouvailles générales à l’école laïque de Traon-Quizac et le jeudi au Patronage laïque de Lambézellec.

21.

Hors les réunions familiales, les Bouguenistes croisent rarement les copains et copines du Bergot. Voisin du Bouguen, le quartier de l’extrême dispose de ses propres commodités sociales, scolaires et marchandes. Ce sont les beaux jours de l’été qui réunissent tout le monde. L’apparition du soleil remplit d’un coup d’un seul la piscine de Tréornou. À ciel ouvert, les baigneurs y piaillent leur plaisir sous les nuages fugueurs. Les plus aventuriers préfèrent foncer jusqu’à Saint-Marc. Pour en montrer aux filles, les p’tits d’hommes bandent leurs muscles en devenir. Ils se jettent en boucle du plongeoir ancré devant la grève. Les valeureux bals-dansants de chez Bastard et de la Guinguette ne gênent pas les nageurs. Hors les  célébrations et événements programmés, les garnements se fouillent les méninges pour agrémenter l’ordinaire. Des ciboulots fusent des plans et des jeux audacieux. Hélas, la fée des foyers opère avec parcimonie : trois fois sur quatre, les projets d’aventures se heurtent à la peur des punitions. Résignés, les jeunes s’ébrouent dans le train-train : ballons, balle au prisonnier, osselets, billes, colin- Maillard, saute – moutons, cache-cache, jeux de pistes, gendarmes et voleurs, p’tites guerres, traîneaux, saut à la corde, marelle. Les jeux médicaux s’exercent dans la clandestinité. Poussives d’un  autre âge, les montées au mât de cocagne et les courses en sac se perdent dans leurs risibles tentatives de survie.     

                                                                                                                  22.

Au total, la routine l’emporte sur la nouveauté. Mais dans la cour de Traon – Quizac, le téméraire piquarome se joue à couteaux ouverts.

Hors les murs, les élèves riment allègrement : « Ah, Kéralloche,  l’école des Cloches ! Ah, Traon – Quizac, l’école des Cracks ! »

Les sorties du jeudi s’organisent selon les caprices du ciel, pluvieux ou bleu :

– Au Sélect ? L’obscur cinoche de tous les rêves est sis rue Robespierre, face à la chapelle Saint – Anne.

– Au patronage Laïque de Lambézellec ? Le « Peuleuleu »  est logé dans une haute baraque noire, à deux pas de l’école, rue du Cdt Drogou.

– plutôt rejoindre Pen – ar – ch’leuz et son stade de football ?…

Ainsi de suite, le choix est varié selon la saison.

23.

3E PARTIE

À BOUGUENVILLE NOS VIEUX

La vie de notre quartier c’est comme celle d’un village, ponctuée de fêtes, cérémonies, enterrements… et parfois une virée à Brest-même.

Au quotidien, les mères gèrent la marmaille ou travaillent pour l’habillement. Il faut faire vivre la maisonnée jusqu’à la paye de quinzaine. Nos paternels vont au maille ; c’est à eux de gagner la croûte. Ils sont ouvriers du port, dockers ou dans le bâtiment.

Aux aventureuses expéditions au bois de la Baronne, à l’étang de kerléguer ou au Fort du Questel, succèdent les sorties familiales dominicales.   « Tous en ville ! » Poussettes en tête, parents et rejetons marchent ensemble sur les ruines en voie d’effacement et les trous de guerre en voie de comblement.   Un bon dimanche comprend obligatoirement une promenade au château et un passage sur le petit pont.   Joyau de l’Arsenal, flottant et mobile, le petit pont s’ouvre à la demande de l’amirauté.   Les bateaux gris passent sous le nez des promeneurs extasiés.    Honorés de l’inespéré soutien populaire, les Margats  de laDP(*) conduise la manœuvre sous les applaudissements des endimanchés   Les fêtes et cérémonies sont programmées par des comités d’adultes.   Les spectateurs cernent de près le char fleuri de la Reine. La camionnette des Vaillants célèbre la Paix et l’amitié avec le peuple soviétique.   Les flambeaux éclairent les fanfares de la retraite. Le feu de la Saint – Jean, quand à lui brûle les pucelles une foi par an.   Généreux en neige poudreuse, l’hiver coriace surprend le père Noël en plain vol.    dans les pas du p’tit Poucet, l’ancêtre à la hotte livre ses oranges aux enfants triés sur le volet.    À la suite des bonshommes de neige, les gras masquent les visages un mardi de février  

* DP : Direction  du Port                                                  24

Chenilles et casse gueule prennent la relève des festivités épuisées. Chaudes et fumantes, les galettes tendent la panse gourmande des gringalets. Artistes de la rue, les industriels forains occupent la grand’ place.  Ils montent les manèges, confiseries, tirs et jeux, aussi vite que leurs cousins, clowns, trapézistes, dompteurs et magiciens, montent le chapiteau du cirque sans jamais nuire au marché maraîcher.

  Hasard ou velléité protectrice du ciel, sur notre gauche siège le presbytère. À droite ou à gauche, c’est fonction de la position du photographe, dos devant ou dos derrière. Campés aux premières loges, nous savons tout de la vie paroissiale et de l’abbé à la moto. Selon les lavoirs, le curé est l’amant d’une belle dame du quartier. les chenapans ne savent pas moins de la bonne sœur foutue le camp avec un Algérien. « Il était beau, il sentait bon le sable chaud ! » Accablé par les démons de l’enfer, le recteur aux lunettes d’écailles redouble ses prières. « Il n’y a pas d’amour heureux ! Ainsi soit-il ! »  Ensevelies sous les universités élevées en ce lieu et place du Bouguen, les rumeurs de la médisance et les racontars des bénitiers font toujours « s’gondoler » les mécréants beaucoup plus que les bonnes gens.



Gais ou tristes, les paroissiens et paroissiennes chantent en chœur. Les bigotes ne savent pas chanter. Serrées dans un coin, le regard de guingois, les bigotes marmonnent leurs méchancetés.  Elles déchantent  à l’autel du ressentiment. En offrande, elles brandissent le fouet de l’enfer en direction des enfants de gueux. « La discipline ne peut être transgressée, la loi est naturelle. Une place à chacun, chacun à sa place. Le destin ! »  

25.

 

Les cortèges des enterrements s’ébranlent souvent de l’église, mais pas toujours.    Les familles et le corbillard portent le noir. Les bourgeoises camouflent leurs visages sous une voilette pareillement noire.   Les incroyants attendent dehors. Les badauds n’applaudissent jamais.  Ils s’écartent machinalement devant la procession guidée par les curés.   Le crucifix est porté par des garçons vêtus d’une soutanette rouge et d’un surplis blanc.   Invité d’honneur, fixé sur un mât mobile, le Seigneur observe d’en haut les promeneurs d’en bas. Les sceptiques haussent les épaules.

Les enfants de cœur ? Les copains les trouvent mignonnes déguisées en filles. Le parfum de l’encens envahit les narines. Malgré leurs incessants tortillements de tête, les plus dégourdis ressentent une sorte d’absence. Au départ, les suiveurs Parlent à voix basse. Ensuite, au fur et à mesure des avancées du convoi funèbre, ils parlent plus haut et plus fort. Les femmes et les enfants font le signe de croix. Les hommes ôtent le mou ou la casquette du dénicheur, rivale populaire
de la casquette de l’officier.

 

Un jour, le cortège rassemble tant de casquettes, de galons dorés et d’épées coincées dans leurs fourreaux, que cette présence intensive au mètre carré désarçonne les passants. Les curieux croient un instant à une répète générale de la revue du 14 juillet. Le macchabée révèle malgré lui son métier.  Le dernier voyage, vers les ténèbres pour les mécréants, vers la lumière pour les gens de foi, s’achève généralement dans un trou. Cela saute aux yeux des gamins.  Les gens d’églises n’apprécient pas les iconoclastes remarques des p’tits morveux.

Branle –bas de combat exceptionnel : un convoi d’un autre genre occupe la chaussée. Debout dans sa grosse décapotable noire, le président de la République Française Vincent Auriol salue de la main ses concitoyens sur le circuit cycliste du Bouguen. Le peuple en liesse ovationne le p’tit homme important. Le Président est protégé par des gaillards casqués à moto. Les pères enthousiasmés tirent leurs cœurs – Vaillants vers la démonstration républicaine sur les Glacis et le Cours Dajot.

Éloignées de l’église d’une laideur à décourager les plus fidèles, sont montées des baraques tout aussi laides. Plus basses, plus longues, c’est l’Oncor(*).  En cet endroit, les ombres se font plus sombres. Le foyer ouvrier souffre d’une mauvaise réputation. Ses résidents sont originaires d’un pays aux rives ensoleillées, là–bas au Sud ; les autorités françaises ont convié des Algériens à la fastidieuse entreprise de reconstruction.  Éloignés de la terre patrie et de leurs familles, ces travailleurs trouvent – ils ici leur compte de bien être ? Cette confrérie besogneuse semble tolérée plutôt que reçue à bras ouverts.  Essentiels au renouveau de la vie urbaine, les métiers de terrassier, de maçon de plâtrier, transpirent pourtant une évidence pénibilité. Pour satisfaire les besoins d’abris des Brestois, ces exilés s’exposent chaque jour aux caprices des intempéries et à la détestable indifférence ou au racisme des gens bien.

27.

* Oncor : Organisation nationale des cantonnements pour les Ouvriers de la Reconstruction.

En contrebas, derrière les hauts murs de la séparation, sur les rives de la Penfeld, l’espérance se manifeste bruyamment aux « BF »(*). Les chevaliers de l’Arsenal la martèlent à coups de masse cadencés. Leur sueur perlée proclame leur ardent désir de dignité : « Les preux de l’église plaident la servitude. À la vérité, ils ordonnent de frire les salariés ! »

Une autre messe est dite. Ces fortes paroles énoncent la sentence ouvrière.

Le goût prononcé des p’tits chefs pour le commandement recèle, selon les paternels, des perversités à vous nouer la gorge et à vous serrer les poings. Le travail grave au plus profond la peau des ouvriers. Les pères portent de trente à quarante ans d’âge : «  Ne pas plier ! À genoux ? Jamais ! »

* BF : Bâtiments en Fer

La célèbre sirène de l’Arsenal rythme la vie des Zefs(*).

Elle siffle les embauchées et débauchées, plusieurs fois par jour. Sises aux pieds de Bouguenville, largement béantes, les portes de la Brasserie et de Kervallon grouillent ponctuellement d’hommes en bleus.

Le matin, au point du jour, Jeanne-la-discrète propose le républicain Ouest-Matin. «  Ouest-Matin ! Le quotidien qui chasse la grippe et le chagrin ! »Ah, la Reconstruction ! Ah, la Reconversion vers des fabrications de navires d’utilité civile ! N’est-ce pas les Antilles ? Son lancement, c’était notre fête à nous. En ces temps engloutis, les ouvriers ne pouvaient imaginer que leur Arsenal serait un jour rayé de la carte et redessiné en garage nucléaire. Pourtant, Brest-Atomik-base investissait déjà les desseins et le tiroir-caisse des génies civils et militaires.

* Zef : c’est ainsi qu’à Brest, dans les milieux populaires, on appelait un petit gars de la ville.

Le Yannick se revendiquait de Recouvrance.

28.

Fiers de leur machine tôt le matin, les mécanos des Mouvements Généraux caressent  leur locomotive. Rutilant, le train de l’Arsenal hurle son bonheur et crache sa fumée. Plein à craquer des voyageurs du labeur, il quitte la porte de la Brasserie toujours à l’heure. De station en station, il les dépose gracieusement jusqu’aux Quatre-Pompes au fin de la rive droite.

Au Plateau des Capucins, rivés à leurs postes, les chaudronniers forment le métal, les ajusteurs actionnent les machines. Les électriciens bobinent rotors et stators. Ti-Louis-le-Marquis immerge les bouts de moteur réparés dans le vernis liquide chauffé à blanc ; cérémonie qui se déroule dans l’intimité de la cuve.

Evasion entre potes, on s’offre parfois un « billet de sortie ».

Le soir

 Le soir, avant le retour au bercail, les travailleurs plongent au Trou. En ce troquet du Carpon, rebelles ou sentimentaux, ils égrènent la rouge cerise et le frêle coquelicot.  Bon sang ne sachant trahir, les fils reprennent les ritournelles ouvrières. Sur le chemin de l’école, les mômes taquinent-haut les cœurs-les rigadins, curés et calotins. En ligue et en procession, les plus Vaillants des écoliers à tue- tête : « Ah, Cœurs-Vaillants, boîte à sardine ! » En bandes mouvantes, les sous fifres de Peppone et les brebis de Don Camillo s’affrontent à la sportive dans tous les coins et recoins des rings et stades, jusqu’aux cours d’écoles et caniveaux.

29.

Au-delà des douves, de la place Albert 1er et de l’Avenue Foch, s’ébroue « Brest-même ». Trolley ou trotte à pied ! Autres vies, autres motivations.  Avec ou sans col bleu, les gars de la marine inondent Recouvrance, les rues de Siam et Jean Jaurès.  En contrebas, « au port de », les charbonnages noircissent les quais et les brodequins. Les pêcheurs rêvent de filets de poissons argentés. Les dockers chargent et déchargent à dos d’homme. Face au bassin du Gaz, pêcheurs et ouvriers achèvent la journée de travail Au tout va bien. Rouge lim’ ou amélioré, un « coup de pif » pour se désaltérer.

Cet été, chroniqueur de la TSF, Georges briquet attise  les passions. Le tour de France se déroule du 30 juin au 24 juillet. si les grimpeurs Jean Robic, René Vietto, Apo Lazaridès et l’inattendu Jacques Marinelli emballent les ferveurs, les chevauchées fantastiques de  Fausto Coppi forcent l’admiration des capsuleurs. Fausto domine les deux contre-la-montre et largue tous ses adversaires dans les Alpes. Il triomphe à Paris avec près de 11 minutes sur Gino Bartali ! Ces faits d’armes enfouis dans les mémoires, la laïque de Traon-Quizac réunit à nouveau ses écoliers.
Patatras ! Sidération et tristesse. A quelques encablures de la Toussaint, le vingt-huit octobre devient à jamais synonyme de drame national. Marcel Cerdan meurt accidentellement… L’avion dans lequel il a pris place, percute en pleine nuit un pic des Açores au Portugal. Notre valeureux champion voyageait vers les  États-Unis dans le but de reprendre son titre à l’énigmatique Jake La Motta. Le taureau du Bronx campe loin derrière l’aura du superbe félin Sugar   Ray Robinson.  La cruelle disparition de Marcel brise nos rêves.  Sa victoire eût été notre victoire. Ah, la vie et ses mauvais tours d’ailes.


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CHŒUR DE PAIX

Heurts, malheurs, rires et sourires entremêlés, à Bouguenville,

Les mères se prénomment Céline, Germaine, Gina, Jeanne, Joséphine, Juliette Madeleine, Marcelle, Marguerite, Marie, Paulette, Renée, Romaine, Yvonne.

Elles croient au ciel ou n’y croient pas.

Le porte-monnaie des dames à voilette se présente bien garni ; celui des dames populaires se maintient plutôt maigrelet.

Toutes protègent de leurs tendres baisers leurs descendances adorées.

Mamans les plus douces du monde, les margotons de la rade éduquent leurs vaillants et 

Cœurs vaillants à la paix et Fraternité.

C’était autrefois, au milieu du siècle dernier.

C’était le temps de notre « Bouguenville ».

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RÉCITS DE LOUIS AMINOT

ILLUSTRÉS PAR GEORGIO

RETOUR EN BOUGUENVILLE

Monsieur Le Mée Lorient. Demande de renseignements concernant mes Parents

Quelques petites modifications dans les recherches de Monsieur Le Mée.
Son adresse pour pouvoir le contacter.
Son n° téléphone. Pour que les membres, Cousins, cousines, et autres puissent le rencontrer. Tisser des liens avec d’autres membres de sa famille, anciens voisins, de Brest, Quimperlé (Crêperie Ty-Coz, 7 rue DOM Maurice) 1930/1956,). La période dramatique 1939/1945 de ses Grands Parents. Son grand-père homme admirable, très estimé par ses pairs, engagé volontaire 1914/1918, 1939/1945, quatre fois médaillés Légion D’Honneur. Sous Lieutenant au célèbre Cadre Noir de Saumur, hussard, cavalerie 1918/1914. Formateur. Chef de gare à Quimperlé. FAE. Dessinateur industriel à Hennebont. Dénoncé pour faits de Résistance : réseau vengeance, Front Français, résistance Fer (Nuit et Brouillard) disparaîtra à Nordhausen, Caserne Boëlk, V 2, usine en Mars 1945.
Ce monsieur recherche depuis 40 ans, l’existence des siens.
Sur Brest, ses anciens voisins du quartier de baraques de l’Oncor.
Sur Quimperlé, les membres de sa Famille.
Et au niveau National des Renseignements.
Exemple : Brest Archives entreprise Le Joncour Paul, pour son père, décorateur paquebot Antilles, construit à Brest.
Merci pour lui.
Monsieur Le Mée Jean-Paul. Résidence Duquesne Manio. A rue de la Voûte, Lorient.
02/97/64/28/91.
Recherche à sa demande, avec son autorisation pour les renseignements ci-dessus. Recherche sans aucun but Lucratif, de ma part, juste pour rendre service à ce Monsieur.

    Mon père pierre René Marcel Le Mée, 26 mai 1927, Lamballe. Artiste – peintre, décorateur. Engagé volontaire front de Lorient. Maquis de Bannalec, Rosporden. ST Churien-FFI-Bataillon de marche, 2è compagnie, GTAEF 512 avec médaille guerre 1939/1945, Barrette Libération. Époux de Renée Camill Duvail née à Quimperlé 1927 (décembre) Mariage en 1946, (12 enfants)

 

 

 

Bonjour,
Je recherche pour retracer la vie de ma famille, des renseignements concernant la vie de ma famille, dans le quartier du Bouguen, entre 1950 et 1958. Une partie se situe à Brest (dans le quartier du Bouguen). Je ne connais pas l’adresse exacte.

Mon père. Pierre Le Mée, né en 1927. Qui avait rejoints le maquis, a participé au front de Lorient (pour la durée de la guerre) il s’installait ensuite à Brest.
Il était employé, comme graveur sur glace et décorateur, aux grandes miroiteries LE JONCOUR- PAUL. Mon frère Pierrick et moi, étions à l’école maternelle dans le quartier du Bouguen. (Pas de photos de classes). Mon père, avait dans ces année-là, une amie à la Mairie, Mademoiselle COMBOT. J’aurais vivement souhaité retrouver (des documents d’époques) photos, journaux, livres. Notre quartier était alors en pleine reconstruction. Les baraques américaines ont étaient démolies évidemment depuis. Ma mère y avait à cette époque des voisins et Amis. (Les familles Lacresse et Bonniven) dont les enfants étaient dans les mêmes classes que nous. 

 

                                                                                                                        Les Familles Lacresse et Bonniven   

J’aurais plaisir de rentrer en contact avec des membres de ces familles ! Pour relater ce passé, et peut être retrouvé des photos de nos familles. Un autre de mes frères est né à Brest en 1954. Jean Luc). J’ai eu des contacts avec la mairie (mais je comprends que le temps leur manque et qu’ils ne détiennent pas les archives de cette époque). Mes recherches, Brest Métropole Habitat, anciennement le service de relogement provisoire en baraques, mairie de Brest, l’association des amis du Bouguen, que j’ai mandaté pour essayer de retrouver des éléments de ma jeunesse. Monsieur Mérienne Yvon, ancien employé de l’entreprise Paul Le Joncour. Mon père travaillé aussi en cabine de sablage. il allait aussi aux répétitions du Bagad Brest Saint Marc, 1954/1955. Mon frère Pierrick né à Quimperlé en 1947, se rappelle les séances de cinéma, le Celtic, Select. Quand nous sommes arrivés sur Brest mon père nous a trouvé un logement rue Sébastopol (n° ?) près de son travail(1950).

D’après ma Mère, une habitation insalubre, suite aux bombardements) Nous étions comme beaucoup sinistrée, cela nous a permis d’avoir un logement dans le quartier de l’ONCOR AU Bouguen, nous trouvons des traces de notre passage dans les archives de Mr Perhirin Georges. J’ai le souvenir d’un camion de charbon et de petit-bois (bûchettes) avec de ligatures de fil de fer. Notre père avait décoré notre chambre sur le thème. Placid et Muso et Pif. Pif. Illustrés du Parti communiste de Brest (Humanité, Ouest –Matin, qu’il allait distribuer en fin de semaine avec sa cellule (Bouguen, ou zone la plus proche) ? à cette époque, le plus gros marchand de boissons, limonades, charbon de Brest (Étant sympathisant du P.C leur donnait de l’argent et prêtait ses camions.
Mon père sortait de la résistance (Maquis, Front de Lorient, 2e DB, rangers Bataillon GTEF.512. (Médaillé de l’ordre de libération) La Bretagne n’était libérée que depuis cinq ans en laissant d’affreuses cicatrices à vifs, dans la pierre et les hommes, dont mes Grands Parents, mes Parents, et même nous les enfants subissions encore les privations de cette guerre. Mon grand-père chef de gare F.A.E. à Quimperlé (SNCF) au moins depuis 1942, était dans la Résistance (agent de Londres) armes, émetteur récepteur, faux papiers organigrammes, sabotages, etc. Front national, Résistance Fer, à son domicile 7 rue Dom Motrice, quatre fois médaillés dont Légion D’honneur, dénoncé par quelqu’un de très proche ! Et le surveillant, d’après un interprète alsacien (Sauër) Feld kommandantur) qui a eu la lettre entre les mains et reconnu l’écriture (dossier, lettre au tribunal de Quimper avec simulacre de procès) sans doutes encore aux Archives départementales. Rue Henri-Bourde de la Rognerie. Quimper.

 
J’ai à plusieurs reprises fait des demandes de communication, ainsi qu’aux ministères des Armées, Archives de la défense à Versailles, tout cela sans résultats. 40 ans de démarches, sans parler, de nombreuses démarches afin de retrouver ses dossiers du Cadre Noir de Saumur 1919/1936 en plusieurs missions, avec un bureau en Seine- Centrale, sous lieutenant, cavalerie-hussard, engagé volontaire (1914/1918, là aussi, on m’a dit qu’il n’y avait plus rien, textuellement selon le bureau à Saumur du Président des amis du Cadre Noir, tout aurait disparu (censure ?) Alors que par téléphone l’ancien Président m’assurait que je recevrais dossiers, documents, photos en 2015/2016 que tout était conservé quel était ce bureau de recrutement à Paris ? Car il est marqué sur la seule feuille militaire, en ma possession, toutes ses campagnes, matricules, missions, même pendant son emploi SNCF, Quimperlé-Lamballe, qu’il quittait souvent pour ce bureau en Seine-Centrale, ou il est passé officier le 13/02/1936 (C.M. 12272- 2¬/10- F5em 29/11/35 et la CV 2248- 2/11, 24/02/1927, dans les années 35/38, petit mon Père l’accompagnait au cours de ses voyages, mon grand-père le déposait dans la famille à Paris.

 


Et pour finir cette recherche comme j’avance dans l’âge, je cherche des renseignements sur cette société, de Miroiterie, Le Joncour Paul, qui a fermé sans archives laissant à l’entreprise
SAPM a été créé en 1983 lorsqu’une partie des salariés de l’ancienne société Le Joncour ont racheté leur outil de travail pour créer une société coopérative de production, la SAPM, pour Société Armoricaine des Produits de Miroiterie. Situé 16 rue de l’eau blanche, à Brest, SAPM
Un autre miroitier de Guipavas ancien de Le Joncour Paul a aussi ouvert son entreprise.
Mes parents ont du quittés Brest en Catastrophe, et aussi la maison Le Joncour, fin 1958. pour rentrés sur Quimperlé 7 rue Dom Morice crêperie TY-COZ, malheureusement en laissant tout derrière nous, meubles, vaisselle, vêtements, papiers, la Mairie de Brest à l’époque a mit  au garde meubles, mais ou ? Mon père distribuait le dimanche des tracs pour la paix en Indochine, avec François Echardour, Edouard Mazé, Henri Martin, incarcéré, mon père se retrouvait souvent au commissariat du secteur ou il a connût quelques violences ! mon père a aussi gravé les grandes glaces du Paquebot, « Les Antilles » 12 signes du Zodiaque, un Chris en croix, ce paquebot de luxe baptisé à Brest en 52/53 ? A sombré le 8 janvier 1971, suite à un incendie (Iles Moustique).

  Mes grands-parents. Pierre et marie Louise -Cudon/le Mée (1938), et mon Père Pierre Le Mée né Lamballe 1927-rue De Brouin.

Fort du Bouguen, rempart face à la mer, 1955. Pierrick et Jean Paul le Mée, à gauche

Pierrick, Jean Paul: Le Mée. Bouguen Foyer Oncor/1954. Les deux à l’école de Traon -Quizac

Années 1954/1955. Brest Bagad Brest St Marc, Bombarde de Pierre Le Mée. JP à gauche- Pierrick à droite

  A locunolé, devant le commerce de Clémence Pézennec, née Duvail. Mariage en 1926. sur la photo( Tantes, Oncles, Grand/ Mère Duvail. Le Clanche. Briant De Botcozel (Gouiskett). Maman: Duvail/Le Mée, Renée. Camille est sa petite fille, donc mon arrière grand mère. avec les Rouat, de Moëlan/ Quimperlé.

Mes Parents. Mariage à Quimperlé 1946. 13 enfants, domicile, 7 rue Dom Morice.

 

 


 

 

 

 

QUARTIER DE BARAQUES DU BOUGUEN VILLE DE BREST PHOTOS

J’habite au Canada je recherche une partie de mes racines en France.

J’habite au Canada je recherche une partie de mes racines en France.

Je suis du Canada, j’ai habité en baraques et je recherche une partie de mes racines. J’habite le cœur de L’Acadie ça ressemble à la Bretagne (Mais ce n’est pas la Bretagne, mon Pays aussi)

Famille Fortier Francis, Claude, Yvette, Annick, et Michelle

Bonjour, quel bonheur d’avoir découvert votre site sur la vie en baraques dans la ville de Brest, cette vie qui fut la vie de milliers de familles Brestoises.

Je me présente, j’ai habité avec ma famille la baraque du Bouguen- centre la D 18.

Nous étions la famille Fortier, juste derrière notre famille c’était il me semble les Talabardon, et à coté la famille Meichel, derrière chez eux la famille Houdayer, avec un petit peu plus loin la famille Tréguer (Professeur). Mon père Robert Fortier n’a pas habité longtemps au Bouguen, car il est parti pour le Canada, et une fois installée dans la baraque. Nous avons dût arriver dans l’année 49/50 ? J’avais deux grandes sœurs Jacqueline devait avoir 12 ou 13 ans, mon autre sœur Colette sa cadette, moi je suis Michelle dans l’année 54/55 je suis tombé malade, et je suis resté une année sans aller à l’école. Je me souviens d’un lavoir, d’une marchande de laine (au sabot rouge). Nous avions une dame qui venait faire la lessive chez nous elle avait pour nom Dethé ? Avec une infirmité aux pieds, une personne très gentille donc je garde un très bon souvenir. Je recherche la famille Cottin, (Zézette, Bernadette Cottin).

Famille Fortier. En maillot noir Michelle Fortier à côté d’elle une copine Bernadette Cottin

La famille Meichel Bernadette. En clair je recherche les familles que j’ai connus au Bouguen pour éventuellement correspondre avec et pourquoi pas. La famille Lubin aussi Boucher au Bouguen. Quelques photos de cette époque. Mon adresse se trouve au siège de l’association des anciens d u Bouguen.

En manches courtes, sa mère madame Fortier avec son frère Claude. À côté avec des lunettes M et Me Meichel et la dernière fille (Bernadette) et derrière la sœur Jacqueline et à droite une Léostic ou Cosic.

Ma démarche contacter les familles de ma jeunesse.

Prendre contact avec l’association des Anciens du Bouguen.

Merci