Un énorme incendie au Bouguen – Poterne. Quatre baraques ravagées par le feu trois autres endommagées, Vingt sinistrés qui tous ont été relogés.

Article du 1 Avril 1970 du télégramme de Brest Un énorme incendie au Bouguen – Poterne (1 Avril 1970) C’était terrible sous les bourrasques de grêle et de vent : le feu sautait d’une baraque à une autre, des gens couraient en tous sens, qui portant un paquet de vêtements, qui traînant un matelas, qui ployant sous le poids d’un meuble. Des hommes s’acharnaient à ouvrir la porte d’une maisonnette en flammes pour sauver également son contenu. Ces scènes où l’angoisse se mêlait à la solidarité, où l’élan du cœur faisait fi au danger, ont été vécues par des dizaines des centaines de Brestois, des hommes, des femmes, des enfants du quartier du Bouguen où, hier, à l’heure du déjeuner, un incendie, d’une rare violence, a détruit complètement quatre baraques et endommagé une cinquième. Trois maisonnettes brûlées étaient habitées. Toutes les mesures ont étaient prises pour reloger leurs habitants dont la détresse faisait peine à voir. Devant le développement rapide de l’incendie et les risques d’extension qu’il faisait peser, des voisins n’ont pas hésité à déménager tous leurs meubles et leurs affaires. Sous la grêle qui tombait drue et le vent qui fouettait les visages, une chaine se forma pour entasser en hâte au milieu des ruelles voisines le mobilier de quatre autres baraques auxquelles le feu s’était communiqué en même temps, un épais nuage de fumée montait du brasier et s’étendait sur la ville en direction de l’arsenal.   Un crépitement sec couvre la voix des postes de radio.   Dans les pitoyables baraques du Bouguen – Poterne, juste derrière la Faculté des Sciences, les familles déjeunaient tout en écoutant la radio, ou en regardant la télévision. << C’était l’heure des 1000 francs>>, dira un homme au visage et aux mains noircies par la fumée. Il était un de ces nombreux sauveteurs bénévoles qui ont tout fait pour aider les familles en détresse à sauver leurs pauvres meubles et leurs gardes – robes. Soudain un crépitement sec couvrit la voix des radios. Une flamme monta brusquement vers le ciel gris. Aussitôt un cri retenti : <<Le Feu>>. Des baraques serrées les unes contre les autres, uniquement séparées par des allées de deux ou trois mètres de large jaillirent leurs occupants. Le feu dévorait à ce moment – là la baraque C-12, une baraque en bois comme toutes les autres, actuellement inoccupée, personne n’ayant succédé à Mme Le Gall, son ancienne locataire. Ce fut alors rapide, fulgurant. Le vent se leva et rabattit des flammes vers les baraques les plus proches qui s’embrasèrent à leur tour. Le feu à l’Université A la caserne, avenue Foch, les sapeurs – pompiers virent arriver vers eux un homme essoufflé : << il y a le feu à l’université>>, leur dit – t’il. En effet, une traînée de fumée montait des toits de la direction du Bouguen où se trouvent les principaux bâtiments universitaires. Avec plusieurs véhicules de secours dont la grande échelle, les pompiers partirent sur le champ. Pendant ce temps, au Bouguen – Poterne, des personnes s’évertuaient à trouver un téléphone pour demander des secours. Le seul café possédant un téléphone était fermé. Fort heureusement l’alerte avait déjà été donnée par un inconnu. Se dirigeant dans la direction de la fumée, qui semblait provenir d’un bâtiment à l’arrière de la Faculté des Sciences, une première voiture des pompiers entra dans l’enceinte de cet établissement. Elle se heurta à une barrière métallique et dut rebrousser chemin. Quand aux autres véhicules, ils parvinrent directement sur les lieux où, devant l’importance du sinistre, le chef de bataillon Le Gallo, commandant le corps des sapeurs – pompiers, qui était à la tête de ses hommes, ordonna l’intervention de renforts. On pouvait effectivement, redouter le pire. Tassées les unes contre les autres, construites en bois aussitôt après la guerre, toutes les baraques du quartier constituaient un aliment de choix. En outre, le vent attisait les flammes en direction du centre du lotissement. Toutes les conditions étaient donc réunies pour que la situation tourne à la catastrophe. Plusieurs centaines de personnes vivent dans ces baraques qui forment, hélas ! un bidonvilles, l’un de ces bidonvilles nés de l’après guerre . Unis dans le même effort L’important matériel mis en œuvre par les sapeurs pompiers, l’aide spontanée apportée par les hommes pour faciliter la tâche des sauveteurs – on vit des enfants aider au maintien des tuyaux – parvinrent fort heureusement à contenir la progression du feu. Pendant que les baraques flambaient comme des torches, des habitants du quartier continuaient à tenter d’arracher le mobilier qu’elles contenaient, au péril de leur vie. Malheureusement, le courage dont firent preuve les uns et les autres n’empêchèrent pas deux baraques de brûler entièrement avec leur contenu. Ainsi, M Henri Crouzet qui demeurait seul dans sa baraque D – 13, a tout perdu dans l’incendie. Il se trouvait chez un voisin quand le sinistre éclata. C’est un sort identique qui a frappé Mme Yvonne Henrycks. Cette jeune femme à la santé précaire vit seule avec ses deux enfants, Pascal et Sylviane, dans la baraque C – 8. Elle n’a pu sauver que sa gazinière. A force de privations elle s’était constituée un petit intérieur. La baraque C – 7 contiguë à la précédente a également été la proie la proie des flammes. Elle était habitée par Mme Henriette Corday et ses enfants. La Quatrième baraque détruite, immatriculée C – 11, était vide depuis le départ de Mr Priser. L’aide des pouvoirs publics Bien entendu, ayant perdu leurs maigres biens dans l’incendie, toutes ces personnes sont au bord du dénuement le plus complet. Il est à souhaiter que la générosité coutumière des Brestois se manifeste en leur faveur. Les services officiels ont en tout cas, tout mis en œuvre pour leur attribuer des secours et des meubles. Le sous – préfet a fait débloquer des fonds spéciaux. Le bureau d’aide sociale de la ville a pris les mesures de son ressort. En outre, la délégation départementale de l équipement par l’intermédiaire de M. Madec. A attribué des logements aux sinistrés. Des mesures de relogement ont été prises également, nous a – t – on dit, pour les occupants des baraques endommagées par le feu. Aux dégâts qu’elles ont subis s’ajoute le fait que certaines de leurs fragiles parois ont été arrachées pour permettre l’évacuation du mobilier. En définitive, cet incendie touche une vingtaine de personnes. Une cigarette mal éteinte ? Les causes du Feu ? Tout d’abords- tous les témoignages concorde à ce propos, l’incendie a éclaté dans la baraque C – 11. C’est de cette baraque qu’ont jailli les premières flammes. Inoccupée, elle est toute fois le lieu de rendez – vous de jeunes gens et d’enfants du quartier. Aussi ses habitants n’hésitaient ils pas à assurer que ceux – ci auraient pu jeter une cigarette mal éteinte sur le parquet. Cette hypothèse semble être retenue par les enquêteurs. Celle d’un court circuit est rejetée, le courant étant coupé dans la baraque depuis le départ de son dernier occupant. En tout cas, une enquête est ouverte. Sur les lieux, se sont rendus MM. Tanguy et Holley, adjoints au maire, et M Le Dœuff, secrétaire général de la sous – préfecture. On notait également la présence de deux représentants de la G. G. T. MM Echardour et Tournellec. Un appel du syndicat du bâtiment et des travaux publics G. G. T Les délégués du personnel, réunis hier en assemblée à 16 Heures, demandent aux travailleurs du bâtiment et des travaux publics d’apporter leur soutien moral et matériel aux personnes sinistrées au Bouguen (incendie). Demandent aux autorités de prendre les mesures afférentes à leurs responsabilités, tant en ce qui concerne leur relogement que les dispositions d’hébergement immédiat. Les familles de travailleurs ont tout perdu dans ce sinistre. Le Syndicat du bâtiment et des travaux publics de Brest proteste contre le fait qu’il puisse exister de nos jours des baraques montées à la libération. Considère qu’il est inconcevable alors que l’on licencie dans plusieurs entreprises du bâtiment, que certaines couches de la population n’aient pas le droit au logement en dur limitant les risques d’incendie et permettant des conditions de vies meilleures. Travailleurs du bâtiment, des travaux publics, la lutte de tous doit contraindre et contraindra nos employeurs à payer des salaires décents, donnant à tous, la possibilité de vivre et de se loger décemment, et aussi la <<société nouvelle>> à tenir compte que celle – ci ne dispense pas ses promoteurs des responsabilités qui sont les leurs.

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