La Cité du bonheur n’a pas détrôné les baraques

Photo la cité du Bouheur

Article du Journal de Ouest- France de Brest

Dans leur local de Kergoat, Maurice Merour, Olivier Le Coq, Francis Taane, Georges Perhirin et Jean-Pierre Le Roi présentent une maquette des baraques du Bouguen. 

Ils ont connu la transition entre la vie en baraques et en appartements tout confort. La ville nouvelle n’a jamais remplacé la chaleur d’antan.

Kergoat, Kerhallet, Quizac, Lanredec, le Bergot… Et un centre principal, Bellevue, qui donnera son nom à l’ensemble. Brest II, la ville nouvelle, prend naissance dans les années soixante sur le plateau du Bouguen. Pour éviter une trop forte concentration de la population, le plan de la Zup (Zone à urbaniser par priorité) de l’architecte Henry Auffret est conçu sous forme d’ilôts que les habitants revendiquent aujourd’hui comme autant de quartiers dont le centre s’est avec le temps, de plus en plus affirmé place Napoléon III, où convergent commerces, marché hebdomadaire, patinoire et institutions.

<< Chez eux >>

<< L’intelligence du plan, la qualité des équipements, l’effort réalisé en faveur des espaces verts en font une réussite>>, pouvait-on lire dans l’histoire de Brest éditée par L’UBO en 2000. Une appréciation confortée au point de vue des habitants aujourd’hui.

Catherine Rolland,  48 ans, est de ceux qui, nés à Bellevue, en sont partis, avant de revenir car c’est ici qu’ils se sentent chez eux. << J’y ai tous mes repères, explique l’auxiliaire de vie sociale, même si je regrette la convivialité d’autrefois. >> L’époque où l’on pouvait aller se dépanner en sel chez le voisin qui ne s’en étonnait pas.

Son Bellevue, à Catherine, c’est Kergoat après le déménagement de la baraque en 1968. Celui de ses souvenirs d’enfant où, avec les autres gamins, elle sillonnait le quartier en patins à roulettes. Celui de la piscine découverte de tréornou et de la toute première patinoire. << Nous les filles, on jouait à la poupée au bas des immeubles. >>

Déracinement

Il faudra attendre 1975 pour voir disparaître les dernières baraques. Les Amis du Bouguen (et du Polygone) n’ont pas de mots assez tendres pour décrire le passé. Pour Maurice Merour, Olivier Le Coq, Francis Taanne, Georges et Marie Claire Perhirin et Jean Pierre le Roi, <<les cités du bonheur ou de la modernité>> ne correspondent pas à leurs attentes. << Cités dortoir, sans aucune convivialité, cités bruyantes, de non droit, cités de commerce souterrain. >> Le verdict de Georges est sombre. Dans la rupture avec les baraques de leurs jeunes années, ils ont ressenti, eux qui n’ont jamais quitté Brest, <<un déracinement>>.

La convivialité, c’est ce qui manque à ces habitants qui ont connu l’époque où Roger, le facteur, apportait les allocations familiales. <<Il traversait le quartier à pied et personne ne l’aurait agressé car tout le monde l’attendait. >>

Francis raconte : Nous les gosses, on était toujours surveillés par des adultes, l’instituteur, le curé, nos parents, ceux des autres. >> C’était l’époque de la toilette à la bassine, du linge au lavoir et de la télé en location quand <<les voisins mettaient des sous chacun à tour de rôle pour regarder, ensemble, trente-six chandelles ou Au théâtre ce soir>>

Services de proximité

L’arrivée dans les appartements neufs a été bien vécue au début. <<Parce que c’était plus grand que nos baraques et qu’il y avait tout le confort. Mais très vite on a compris que désormais ce serait chacun chez soi. >>  Philippe Chagniot, qui collabore au Journal de quartier de Bellevue, n’a pas connu les baraques. Pour lui arrivé avec un œil neuf, le quartier <<a été considérablement embelli, la quasi-totalité des immeubles du parc a été rénovée et le ravalement donne de la couleur>>. Au fil du temps, les cheminements se sont aussi améliorés :<<il y a une dizaine d’années, l’entrée de quartier a été redessinée avenues LE Gorgeu, et de Tarente, ce qui a permis, avec le réaménagement de la place Napoléon III de renforcer  l’identité du secteur. >> Le Bellevusien assure se trouver bien dans son quartier <<où l’on vit agréablement avec, à proximité de chez soi, tout ce dont on a besoin au quotidien, au niveau commerce et santé>>. L’un des objectifs qui aura été atteint par l’architecte de la ZUP.

 

 

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