Dans les années 50 sur la plaine de Kérangoff, comme dans d’autres quartiers de baraques, les enfants passaient de la théorie à la pratique, parfois au péril de leurs vies, mais leurs exploits, restent à jamais gravés dans les mémoires.
Histoires de la Plaine
Le Parachutiste
Marcel habitait vers le milieu de la plaine de Kérangoff, dans les baraques. C’était un garçon actif et téméraire : Marcel ne craignait rien ni personne. Il accomplissait ses prouesses dans les forts militaires qui bordaient la plaine à l’ouest. Ces forts étaient le terrain de jeux privilégié des gamins de Kérangoff.
Un jour, sur le premier fort, vous savez bien celui le plus au sud et qui disposait en son sommet d’un ancien poste de D.C.A. en béton, donc sur ce fort Marcel sautait du mur du poste de D.C.A. en tenant au-dessus de la tête un grand parapluie noir. Le mur n’était pas bien haut, de l’ordre d’un mètre et, en plaisantant, nous, les spectateurs, nous fîmes remarquer à Marcel qu’il ne prenait pas de gros risques. Ce à quoi Marcel répondit que nous pouvions toujours rire, mais qu’il s’entraînait au saut avec le parapluie afin d’aborder des hauteurs plus ambitieuses et de plusieurs mètres car le parapluie, disait-t-il, devrait ralentir suffisamment la chute et le préserver de la casse à l’atterrissage.
- Du haut du fort
- Sur la gauche le Lavoir, la photo est prise du 2ème fort
– D’ailleurs, pour le prouver, il voulait nous faire dès le lendemain une démonstration en sautant du haut de la façade du deuxième fort qui présentait une face verticale de cinq à six mètres.
Bien entendu, le lendemain nous étions tous présents pour assister au grand saut du parachutiste : Marcel se présenta à l’heure dite, prit position au sommet du fort, ouvrit le grand parapluie noir et s’élançât…
Il s’est réveillé à l’hôpital avec des contusions multiples et, seulement, une jambe cassée : Le parachute du parachutiste s’était retourné en plein vol…
P. Roud.